La littératie financière, un outil pour lutter contre la précarité étudiante ?
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Article rédigé par Marina Touré — Cheffe du pupitre Actualités
Le mois de novembre est celui de la littératie financière, soit la connaissance de la finance personnelle. Que ce soit le crédit, les opérations bancaires ou l’établissement de budgets, la connaissance de ces différents sujets amène à prendre des décisions financières plus éclairées.
La littératie financière peut permettre aux étudiant.e.s de terminer leur programme en limitant les dettes qu’ils.elles auraient accumulé autrement, annonce Leela Roberts, étudiante de 4e année en finance, mathématiques, et économie à l’Université d’Ottawa et membre de l’organisation Penny Drops. Avoir une bonne connaissance de ses propres finances permet de savoir comment organiser ses dépenses et de garder un équilibre entre les nécessités, se nourrir, payer son loyer et les frais de scolarité, ainsi que les autres envies personnelles, explique-t-elle. Grâce à la littératie financière, « les étudiant.e.s peuvent apprendre à utiliser leur argent efficacement, ce que bien souvent ceux et celles en première année n’ont pas l’habitude de faire seul.e.s », poursuit-elle .
Un outil essentiel
Comme l’explique Miwako Nitani, professeure adjointe en finance à l’École Telfer, la littératie financière est souvent associée à un certain niveau d’éducation. Avoir un bon niveau de connaissance financière peut ensuite aider à prendre des décisions de manière optimale, énonce-t-elle. Pour Roberts, bien comprendre les notions de budget, de fonctionnement d’un compte bancaire et d’une carte de crédit est très important. Ce sont, selon elle, des outils essentiels pour tou.te.s les étudiant.e.s qui commencent à travailler et à vivre seul.e.s.
La littératie financière permet aussi, poursuit la professeure Nitani, de s’assurer une bonne vie future. Comprendre ses propres finances aide à faire de bons choix au niveau de la retraite, ou encore dans l’achat d’une maison. Un avis partagé par Roberts, qui estime qu’une bonne connaissance de ses finances permet aussi de lutter contre l’anxiété financière.
Cela n’est toutefois pas toujours compris par tou.te.s. Partageant les résultats de sa recherche sur la littératie financière et son impact sur les comportements des Canadien.ne.s, Nitani remarque que les personnes qui sont dans des positions de pouvoir, soit là où il devrait y avoir de très bonnes connaissances financières, ont un niveau plutôt inquiétant. Pour y remédier, il faut selon elle s’éduquer le plus tôt possible, mais aussi aider les autres, ce que Roberts tente de faire dans son travail à Penny Drops, une organisation permettant aux étudiant.e.s universitaires ou à l’école secondaire d’assister à des leçons sur des sujets comme le crédit, le budget et les actions.
La réalité reste tout de même qu’il est facile d’accumuler les dettes, surtout à l’université, mentionnent les deux sources. Celles-ci peuvent prendre plusieurs formes, que ce soit des prêts étudiants, des factures de carte de crédit non payées ou des dépassements de dates limites de paiement, instruit Nitani. La littératie financière peut aider à mieux s’organiser face à ces dépenses, mais comporte néanmoins des limites dans certaines situations, ajoute-t-elle.
Réalité contrastée
La recherche de Nitani lui a permis d’observer qu’il existe des barrières cognitives qui ne permettent pas aux personnes de penser à la littératie financière quand ils.elles sont dans des situations de pauvreté : « la littératie financière n’aide pas dans ces situations-là ». Il peut être difficile de penser à faire un budget, ou même à payer ses factures de carte de crédit à temps, quand on n’a pas vraiment d’assurance sur ses finances, avoue-t-elle.
Roberts dévoile que c’est l’une des choses qui l’a poussée à s’investir dans Penny Drops : la possibilité d’aider le plus tôt possible d’autres étudiant.e.s et de donner des ressources qui peuvent faciliter la gestion financière, peu importe la situation dans laquelle on se retrouve. Cependant, elle ne peut nier qu’il peut être très difficile, surtout au départ, de faire un suivi de ses finances. « Cela peut faire peur et intimider au début, il faut juste y revenir au fur et à mesure » conseille-t-elle.
Dans le même sens, Nitani confie qu’il est difficile pour elle de trouver comment intéresser les étudiant.e.s à la littératie financière, « parfois ils détestent les chiffres et ne veulent pas voir une équation », constate-t-elle. Elle encourage les efforts de Penny Drops qui offre des cours et des leçons pour aider les autres étudiant.e.s. Pour Roberts, il est essentiel de persévérer afin de fortifier ses connaissances, même si cela peut être difficile au début. Le fait même de faire un suivi de ses dépenses est le premier pas pour réduire l’anxiété tout en mettant en place des habitudes qui fonctionnent pour chacun.e, conclut-elle.