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Éditorial

La lumière au bout de la file d’attente du U-Pass

Web-Rotonde
5 septembre 2016

Éditorial

Par Frédérique Mazerolle

Ah, la rentrée. L’air est plus frisquet, les feuilles changent tranquillement de couleur, l’odeur des hot-dogs vendus devant le pavillon d’Hamelin font saliver, les chants de la Semaine 101 résonnent dans vos oreilles et le campus semble avoir été envahi par des bout’chous en t-shirts blancs décorés de messages écrits au marqueur permanent. Voilà à quoi ressemble la rentrée à l’Université d’Ottawa.

Si vous n’êtes pas nouveau sur le campus, vous connaissez déjà bien la routine. Comme à chaque année, vous faites votre chemin vers le Centre universitaire pour aller chercher votre laissez-passer universel, U-Pass. Vous savez déjà que la file sera longue, c’est n’est pas un secret. Par contre, rien n’aurait pu vous préparer à l’ambiance de jungle qui règne au Centre universitaire depuis le début de la période de distribution.

Consternation généralisée
Des étudiants partout. Dans le salon étudiant, dans le sous-sol du pavillon Morisset, même devant le Pivik et parfois à l’extérieur du Centre universitaire. Tous et toutes portent le même air hébété. Seulement huit stations sont disponibles pour s’inscrire. La durée d’attente? Difficile à dire, mais elle peut aller jusqu’à six heures.

Ce n’est qu’une question de minutes avant que les étudiant.e.s ne décident de prendre d’assaut les médias sociaux pour exprimer haut et fort leur frustration face à cette situation à la fois ridicule et désespérante. Pour un observateur étranger aux coutumes ottaviennes, une telle colère peut paraître bien trop grande, bien trop enflammée et bien trop profonde pour se résumer uniquement par l’incident U-Pass. Où se trouve donc la source de toute cette furie ? La réponse n’a en fait que peu à voir avec les files d’attente qui s’étirent jusqu’aux limites de la Terre. Elle apparaîtrait plutôt dans les mesures d’austérité imposées par la Fédération étudiante (FÉUO) avec l’adoption de son nouveau budget, le 16 août dernier. Coupures ici, coupures là. Et oui, la distribution de la U-Pass est également passée au coiffeur, pour se faire raser au ras de la peau. Ce genre de discours n’a, depuis quelques mois, rien de nouveau.

Depuis mars dernier, on guette les faits et gestes de la FÉUO. C’est en mars justement qu’a eu lieu la réunion d’urgence à laquelle le Conseil d’administration a été invité pour discuter du sort financier précaire de la Fédération. La seule solution viable, semblerait-il, s’est avérée être la coupure de 24 emplois pour la saison estivale. Ces coupures ont été suivies d’un arrêt complet du financement accordé aux clubs, de plusieurs postes non-comblés, d’une Semaine 101 sans sous, de membres de l’exécutif toujours payés 30 000$ par année et d’étudiant.e.s fâché.e.s, très fâché.e.s.

Le début d’une longue et pénible débâcle à la FÉUO
Retour au U-Pass et la file d’attente interminable qui se pose devant vous. Vous êtes fatigués, vous avez faim et vous voulez sûrement partir.

Mais s’il on vous disait que ces heures pourraient se transformer en années, vous en diriez quoi? Où est la limite de la patience estudiantine ? Combien d’heures d’attente faudra-t-il pour que le vase déborde ? Peu seraient prêts à se rendre au bout de la ligne, n’est-ce pas? Plusieurs perdraient non seulement leur sang froid et leur patience, mais également leur confiance.

Et bien, ce fiasco qu’est la distribution du U-Pass, qui se méritera sûrement le surnom affectif du U-Passgate dans un futur proche, ressemble bien étrangement à la situation actuelle qui oppose la FÉUO au corps étudiant. Scandale après scandale, les étudiants deviennent de plus en plus réticents à l’idée d’accorder leur temps et leur argent au gouvernement estudiantin. Cette réticence, qui se manifeste de plus bel alors que le tout, ou presque, se passe derrière rideaux fermés et huit-clos, touche les étudiant.e.s, les employé.e.s, et même parfois les membres de l’exécutif, actuels et anciens.

En entrevue avec La Rotonde le 11 avril dernier, Adam Gilani, ancien vice-président au finances de la Fédération étudiante, nous a volé les mots de la bouche quant à l’avenir de la FÉUO. « Je pense que les décisions qui ont été prises par l’exécutif ne sont pas viables au long terme. Dans quelques années, le problème va revenir. » Si c’est bien le cas, les étudiants devront se préparer à des files encore plus longues, sans espoir de voir la lumière au bout du tunnel.

Faudra-t-il un miracle pour raviver la confiance des étudiant.e.s, des employé.e.s ou même de l’exécutif pour la FÉUO, ou est-ce cause perdue? Seul le temps pourra nous le dire.

 

 

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