La nouvelle ligne d’appel téléphonique d’urgence : une solution à la crise des services de santé mentale ?
Crédit visuel : Marina Touré – Co – rédactrice en chef
Article rédigé par Jacob Hotte – Journaliste
Le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) estime qu’un.e Canadien.ne sur deux à couramment ou à déjà été atteint.e d’une maladie mentale avant l’âge de 40 ans. En 2021, le conseil municipal de la Ville d’Ottawa a donc décidé d’adopter un Plan de sécurité et de bien-être. La première phase de ce projet compte le projet d’une ligne d’appel qui servirait d’alternative au 9-1-1 pour les appels liés à la santé mentale. Celle-ci est actuellement en attente d’approbation par le conseil. Cette initiative parviendra-t-elle à améliorer la situation des Ottavien.ne.s ?
Une situation négligée
Tim Aubry est professeur de psychologie et chercheur principal au Centre de recherche sur les services éducatifs et communautaires de l’Université d’Ottawa (U d’O). En touchant sur la question des services et des ressources déjà offerts aux citoyen.ne.s d’Ottawa, il explique qu’une grande partie du problème d’accessibilité de ces ressources est lié à la capacité limitée. Selon lui, il n’y a pas assez de services offerts en santé mentale pour remplir la demande à Ottawa, surtout en ce qui concerne le système public. Le professeur de psychologie précise que le problème s’étend à la majorité du pays, étant donné que le Canada est un des pays développés qui investit le moins en santé mentale.
Partageant le même avis, Allison Ouimet indique que les services de soutien en santé mentale offerts par le secteur public « n’existent presque pas ». Selon la professeur associé en psychologie à l’U d’O, ce n’est qu’en se tournant vers les services privés qu’on pourrait finalement trouver des ressources pouvant répondre aux besoins de la population, en évitant les nombreuses files d’attente. Pour ceux.celles n’ayant pas accès à une assurance privée, la professeure de psychologie souligne que l’accessibilité à ces services pourrait être un défi.
Un projet trop optimiste ?
Au sujet de l’efficacité du projet proposé, Ouimet exprime ses doutes face au véritable potentiel de la ligne d’appel. Selon elle, des lignes d’appels en santé mentale existent déjà. La professeure explique que ces alternatives peuvent s’avérer utiles pour plusieurs. Les recherches réalisées à ce sujet démontrent qu’en majorité, c’est un groupe spécifique qui s’en sert réellement, soit les jeunes femmes. Elle ajoute que même s’il est important que ces jeunes femmes aient accès à ces services, la majorité de la population n’en bénéficierait pas réellement.
Pour Aubry, la ligne d’appel serait un projet nécessaire à implanter à Ottawa, étant donné que plusieurs autres villes, dont Toronto, l’ont instauré de manière officielle. Malgré cela, il précise aussi que de telles lignes téléphoniques existent via L’Hôpital d’Ottawa. Ce dernier insiste sur l’importance de l’accessibilité de ces programmes, en expliquant qu’ils peuvent apporter un réel changement et soutien aux premier.ère.s intervenant.e.s, comme la police, en aidant à l’intégration des spécialistes en santé mentale dans des situations d’urgences.
Un pas dans la bonne direction ?
Aubry éclaircit que ce projet pourrait réellement venir alléger les responsabilités des premier.ère.s intervenant.e.s, un élément nécessaire à évaluer. Selon lui, investir davantage dans les services publics, dont ceux en santé mentale, pourraient aider la Ville à économiser.
Le chercheur explique, néanmoins, qu’il est trop tôt pour savoir si cette ligne d’appel pourra apporter un réel changement dans la qualité de vie des Ottavien.ne.s. Aubry estime qu’il est nécessaire de mettre en place et d’analyser son fonctionnement afin de pouvoir connaître la véritable réponse à cette question.
Pour Ouimet, même si l’initiative n’est pas un « mauvais pas » vers une meilleure situation, il ne s’agirait pas de la solution la plus efficace à explorer. De son point de vue, la ligne d’appel agit comme pansement au réel problème. La professeure indique que des solutions à long terme devraient être proposées afin de pouvoir réaliser un réel changement de l’état de la santé mentale à Ottawa.
Si vous vous sentez en détresse, ou ressentez le besoin d’être aidé, vous pouvez accéder aux ressources de l’U d’O sur la page du SASS, ou contacter les numéros suivants :
Ligne de crise d’Ottawa 613–722–6914 ou 1–866–996–0991
Ottawa Mental Health Crisis Line (24 h) 613–722–6914
Ligne de crise 24/7 du Bureau des services à la jeunesse 613–260–2360
Tel-aide Outaouais (de 8 h à 24 h) 613–741–6433 / 819–775–3223
Jeunesse J’écoute (24 h) 1–800–668–6868
Tel-Jeune (24 h) 1–800–263–2266
Allo j’écoute (24 h) 1–866–925–5454