Crédit visuel : Marie-Ève Duguay – Rédactrice en chef
Article rédigé par Dawson Couture – Chef du pupitre Sports et bien-être
Lors de la pandémie de COVID-19, le pourcentage de Canadien.ne.s ayant recours aux médicaments pour soulager leurs problèmes de santé mentale a augmenté. Il n’est pas surprenant que la consommation de médicaments sur ordonnance, et surtout d’antidépresseurs, ait monté de façon vertigineuse lors des périodes de confinement. Si la majorité des étudiant.e.s doivent se fier au régime d’assurance médicale du Syndicat des étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa (SÉUO), plusieurs dénoncent son insuffisance à couvrir leurs besoins de base.
Un problème d’ordre provincial
L’Université d’Ottawa (U d’O) enrôle automatiquement les étudiant.e.s à son propre régime de soins de santé – StudentCare pour les étudiant.e.s de premier cycle et Greenshield pour les diplômé.e.s – afin de couvrir les frais d’ordonnances. L’adhérence à ce régime complémentaire empêche donc les étudiant.e.s d’accéder à la couverture provinciale pour l’assurance-médicaments. Le 1er avril 2019, le gouvernement de l’Ontario a décidé de supprimer la couverture offerte aux jeunes adultes et enfants déjà couverts par une assurance privée. Cela signifie que la plupart des étudiant.e.s de l’U d’O n’ont pas accès à des ordonnances gratuites et doivent se contenter du régime négocié par le SÉUO.
Un.e étudiant.e qui a désiré rester anonyme s’est rendu sur Reddit pour dénoncer la couverture médicale de l’assurance étudiante, qu’iel a qualifié « d’extrêmement insuffisante pour mes besoins ». Iel témoigne du sentiment d’avoir été pris.e au piège et de n’avoir « aucune alternative viable à l’assurance maladie étudiante actuelle ». Tierney Kist, étudiante de troisième année en sciences environnementales à l’U d’O, partage ce sentiment. « Il doit y avoir de meilleures options, plus d’options et plus de soutien pour les étudiant.e.s en général », affirme-t-elle.
Maisy Elspeth, étudiante de deuxième année en sciences biomédicales à l’U d’O, a été récemment élue au SÉUO en tant que Commissaire à la revendication. Selon elle, la couverture des frais d’ordonnances est « inadéquate pour répondre aux besoins des étudiant.e.s ». Elle témoigne de la « privatisation rampante » sous le gouvernement Ford qui oblige, selon elle, les entreprises comme StudentCare à combler les lacunes du système provincial.
Les chiffres à la loupe
Les trois témoins affirment qu’iels n’étaient pas au courant de la couverture médicale de l’U d’O avant de s’enrôler. Pour les étudiant.e.s de premier cycle, StudentCare couvre les médicaments sur ordonnance à hauteur de 80 % et d’un plafond annuel de 1 000 $, alors que les Ontarien.ne.s ont dépensé en moyenne 1 214 $ par personne l’année dernière. « L’idée que je vais devoir payer 2,000 $ de ma poche pour des médicaments sur ordonnance chaque année afin de ne pas mourir me fait voir rouge… », a déclaré l’étudiant.e anonyme sur Reddit.
Le programme d’assurance maladie de l’U d’O est d’autant plus insuffisant, selon cet étudiant.e, lorsque comparé à celui des autres universités ontariennes. Selon iel, alors que les étudiant.e.s de l’U d’O paient 119,07 $ par an pour leur couverture, le programme d’assurance maladie de l’Université Carleton coûte 134.50 $ par an, mais couvre un maximum annuel de 5 000 $ pour les médicaments sur ordonnance, tout en offrant des services similaires. Quant à l’Université Queen’s, leur programme couvre également 5,000 $ de médicaments sur ordonnance, et offre des services supplémentaires pour un coût annuel de 149.44 $. « Si d’autres universités ont une couverture adéquate pour un coût similaire ou moindre, pourquoi pas nous ? », s’interroge l’étudiant.e.
Elspeth note que l’un des grands inconvénients du programme StudentCare est qu’il ne couvre que 300 $ pour l’achat de produits contraceptifs (soustraits du plafond annuel de 1,000 $). Selon elle, cela ne couvre que la moitié des coûts associés à ses propres moyens de contraception, ce qui l’oblige à payer 300 $ de sa poche et ne lui laisse que 700 $ pour assumer le coût de ses autres médicaments. Elle déclare que le plan actuel ne répond pas à ses besoins en tant que femme et étudiante handicapée. « C’est très inéquitable pour les personnes qui courent le risque de tomber enceintes et cela punit en fait les étudiant.e.s qui ont fait le bon choix en se protégeant », affirme Elspeth.
Des changements à l’horizon ?
L’année d’assurance actuelle pour la couverture StudentCare se termine le 31 août 2023. Pour l’étudiant.e anonyme, c’est l’occasion pour le SÉUO de négocier un « meilleur accord ». Iel soutient que c’est la responsabilité du Syndicat de fournir aux étudiant.e.s le meilleur fournisseur d’assurance pour l’argent que ceux.celles-ci dépensent, « ce qui n’est pas le cas avec le plan actuel ». « Il est important que les étudiant.e.s aient accès à des soins de santé abordables, et j’espère que le syndicat étudiant prendra cette question au sérieux », ajoute-t-iel.
Bien que l’initiative du SÉUO soit déterminante dans la création d’un nouveau plan, Elspeth affirme que le corps étudiant sera responsable de voter pour accepter des changements par le biais d’un référendum. Elle est convaincue que les nouveaux.elles membres du conseil d’administration et de l’exécutif « seraient absolument prêt.e.s à faire avancer ce dossier ». Cependant, la Commissaire à la revendication estime qu’il est impératif que les étudiant.e.s s’impliquent dans les affaires syndicales, notamment en s’adressant à leurs représentant.e.s au conseil d’administration, pour effectuer un réel changement.