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Opinions

La Rotonde, c’est quoi ?

Rédaction
8 mai 2021

Crédit visuel : Valérie Soares — Photographe 

Chronique rédigée par Caroline Fabre — Rédactrice en chef

41 éditoriaux, 32 horoscopes, 14 dernières heures, 10 articles, 8 chroniques. Après trois ans de bons et loyaux services au sein de ce cher journal étudiant, nos chemins se séparent en ce 8 mai 2021. Et depuis trois ans, la même question : La Rotonde, c’est quoi ?

La Rotonde, c’est le sentiment d’impuissance d’un petit journal étudiant indépendant, francophone, qui plus est. C’est la cohésion d’une équipe qui lutte pour faire connaître et revendiquer ses droits, et informer la population étudiante de l’U d’O des siens. C’est aussi des rencontres incroyables et des amitiés formidables, dans ce vieux bâtiment du 109 rue Osgoode qui grince lorsqu’un camion passe dans la rue adjacente.

La Rotonde, c’est mon premier emploi, celui qui m’a beaucoup appris. C’est mes premiers pas dans le monde du journalisme. Mes premiers textes publiés. Mes premières utilisations d’Adobe InDesign, et mes premières crises de nerfs sur ce logiciel tout droit sorti des entrailles du diable. J’ai rejoint l’équipe de La Rotonde en septembre 2018, un peu sur un coup de tête. Passionnée par l’écriture, je me suis dit que postuler pour le poste de journaliste pourrait me correspondre. J’ai finalement été recrutée comme directrice de production, qui consistait à mettre en page la maquette du journal, au temps où les publications se faisaient encore sur papier. Lorsque nous avons dû supprimer ce dernier, et passer intégralement au format virtuel, je suis devenue rédactrice en chef, sans forcément réaliser toutes les responsabilités qui incombaient au poste. Et des responsabilités, il y en a beaucoup, croyez-moi. S’en sont suivies de longues journées de planification, de longues nuits sans sommeil. Combien de fois je me suis réveillée en sursaut, en pensant à La Rotonde ? Bien plus que je n’aimerais l’admettre. C’est l’adrénaline de devoir rédiger les dernières heures dans l’urgence, le cœur battant, les mains tremblantes. C’est aussi des habitudes dont il va falloir se défaire, comme celle d’encore écrire à 3 h du matin, le jour de la date de rendu, ou celle de pouvoir écrire n’importe quoi dans les horoscopes. 

La Rotonde, c’est des larmes, beaucoup de larmes. Des larmes de joie, de tristesse, de colère, de fatigue, de frustration, comme lorsqu’une utilisatrice de Wikipédia a déclaré que nous n’étions pas une source assez fiable pour retoucher les informations de notre propre journal sur le site, nous bloquant alors l’accès. C’est aussi les appels à Claude l’imprimeur à 23 h 30 un dimanche soir pour lui dire que la maquette est prête, et qu’il peut débuter l’impression.

La Rotonde, c’est beaucoup de surprises. Parfois bonnes, parfois moins bonnes. Qui aurait cru qu’obtenir une entrevue avec Jacques Frémont, le recteur de l’Université d’Ottawa (U d’O), serait plus compliqué que d’organiser une rencontre avec Xavier Dolan, ou un ministre ? C’est aussi devoir improviser une fin de semestre en virtuel, à cause d’un virus qui alarme tout le monde, et devoir articuler mon mandat autour des restrictions de Santé publique Ottawa. 

La Rotonde, c’est le Student Choice Initiative de ce bon vieux Doug Ford, qui nous a tous inquiétés, et nous a fait nous demander si ce journal qui existait depuis 1932, qui a survécu à des guerres, des maladies, des crises, allait survivre à des coupures budgétaires. 

Parce que oui, en intégrant l’organisation, tu dors Rotonde, tu manges Rotonde, tu pleures même Rotonde, des fois. Certains ont comparé le journal à un cafard. Quelque part, c’est un peu le cas, parce que sans t’en rendre compte, il croule sous ta peau, et à la façon du syndrome de Stockholm, tu commences à apprécier La Rotonde. Mais, surtout, tu fais partie de la noble famille rotondienne. Celle avec qui tu veux encore passer du temps au bureau à écouter Another one bites the dust de Queen malgré le fait que tu pourrais rentrer chez toi parce que tu as cours le lendemain, et parce que même si tu venais de passer presque 30 heures enfermé.e avec tes collègues et InDesign, tu en redemandes encore.

C’est la gorge serrée que je rédige ces quelques mots, mes derniers, pour dire au revoir à un journal qui m’a tout appris. Car vous l’aurez compris, La Rotonde, c’est beaucoup de choses. C’est à la fois tout, et rien. Encore aujourd’hui, après tout ce temps, je ne suis pas certaine de pouvoir répondre avec exactitude. Un emploi ? Certainement. Une école de formation ? Totalement. Une passion ? Peut-être. Une porte ouverte sur le monde ? Définitivement.

Je suis reconnaissante d’avoir fait partie de La Rotonde durant ces trois années. Si depuis 1932 de nombreuses équipes se sont succédées, j’espère avoir laissé ma trace, comme l’ont fait mes prédécesseurs. Et j’ai l’espoir de voir le journal subsister malgré les menaces internes et externes qui s’opposent à elle au quotidien.

Ce n’est qu’un au revoir Rotonde, je ne fais peut-être plus partie du comité éditorial, mais je continuerai à te surveiller de loin. Longue vie à toi, et merci pour tout !

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