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L’annonce du budget municipal suscite des questionnements

Jacob Hotte
17 mars 2023

Crédit visuel : Marie-Ève Duguay – Rédactrice en chef 

Article rédigé par Jacob Hotte – Journaliste

Suite à l’annonce de ses priorités pour la ville d’Ottawa en janvier 2023, le budget proposé par le maire Mark Sutcliffe a finalement été approuvé par le conseil de la ville, et ce après cinq heures de délibération. Entre autres, le budget de 5,5 milliards de dollars introduira une hausse de 2,5 % en taxe foncière, ainsi que l’augmentation du budget du service de police de la ville. Qu’est-ce que ce budget signifie pour le futur d’Ottawa ?

L’adoption de ce budget n’a pas été acceptée par tou.te.s.  L’augmentation du financement de la police d’Ottawa fait partie des décisions les plus contestées. En revanche, cela ne semble pas, selon Cheick Alassane Traoré, docteur en sciences politiques et assistant de recherche au Centre d’études en gouvernance de l’Université d’Ottawa (U d’O), miner la crédibilité du maire de la ville. Au contraire, Traoré met plutôt en avant la consistance dans les propos tenus par le maire, ce qui pourrait mener à une hausse de sa popularité.

Promesses respectées

Plusieurs des décisions prises par Mark Sutcliffe incluses dans le budget ont été source de polémiques. Traoré précise tout de même que le maire Sutcliffe a pu respecter l’une de ses promesses de campagne, soit  la hausse fixe de la taxe foncière. Cependant, avec la situation économique actuelle, il est difficile de savoir à quoi s’attendre d’ici la fin de l’année, fait-il remarquer. Traoré ajoute que Sutcliffe devra possiblement délaisser sa promesse par rapport à la taxation fixe, si la situation dégénère.

Au sujet de l’abordabilité, qui était l’une des priorités mises en avant par le maire lors de l’annonce de celles-ci, en janvier 2023, Traoré observe que cette proposition semble elle aussi respectée. Même avec la hausse d’impôts annoncée, le docteur énonce que cette cible pourra être réalisée par le gel des frais de transports en commun, ainsi que des services publics.

Budget troué

Le 10 février dernier, lorsque le bureau de la mairie a annoncé son budget de près de sept cents millions de dollars, plusieurs personnes ont rapidement remarqué qu’il y avait un déficit d’environ 40 millions de dollars. La ville espère que d’autres niveaux de gouvernement seront prêts à fournir du soutien financier à cet égard, comme l’a fait le gouvernement provincial de Doug Ford en accordant à la ville une bourse de 65 millions de dollars l’année dernière.

À cet égard, Traoré remarque que la décision de la municipalité est une résolution très optimiste. Il explique que les chances de recevoir l’investissement cherché par la ville dépendront beaucoup des priorités actuelles des gouvernements provinciaux et fédéraux. Ensuite, il restera à savoir si Ottawa est prêt à accepter les conditions de ces institutions afin de pouvoir répondre à ses besoins économiques.

Toutefois, le docteur en sciences politiques révèle qu’Ottawa pourrait ne pas être la seule ville dans une telle situation de déficit. Une collaboration avec d’autres municipalités ferait d’Ottawa la cheffe de file de ce mouvement pour recevoir un financement. Ce qui pourrait selon Traoré être bénéfique pour la ville ainsi que pour ses collaborateurs. En effet, il est possible que les gouvernements provinciaux mettent en place des fonds comme lors de la pandémie, ce qui pourra venir répondre au déficit.

Augmentation mal vue

La hausse de taxe de 2,5 % a été annoncée comme étant dédiée à l’augmentation du financement pour plusieurs secteurs comme le transport, les services municipaux, ainsi que le service de police. Selon Traoré, cette augmentation de plus de 15 millions de dollars est  nécessaire pour la sécurité des citoyen.ne.s d’Ottawa. Ce dernier prend comme exemple le Convoi de liberté, une période durant laquelle la police ne semblait pas être adéquatement équipée afin d’assurer une bonne gestion de l’événement.

Cependant, Irvin Waller, un professeur en criminologie à l’U d’O, ne semble pas être du même avis. Pour lui, cette décision n’est pas logique, car le secteur de la police reçoit un financement année après année. Il ajoute qu’une grande partie du budget qui leur est allouée pour des crimes plus sévères, comme l’homicide et l’introduction par effraction, devrait pouvoir être réduite de 50 %. Ces fonds seraient ensuite redirigés vers différentes solutions plus efficaces afin de pouvoir diminuer le taux de criminalité, comme les services en santé mentale.

Robin Browne, co-dirigeant de 613/819 Black Hub, qui s’était présenté à l’hôtel de ville lors de la réunion budgétaire afin de contester cette augmentation, est du même avis. Il dit avoir voulu dénoncer le commissaire de services policiers d’Ottawa, qui avait approuvé le budget avant la réunion, ce qu’il dénonce comme étant illégitime. Selon Browne, le commissaire tente de limiter les opinions extérieures et donc de réduire sa crédibilité. Il reste donc à savoir quels seront les effets de cette augmentation sur la population ottavienne.

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