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L’art de ne plus correctement s’informer

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7 octobre 2019

Crédit visuel : Andrey Gosse 

Par Maeve Burbridge, Cheffe du pupitre Actualités

Les élections fédérales canadiennes du 21 octobre seront un moment décisif pour le Canada, puisque la génération des milléniaux sera, pour la première fois, la génération qui représente la plus grande tranche d’électeurs. Nous, les jeunes canadien.ne.s avons la chance de faire de cette élection un moment charnière dans la politique canadienne, si nous nous présentons aux bulletins de vote suffisamment informé.e.s.

On sait tous que c’est important de voter. Mais il est encore plus important de faire un choix informé et non biaisé par les publications des réseaux sociaux de gens avec qui on est ami, mais pas vraiment. C’est particulièrement dangereux voter mal informé.e cette année, considérant les grands enjeux qui nous concernent plus que jamais. Mais surtout, qui auront des impacts à si long terme.

Ère des fausses nouvelles

Le terme  « fausses nouvelles » a été popularisé par le Président américain Donald Trump, qui déclare depuis son élection en 2016 que les informations publiées à son égard, le faisant mal paraître publiquement, sont fausses. 

Le fait de miner l’importance du journalisme a bouleversé le monde politique parce que les journalistes occupent une fonction de première importance dans les sociétés démocratiques. Ils se doivent d’être porteurs de faits véridiques.

S’ajoute à cela une attitude de méfiance et de suspicion vis-à-vis ceux à qui on est censé faire confiance pour être informé. Un article du journal The Guardian de Nick Enfield signalait, deux ans après l’élection de Trump, que la population américaine faisait de moins en moins confiance aux scientifiques, chercheurs académiques et politiciens. Pourquoi ? Parce que ceux-ci sont perçu.e.s comme étant des élites, corrompues. Leur but serait de « contrôler » l’opinion publique d’une façon ou d’une autre, et donc la théorie des élites versus le peuple se répandrait.

Remettre en question l’importance du journalisme et la fiabilité de la recherche scientifique est déstabilisant. Il faut alors se demander à qui on peut faire confiance pour occuper la fonction primordiale de porteurs de faits dans notre monde. La réponse n’est pas évidente. S’il est question de nier l’expertise des scientifiques et des journalistes, vers qui se retourner ?

Informé.e.s par les médias

En même temps, l’information accessible sur les réseaux sociaux devient la source principale de nouvelles relatives à l’actualité politique, alors que les journaux traditionnels périssent. Le problème avec les réseaux sociaux, c’est qu’ils n’embauchent ni journalistes ni correcteurs. Chacun.e peut publier ce qu’il ou elle veut sur les réseaux et quand l’information est fausse, il n’y a personne pour le signaler.

Selon Pierre Bélanger, professeur titulaire en communications à l’Université d’Ottawa, « les rumeurs et les mensonges ont toujours existé, c’est la vitesse de circulation de ceux-ci qui ont changé ». D’après lui, c’est ce qui est préoccupant vis-à-vis le fait d’utiliser les réseaux comme source d’information principale.

De plus, les algorithmes qu’emploient ces réseaux nous montrent toujours plus ce qu’on aime voir, ce qui a comme effet de créer une chambre d’écho. On a le choix de ne voir ce que l’on veut consommer. Il y a donc moyen d’éviter tous le points de vue qui contredisent le nôtre. 

Vers un mode post-truth ?

Selon le dictionnaire Oxford, le terme post-truth désigne un concept politique et philosophique caractérisé par la disparition de standards objectifs de la vérité ainsi qu’un brouillage des lignes qui séparent la vérité, les non-vérités, les croyances, les faits et les opinions.

Bref, le monde post-truth est un monde dans lequel il est impossible de s’informer. C’est un monde dans lequel l’électeur a abandonné sa quête pour la vérité à cause de la myriade d’informations erronées qu’il y a pour chaque renseignement véridique. 

Notre outil d’information qu’est l’internet, est-il devenu une arme contre nous ? Maintenant, quel pouvoir a le citoyen s’il décide volontairement de ne pas s’informer, de peur d’être trompé ? 

D’après Bélanger, moins on est informé.e, plus on est facile à manipuler. On ne peut pas revendiquer nos droits sans s’informer. On ne peut pas participer à la démocratie sans s’informer. « C’est notre devoir, en tant que citoyen.ne.s, de chercher la vérité », affirme le professeur, même à travers le brouillard d’informations semi-véridiques que sont les réseaux sociaux.

Dans les semaines avant le 21, il faut faire sa recherche intelligemment. La santé de notre démocratie et, plus précisément, le changement politique en dépend. On ne peut pas voter pour les besoins de la société, si on ne prend pas la peine d’en comprendre les enjeux.

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