Inscrire un terme

Retour
Actualités

Vers une meilleure santé pour tous.tes : entrevue avec Jean-Philippe Chaput

Daphnée-Maude Larose
15 décembre 2023

Crédit visuel : Courtoisie — Jean-Philippe Chaput

Entrevue réalisée par Daphnée-Maude Larose — Journaliste

Quatorze universitaires de l’Université d’Ottawa (U d’O) se sont retrouvés sur la liste des scientifiques les plus cités dans le monde pour l’année 2023. Celle-ci est compilée par le groupe Web of Science et recense les chercheur.euse.s les plus cité.e.s parmi les articles publiés par leurs pairs. Cette année, près de 7000 personnes en font partie dont le professeur titulaire au département de pédiatrie Jean-Philippe Chaput.

Chaput est un chercheur à l’U d’O dans le groupe Healthy Active Living and Obesity (HALO). Il fait partie d’une grande quantité de comités de rédactions et revues. Le professeur a notamment participé à de nombreuses conférences mondiales et a reçu plusieurs prix pour ses recherches.

La Rotonde (LR) : Vous vous retrouvez sur la liste des scientifiques les plus cité.e.s dans le monde pour la troisième fois. Pourquoi croyez-vous que c’est le cas ?

Jean-Philippe Chaput (JPC) : Plus on a de collaborations et d’articles scientifiques où on est co-auteur, plus on va être cité. Je publie environ trente à trente-cinq articles par an. Comprenez que ce n’est pas moi qui les ai tous écrits. Parfois, je suis le dernier auteur ou seulement un collaborateur. Je fais énormément de recherches dans le domaine de la santé publique, par exemple, concernant les directives canadiennes en matière de sommeil et de lignes directrices en obésité. Ce type d’articles est cité à travers le monde assez fréquemment et cela aide à augmenter les citations. J’ai aussi voyagé et effectué du réseautage à travers le monde. Ainsi, je dirais que me retrouver sur cette liste n’est pas une surprise : c’est le fruit de plusieurs années de collaboration.

LR : Quelle est votre réalisation professionnelle dont vous êtes le plus fier ?

JPC : Je pense que ce serait l’obtention de mon doctorat. J’ai complété ma maîtrise en kinésiologie et j’ai vraiment aimé mon expérience. Cependant, mes ami.e.s avaient commencé à travailler, à avoir des voitures et sortaient souvent au restaurant. Ainsi, je ne pensais pas continuer mes études de doctorat. C’est mon grand-père qui m’a encouragé et il m’a recommandé de discuter avec un professeur à Québec. Effectivement, je lui ai parlé et j’ai commencé mon doctorat. J’ai su que je voulais être professeur-chercheur. C’était le début de ma carrière.

LR : Vous êtes dans le groupe de recherche HALO qui se concentre sur la prévention de l’obésité, la santé et les modifications des modes de vie. En quoi sont-ils des enjeux importants dans notre société actuelle ?

JPC : Je crois que notre société vit selon la gratification instantanée, c’est-à-dire qu’on recherche des solutions et des changements rapides. Il faut retourner à la base : comment bien manger, bien dormir, bouger, aller dehors. Ces habitudes ont été remplacées par un mode de vie rapide où l’on utilise constamment des gadgets.

C’est très difficile de changer les comportements malsains qui ont été ancrés dans notre vie pendant plusieurs années, c’est pourquoi il faut commencer jeune. C’est plus facile quand on commence tôt, bien qu’il ne soit jamais trop tard pour débuter. Les études montrent que les gens qui fument toute leur vie et arrêtent à soixante ans vivent tout de même des bienfaits.

LR : Comment êtes-vous inclusif dans vos recherches ? 

JPC : Notre groupe est composé tout autant d’hommes que de femmes. Certain.e.s viennent de différents continents tels que l’Afrique. HALO est reconnu pour la recherche qu’on effectue à travers le monde. On est très représentatif dans notre équipe, mais avec nos travaux aussi. Je pense que l’inclusion, d’un point de vue de sexe, de genre, de race et d’ethnicité commence avec la composition d’une équipe.

Dans le domaine de l’obésité, il y a beaucoup de discrimination. Les personnes en excès de poids sont très stigmatisées. Elles sont perçues comme paresseuses ou gourmandes, mais ce n’est pas le cas. C’est une condition ou une maladie complexe, plusieurs facteurs y contribuent. Réduire cette stigmatisation est important dans mon domaine.

LR : Quels sont les changements de modes de vie que les étudiant.e.s peuvent mettre en place pour être en meilleure santé et se sentir mieux ?

JPC : Il faut s’écouter parce qu’il n’y a pas d’étudiant.e.s pareil.le.s. Je pense qu’on passe trop de temps devant nos écrans, il faudrait donc prendre plus de pauses actives. Allez dehors plus souvent aussi. De plus en plus d’études démontrent que faire une activité à l’extérieur a plus de bienfaits sur la santé mentale que si cette même activité était faite à l’intérieur. Je conseillerais aussi d’être exposé au soleil le matin. Je sais que c’est plus difficile parce qu’il fait noir, mais notre sommeil et nos hormones sont régulés sur 24 heures. La lumière naturelle aide notre horloge biologique. Les étudiant.e.s qui ont des examens vont souvent attendre la veille pour apprendre leur matière par cœur. C’est la pire chose à faire. Le cerveau apprend lorsqu’on dort, donc si l’on coupe le sommeil, on ne peut pas retenir des informations.

Bref, je dirais que dormir, bouger et manger sainement soutiennent la réussite scolaire.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire