Crédit visuel : Courtoisie – Jamine Ackert

Article rédigé par Eve Desjardins – Cheffe du pupitre Arts et culture

Le Bal de Neige a été créé en 1979 pour célébrer la culture et le climat canadien.ne.s, et est finalement de retour du 3 au 20 février 2023 pour sa 45e édition. Organisée depuis 1985, la compétition de sculptures sur glace est l’une de ses activités les plus populaires. Cette année, c’était sur la rue Sparks que l’on pouvait admirer du 3 au 5 février derniers les œuvres de glace des dix provinces et trois territoires, sur le thème « les créatures de la mer ».

L’organisation de l’activité

La planification pour le championnat a commencé dès la mi-été, informe Muna*, qui fait partie de l’équipe du Bal de Neige et du comité. C’est durant cette période que l’équipe établit la thématique pour la compétition. Cette année, le thème était « les créatures de la mer ». Muna affirme que « par la première semaine de septembre, la demande de candidature pour des sculpteurs est lancée ». Les candidat.e.s font partie d’une liste de sculpteur.se.s spécialisé.e.s en glace, neige et bois, qui a été bâtie « à travers les années par l’équipe du Bal de Neige », mentionne Jacques*, un autre membre de l’équipe du Bal de Neige. Certain.e.s artistes ont déjà participé à la compétition auparavant, comme Tom Pitt et Larry MacFarlane, qui représentent à nouveau la province du Manitoba cette année.

D’ici la fin septembre, les candidat.e.s ont appliqué en équipe de deux pour représenter une province ou un territoire de leur choix. Pour cette édition, 18 équipes de deux ont fait candidature, annonce Muna. En automne, soit d’octobre à novembre, les équipes soumettent une esquisse de leur sculpture. Par la suite, un jury interne sélectionne 13 équipes pour faire partie du championnat national, précise Jacques, et la décision est prise fin novembre.

Cette année, c’est Clinebell qui a remporté le contrat pour fabriquer la glace, mentionne Muna. La glace est livrée une semaine avant la compétition. Pour la préserver, Jacques précise qu’elle est stockée dans des congélateurs extérieurs jusqu’au premier matin du championnat.

Renseignements pour les artistes

Jacques informe que les artistes sont logé.e.s et nourri.e.s pendant la compétition. De plus, ils et elles reçoivent un honoraire selon CARFAC, c’est-à-dire qu’ils.elles sont rémunéré.e.s pour leur travail. « À la fin de la compétition, les trois gagnant.e.s gagnent une somme d’argent de surplus », ajoute Jacques.

La plupart des sculpteur.se.s « ont une formation dans les arts culinaires, puisque la manipulation de la glace fait partie de leur cheminement professionnel » mentionne Jacques. Il continue en affirmant que les artistes « personnalisent et modifient des outils pour atteindre des effets spécifiques ». Le Bal de Neige fournit certains de ces outils, dont des fers à repasser ou bien des tronçonneuses, mais la plupart des sculpteur.se.s arrivent avec leurs propres équipements.

La glace doit être claire et d’une certaine qualité. « Chaque équipe est fournie avec 15 blocs de glace. Les blocs ont une mesure de 40 x 10 x 20 pouces et pèsent 300 livres chacun », précise Muna. Les sculpteur.se.s ont la tâche d’agencer les 15 blocs pour faire un casse-tête qui suit leur schéma établi lors de leur mise en candidature.

Déroulement de la compétition

Le vendredi matin, les sculpteur.se.s se rassemblent pour recevoir « une réunion préparatoire » donnée par l’équipe du Bal de Neige, qui porte sur les règlements de la compétition. Muna annonce que les sculpteur.se.s commencent à faire leurs créations « dès 14 heures le jour [vendredi] même et finissent à 20 heures. Le samedi, ils ont de 10 à 22 heures. Le dimanche, de 8 à 14 heures ».

Les 13 sculptures restent sur la rue Sparks pour être exposées au public tout au long du Bal de Neige. Aucune action n’est prise pour préserver les œuvres, « si elles fondent, elles fondent ». Cependant, si elles deviennent dangereuses ou un danger pour le public, elles sont détruites. Ceci n’est pas le cas pour les sculptures commissionnées par le Bal de Neige, dites des sculptures de démonstration, qui sont protégées avec des préservatifs.

C’est le cas par exemple de la sculpture de Médecins Sans Frontières, intitulée « Trouver un nouveau foyer », qu’on retrouve au coin de Sparks et O’Connor. Cette sculpture, selon Catheryne Gagnon, représente la solidarité de Médecins Sans Frontières vis-à-vis des « 103 millions de personnes actuellement déplacées dans le monde aujourd’hui », notamment à cause des changements climatiques. Il y a également une sculpture en partenariat avec la Galerie des fossiles du Musée de la Nature, aussi retrouvée sur la rue Sparks, qui a quant à elle « été conçue pour fondre et libérer de petits jouets de dinosaures pour les enfants », affirme Dan Smythe, préposé aux relations avec les médias du Musée.

Dans les dix dernières années, les sculptures de glace du championnat « ne se rendaient pas à la fin du Bal de Neige » annonce Jacques,  « elles fondaient avant que les gagnants soient annoncés ». Cette année, les compétiteur.se.s ont dû endurer des conditions météorologiques difficiles, avec une température atteignant par exemple -35 degrés le samedi 4 février. Avec les grandes fluctuations de température entre le dimanche 5 et le lundi 6, certaines sculptures ne se sont pas rendues à la fin de la fin de semaine d’ouverture en état complet.

« Depuis la pandémie, le championnat n’a pas de juges. Au lieu, ce sont les Canadiens qui votent en ligne pour décider des trois gagnants de la compétition » mentionne Jacques. Le dimanche après-midi, les sculptures sont photographiées par l’équipe du Bal de Neige et publiées sur leur site web. « La campagne de marketing est pancanadienne, tout le monde au Canada peut voter », précise-t-il. Muna ajoute que, l’année passée, il y a eu entre 25 000 et 30 000 votes. À la fin du Bal de Neige, soit le 20 février, les trois gagnant.e.s seront annoncé.e.s.

Pour voter pour les sculptures, il est possible de le faire jusqu’au 20 février ici.

* Le prénom des sources a été modifié, celles-ci ayant souhaité rester anonymes