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Éditorial

Le conflit israélo-palestinien aux portes de l’U d’O

Web-Rotonde
4 mars 2013

– Comité éditorial – 

Cette année encore, notre campus accueillera la semaine contre l’Apartheid israélien. Un détail particulier est à noter cette année. Cet évènement coïncide avec la semaine de sensibilisation à Israël. On se doit d’insister sur l’importance des termes employés ici. « Sensibilisation » signifie de susciter l’intérêt d’un individu ou d’un groupe. « Apartheid » renvoie à un système de ségrégation raciale qui avait cours en Afrique du Sud jusqu’en 1990. Les pressions internationales et les boycotts ont éventuellement poussé l’Afrique du Sud a délaissé ce système. Sous le régime d’apartheid, alors que l’Afrique du Sud était politiquement et économiquement isolée, un État continuait de vendre des armes et de consolider le système raciste en place. Cet État, vous l’aurez deviné, était Israël. Avec le temps, Israël a repris ce système à son compte et les exemples ne manquent pas : tracas bureaucratiques pour les mariages, discriminations à l’emploi, invasions de domiciles, routes réservées, négligence dans la collecte des déchets des zones à population arabe, contrôles d’identités fréquents, la création de ghettos/enclaves via la colonisation, etc. L’archevêque sud-africain et militant anti-apartheid Desmond Tutu avait été un des premiers, en 2002, à rapprocher la situation des Palestiniens avec celle des Noirs d’Afrique du Sud : « J’ai été profondément bouleversé lors de ma visite en Terre Sainte; cela m’a tant rappelé ce qui nous est arrivé à nous, Noirs d’Afrique du Sud. J’ai vu l’humiliation des Palestiniens aux points de passage et aux barrages routiers, souffrant comme nous quand de jeunes policiers blancs nous empêchaient de circuler. » Sensibilisation et apartheid donc. Et pourquoi pas sensibilisation à l’Apartheid, car plus que jamais il est nécessaire de passer à l’action. D’abord en s’informant, puis en échangeant et en développant des stratégies d’actions qui permettront de combattre ce racisme brutal, mais impuni en raison de notre indifférence collective à l’une des plus odieuses injustices du XXIe siècle.

Depuis, des initiatives comme la semaine contre l’Apartheid ou la campagne Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) permettent à la société civile internationale d’exprimer leur condamnation des pratiques israéliennes, de démontrer une solidarité à la population palestinienne et de faire pression sur différents acteurs en vue d’isoler Israël et de briser ce système. Les campus universitaires constituent un terrain propice pour cela dans la mesure où ils doivent être des lieux d’échanges et de réflexion. C’est d’ailleurs l’objectif principal des organisateurs de la semaine. Briser l’indifférence souvent due à une certaine ignorance de la situation. Cette semaine sera donc l’occasion d’en apprendre plus.

L’Apartheid et Allan Rock, une grande histoire d’amour

Si l’on en croit la Coalition de l’investissement juste (CIJIC), l’Université d’Ottawa (U d’O) profiterait d’investissements douteux de la part de multinationales impliquées dans le conflit israélo-palestinien. Deux principales entreprises sont identifiées : Hewlett Packard qui contribuerait à la construction de colonies de peuplement illégales, et General Electric qui offrirait un soutien technique et logistique à l’armée israélienne. Bien évidemment, l’U d’O doit répondre là-dessus et cesser cette complicité avec les exactions israéliennes. Néanmoins avec un recteur, Allan Rock, ouvertement favorable à Israël comme il l’a démontré pendant son mandat d’ambassadeur aux Nations Unies, il ne faut pas se faire trop d’illusions. Avant M. Rock, le Canada avait tendance à s’abstenir sur les votes concernant les droits humains des Palestiniens pour ne pas trop froisser Israël. Avec M. Rock, le Canada votait carrément contre ces résolutions et affichait un support inconditionnel à Israël, repris depuis par la diplomatie conservatrice. De plus, en 2009, l’Association canadienne des libertés civiles a écrit à M. Rock pour lui reprocher d’être personnellement intervenu en vue de faire retirer une affiche promotionnelle dans le cadre de la Semaine de l’Apartheid. Les allégeances de M. Rock sont assez claires disons-le.

Pour contrer l’Apartheid, le boycott académique

La Semaine contre l’Apartheid est toujours une occasion de remettre la campagne BDS à l’avant-scène. Cette campagne a trois principales dimensions : économique, académique et culturel. Nous avons abordé la question économique plus tôt. La dimension culturelle, pour sa part, est très médiatisée. Roger Waters, Carlos Santana ou encore Dustin Hoffman ont tous boycotté des manifestations culturelles en Israël. Plus proche de nous, des artistes québécois tels que Bran Van 3000, Silver Mt. Zion, Plants and Animals, Gilles Vigneault ou Richard Desjardins ont rejoint le boycott et ne se produiront jamais en Israël et ne collaboreront avec des artistes israéliens à condition que ces derniers condamnent ouvertement l’Apartheid. En ce qui concerne notre campus, la pertinence du boycott culturel se pose de façon limitée dans la mesure où l’U d’O n’a pas été le terrain de grands évènements culturels où Israël tenait le haut du pavé.

Par contre, sur le plan académique, le boycott est indispensable! Nous encourageons la Fédération étudiante de l’U d’O (FÉUO), l’Association des étudiant.e.s diplômé.e.s (GSAÉD), le Syndicat canadien de la fonction publique section 2626 et toutes les associations facultaires à faire des déclarations en ce sens et à développer des modes d’action conformes à ces positions. Le site de la section de droit civil de la Faculté de droit se félicite cette année d’envoyer des étudiants en échange en Israël notamment. Du côté de la section de common law, il existe un programme d’échange à la maîtrise entre l’U d’O et l’Université d’Haïfa, réputée pour ses pratiques discriminatoires pour lesquelles elle a même été condamnée par des tribunaux israéliens, ce n’est pas rien. Cela ne semble pas émouvoir le doyen Bruce Feldthusen pour qui « […] les étudiants participants auront la possibilité de découvrir ce pays fascinant qu’est Israël. » Il aurait dû mentionner fascinant si l’on ne fait pas attention aux massacres, à la torture, aux spoliations de terre, au racisme, etc. Cela fait un peu penser aux militants prosoviétiques qui visitaient l’URSS sans jamais voir les goulags…

Dans le passé, La Rotonde a dénoncé l’apartheid sud-africain. Aujourd’hui, nous dénonçons l’apartheid israélien. Pour nous c’est un devoir moral. Nous appelons toute la société civile sur le campus de l’U d’O et les différentes communautés gravitant autour à se solidariser au nom de cette cause. Participez en grand nombre à la Semaine contre l’Apartheid israélienne, posez des questions, informez-vous, c’est l’occasion de le faire! D’Ottawa à Gaza, tous unis contre l’Apartheid!

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