Inscrire un terme

Retour
Arts et culture

Le poids du masque

Rédaction
4 septembre 2019

Crédit visuel; Andrey Carmo

Par Clémence Roy-Darisse – Cheffe de section Art & culture

« Donnez-moi la vérité », la phrase qui marque le début du nouveau film américain de Xavier Dolan . Comment trouver la vérité dans un monde sous l’emprise des apparences, du superficiel, de la vanité ? C’est la question à laquelle Dolan s’attaque dans The Death and Life of John F. Donovan.

La trame narrative débute avec le personnage Rupert Turner, un jeune enfant qui écrit à son idole; John F. Donovan. John F. Donovan représente la carrière de comédien et la vie idéale pour le petit. Ce dernier lui répond et ceux-ci entretiennent une correspondance particulière jusqu’à la mort du comédien célèbre.

La pression de la célébrité

Envoûté par le parcours de sa figure divine, le jeune Turner chemine de loin avec le comédien. Malgré leur différence d’âge; les deux protagonistes sont tous deux affectés par les polarités de la célébrité. Dolan montre ainsi les paradoxes de celle-ci par l’entremise du personnage de Donovan, qui fuit sa célébrité dans l’alcool, la drogue et le sexe. Alors que le personnage de Turner la recherche par l’angoisse et l’ambition d’accéder au métier de comédien.

Tous deux se sentent incroyablement exclus et incompris de leurs entourages. Afin de survivre auprès des autres, ils apprennent à parfaire leur masque mensonger d’hétérosexuel et de bonheur.

Les défauts et les qualités d’un Dolan

Les plans au ralenti, très près du visage, touchent et les personnages féminins sont encore incroyablement mis en scène et interprétés. Le réalisateur présente avec finesse l’amour inconditionnel d’une mère avec deux actrices de renom : Natalie Portman et Susan Sarandon. Dolan maîtrise d’autant plus le personnage du jeune homme solitaire et exclu, torturé par sa différence.

Par contre, le film apparait comme sage et moins éclaté. On y note un certain manque de risque. Il semble même y avoir une certaine familiarité stylistique des blockbusters américains.

Cependant, comme toujours, les particularités cinématographiques de Dolan sont frappantes. Le film exploite l’effet du trop-plein, du débordement donnant lieu à une magie stylistique. La progression de l’intrigue est lente mais parsemée d’images coup de poing. Par contre, le style de Dolan limiterait parfois le propos. De fait, les thématiques principalement mise en évidence et reçues sont celles de la célébrité et de la névrose des deux personnages principaux. En arrière-plan, la thématique de l’homophobie aurait gagné à être exploitée davantage.

Bien que parfois maladroitement, Dolan réussit à interroger la nécessité du masque, plus précisément dans le milieu artistique. Il termine enfin par explorer le besoin pervers de connaître la vie des célèbres proposant ainsi un besoin sociétal de vivre par procuration.

Un accueil mitigé

Diversifiées ont été les critiques envers The Death and Life of John F. Donovan suite à sa première au Festival international du film de Toronto. Qualifié comme « lourd » et « bancal » aux États-Unis. Il n’a d’ailleurs qu’été noté qu’une étoile sur cinq au Globe and Mail. Des attentes exigeantes envers le jeune réalisateur seraient-elles en cause?

Par contre , il fut accueilli positivement chez les Français.

The Death and Life of John F. Donovan est paru 23 août 2019 au Star Cité, à Gatineau. 

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire