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Légalisation du cannabis : quels avantages et quelles limites ?

Malek Ben Amar
4 mars 2022

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Malek Ben Amar – Journaliste

Au Canada, le cannabis est légal depuis octobre 2018. Depuis que la loi est entrée en vigueur, la consommation et la vente du cannabis à des fins récréatives ont été légalisées et réglementées. Quels ont été les effets de cette légalisation ? Était-ce la bonne décision ?

Aujourd’hui, au Canada, les consommateur.ice.s n’ont plus besoin d’autorisation médicale pour se soulager. Ils.elles peuvent se procurer du cannabis quand bon leur semble et à la quantité qu’ils.elles désirent. Quelques remarques et limites devraient cependant être considérées pour éviter toute influence néfaste.

18 ans ou avant ?

Line Beauchesne, professeure titulaire en criminologie à l’Université d’Ottawa (U d’O), explique que même avec la légalisation, la consommation reste illégale pour les jeunes de moins de 18 ans.

D’après elle, la période intensive de la consommation s’étend de 18 et à 21 ans.  Toutefois, la plupart essayent le cannabis à un plus jeune âge. « Personne n’a réellement pris sa toute première bière à 18 ans. C’est la même chose pour le cannabis », indique Beauchesne. Garder le cannabis illégal avant 18 ans permet donc de compliquer l’accès des plus jeunes à la substance, et donc de garantir une initiation lente à la consommation, continue-t-elle.

De plus, la professeure rapporte que commencer à consommer du cannabis avant 16 ans pose parfois un problème. Elle cite des études qui indiquent que ceux.celles qui commencent à consommer cette drogue avant cet âge deviennent de plus grand.e.s consommateur.ice.s plus tard.

Le cannabis, dans quel but ?

Il est important d’après Beauchesne de connaître la teneur en cannabinoïdes avant de consommer et ce, pour apprendre à gérer le produit, ainsi qu’à dresser ses propres limites. « Pour le THC tout comme le CBD, la concentration doit être notée. Sinon, comment pourrait-on se contrôler ? », demande-t-elle.

On parle de « cannabis à des fins non médicales » lorsqu’il est question de cannabis sans prescription médicale, une expression qu’il faudrait selon la professeure abandonner. La professeure avance que la majorité des motivations à consommer du cannabis,  en dehors de l’indication médicale, sont pour l’automédication. « Dormir, lutter contre le stress, se relaxer, soulager les douleurs menstruelles et se donner l’appétit, ce sont toutes des raisons considérables qui nous poussent à consommer du cannabis », continue-t-elle.

Hamza Cheour, étudiant en troisième année en génie mécanique à l’U d’O et consommateur du cannabis, témoigne que la légalisation de cette drogue douce a été bénéfique pour lui. Selon son humeur et les circonstances, il sait prendre la quantité qui va le mieux avec sa situation. « Tout est question d’autocontrôle. La teneur en cannabinoïdes dépend de mon état d’esprit. Pour une situation quelconque, je me dis que je ne prendrais pas plus que ça, et qu’une quantité bien particulière me suffirait », raconte Cheour.

Consommation problématique ?

Selon Beauchesne, le taux de consommation du cannabis n’a pas vraiment bougé chez les jeunes depuis la légalisation. En revanche, une certaine hausse des chiffres a pu être remarquée chez les adultes et les personnes âgées, principalement pour de l’automédication.

Au lieu de parler de surconsommation, elle définit le concept de consommation problématique. Ce concept examine non plus seulement la quantité, mais également la place du cannabis dans la vie de quelqu’un.e et comment il affecte ce.tte dernier.ère. Ainsi, « il y a consommation problématique lorsque notre rapport avec le produit n’est pas sain. Cela se manifeste particulièrement quand cette consommation nous bascule au point de nous empêcher de mener une vie normale, ou par exemple de ne plus faire nos devoirs comme cela se doit », explique-t-elle.

Cheour, quant à lui, pense que la consommation ne devrait en aucun cas affecter les études, le rendement du travail ainsi que le déroulement quotidien de la vie. Selon lui, les effets du cannabis varient selon son utilisation. Bien qu’il procure une certaine relaxation, une dépendance psychologique à cause d’une mauvaise utilisation pourrait perturber voire déstabiliser le.la consommateur.ice.

Certaines personnes avec des problèmes de santé mentale consommant du cannabis se stabilisent, mais  d’autres se déséquilibrent. Beauchesne déclare qu’il faut analyser pour chaque cas le lien produit-personne-environnement pour déterminer si leur consommation est problématique ou plutôt saine.

« Est-ce que le contexte de consommation est sain ? Voilà la question. Il faut voir quand, comment et dans quel but la personne consomme, puis évaluer l’impact de cette consommation sur lui.elle-même ainsi que son environnement », indique-t-elle. Pour elle, il est évident que le cannabis représente une échappatoire de la vie extérieure monotone, mais parfois il n’est pas possible d’éviter les dégâts de la vie intérieure. Il faut alors prendre l’évaluation de la consommation du cannabis au sérieux, afin de déterminer si la consommation est problématique.

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