Inscrire un terme

Retour
Éditorial

Les contradictions syndicales

Web-Rotonde
18 novembre 2013

Nicholas DuBois

 

 

 

 

 

 

 

– Par Ghassen Athmni –

La majorité de nos lecteurs, des étudiants, et à plus grande échelle la majorité des citoyens, ignorent l’imminence du congrès annuel de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, et ce, malgré le fait que cette organisation constitue le syndicat étudiant le plus important au pays. Une partie de la responsabilité est à imputer à une tendance générale, celle de l’absence des institutions de société civile sur la scène politique. Toutefois, à certains égards, une autre partie en incombe aux instructions elles-mêmes, et sur ce point, la FCÉÉ ne semble pas déroger à la règle. Le regroupement de plus de quatre-vingts associations étudiantes représentant des universités et des collèges de toutes les provinces aura lieu pendant la deuxième moitié de la semaine, de l’autre côté de la rivière dans une indifférence médiatique et citoyenne quasi-totale.

Un hermétisme injustifié

Une simple visite du site internet de la Fédération permet de se rendre compte d’un disfonctionnement au niveau de la communication. Le congrès annuel n’est mentionné nulle part et la dernière publication, datée du 21 octobre, traite de l’augmentation de la dette étudiante. Au-delà de l’évènement de la semaine prochaine, on se dit quand même qu’il y a eu un certain nombre de choses qui se sont passées depuis et que les communicateurs de l’organisme d’envergure fédérale ne se sont aucunement employés à diffuser. À quelques jours de cette rencontre annuelle, aucun média, hormis la Presse universitaire canadienne, n’a abordé le sujet. Il est donc flagrant qu’il existe au mieux des lacunes sérieuses à ce niveau, voire au pire, une volonté de s’auto-ostraciser pour une raison ou une autre. Cet ostracisme se vérifie dans le fait qu’une majorité des étudiants ne connaissent pas la FCÉÉ, et qu’un plus grand nombre ne savent rien de pertinent à son propos. C’est quand même un comble que ceux que la FCÉÉ est censée défendre n’aient aucune information à son sujet, sa politique est, à ce niveau, contradictoire avec son mandat. En ce sens, nous croyons qu’il lui est nécessaire de changer radicalement de stratégie à ce niveau. Pour jouer son rôle, il est primordial pour tout organisme de société civile de rejoindre un maximum de ceux qu’il sert.

La Rotonde, seul journal étudiant francophone officiant dans un campus dont les associations étudiantes constituent des sections de la Fédération, et étant géographiquement très proche de l’endroit où le regroupement aura lieu, n’a reçu aucune communication l’avertissant de l’imminence du congrès. Nous avons tenté de solliciter l’organisme par courriel et en l’appelant au téléphone et nous n’avons eu, au moment de mettre sous presse, aucune réponse de la part des dirigeants du syndicat étudiant.

Rien de bien palpable

Il en découle donc systématiquement que les stratégies de la FCÉÉ ne sont en rien tangibles au public, ni même à nous, les médias. En s’arrêtant sur les motions qui seront présentées lors des quatre jours du congrès par différentes sections, nous relevons bien entendu une dimension progressiste et des intérêts qui sont en phase avec ce qu’on attendrait d’une telle institution. Ceci dit, dans ces mêmes motions nous constatons la redondance de sujets d’actualité sur le plan de la politique fédérale, de même que la récurrence de la suggestion d’adresser des lettres aux instances gouvernementales alors que nul n’ignore ce genre d’initiatives de peut constituer un facteur de changement. Dans les faits, ce qui caractérise la liste des motions, c’est l’absence d’un appel à planifier des actions concrètes à grande échelle, les sections semblent se cantonner à ce qu’on attend d’elles et ne pas proposer de rupture.

Une tendance générale

La situation de la FCÉÉ est symptomatique des difficultés que connaissent la société civile en général et les syndicats en particulier. Face au monopole exercé sur la scène médiatique par les partis politiques et par les différents agents des empires financiers et industriels, ils ne semblent pas opposer de résistance notoire, au contraire, ils ne font que se recroqueviller sur eux-mêmes, et désertent un terrain qu’il est indispensable de conquérir, celui de l’information. En adoptant un tel comportement, ils se coupent de ceux à qui ils appartiennent, les citoyens, et perdent dès lors toute pertinence, voire toute légitimité dans certains cas. En agissant ainsi, ils laissent le champ libre à la désinformation et à l’hégémonie culturelle de ceux qui dirigent, ce qui explique le gouffre qui existe entre les aspirations du commun des étudiants et les idéaux de leur syndicat. L’histoire regorge d’exemples d’institutions servant initialement des causes nobles mais qui face à l’animosité du pouvoir, ont dévié à cause de l’autarcie dans laquelle ils ont choisi de se renfermer.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire