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Pandémie et défis de l’enseignement en milieu minoritaire

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26 septembre 2021

Crédit visuel : Courtoisie – Université d’Ottawa

Un article rédigé par Héloïse Heurdier – Journaliste

Le 25 septembre dernier a eu lieu une table ronde virtuelle afin de célébrer le Jour des Franco-Ontarien.ne.s. Celle-ci a été organisée par la Faculté d’Éducation de l’Université d’Ottawa (l’U d’O), qui a rassemblé plusieurs invité.e.s afin de discuter des défis affrontés par les enseignant.e.s en milieu minoritaire ainsi que des solutions post-pandémie envisageables.

Jennifer Davies, Milène Brassard et Vicky Fauteux, co-animatrices du balado « Toute la Classe » et conseillères pédagogiques, ont dans un premier temps partagé leurs observations concernant l’expérience du corps enseignant. Phyllis Dalley et Amal Boultif, professeures-chercheuses de la Faculté d’Éducation de l’U d’O, ont ensuite réfléchi aux difficultés liées à l’éducation à distance et aux solutions à apporter. Valérie Morand, directrice générale de la Fédération Nationale des Conseils Scolaires Francophones (FNCSF), a conclu cette conférence avec son mot de la fin. La table ronde était coordonnée par Isabelle Bourgeois, vice-doyenne de la Faculté d’Éducation, et Mirela Moldoveanu, professeure et directrice du programme de formation à l’enseignement de l’U d’O.

L’expérience des enseignant.e.s en contexte de pandémie 

L’expérience des cours à distance due à la pandémie a bouleversé les habitudes des enseignant.e.s et des élèves en transformant leur routine, leurs habitudes, leurs moyens d’apprentissage, jusqu’à la façon de se connecter avec leur environnement socio-linguistique. Les enseignant.e.s ont alors fait face à un manque d’accès au matériel et à des difficultés logistiques et éducatives, précisent les co-animatrices de « Toute la Classe ».

Les aides traditionnelles apportées au corps enseignant et les nouveaux programmes d’apprentissage n’étaient plus adéquats aux nouvelles contraintes et aux nouveaux besoins, ont souligné Davies, Brassard et Fauteux. Les enseignant.e.s et éducateur.ice.s ont dû faire preuve de créativité pour combler ce manque. Certain.e.s ont, par exemple, organisé des événements sociaux en ligne pour leurs élèves, racontent-elles.

Les difficultés liées à l’éducation en ligne 

Plusieurs difficultés de l’enseignement en période de pandémie ont été mises en avant lors de la conférence. Avec l’enseignement à distance, un manque d’engagement des élèves, notamment chez les adolescent.e.s très réticent.e.s à la participation orale en ligne, a été remarqué par les enseignant.e.s. Un problème d’assiduité en cours a aussi été souligné par les trois conseillères pédagogiques, entraînant notamment des écarts de niveau dans les classes supérieures.

Pour elles, l’éducation en ligne a aussi eu un impact important sur le moral des élèves et du personnel éducatif. En effet, elle a engendré chez beaucoup un isolement social important. La question de la santé mentale à l’école est aujourd’hui au centre des préoccupations. 

L’apprentissage francophone en temps de pandémie 

La pandémie et la distanciation sociale ont beaucoup affecté l’enseignement en milieu minoritaire, notamment francophone. Pour Dalley et Boultif, l’un des problèmes est le manque de ressources francophones disponibles pour les élèves et enseignant.e.s. Élèves comme enseignant.e.s ont dû passer de consommateur.ice.s seulement à producteur.ice.s de contenu francophone, souligne Amal Boultif dans sa présentation. 

L’école est un lieu de socialisation francophone important pour les enfants. Comme l’a souligné Dalley, certain.e.s enfants inscrit.e.s à l’école en français se sont retrouvé.e.s coupé.e.s de la communauté francophone et ont souffert d’un manque de contact social francophone. Elle développe sur le fait que l’héritage socioculturel des élèves ne leur permettait pas d’établir un lien avec d’autres membres de la communauté et un accès aux ressources francophones (chaînes de télévision françaises, livres).

Tous les élèves ne partent pas sur le même pied d’égalité en ce qui concerne la francophonie. Selon Dalley, il existe aussi des inégalités entre les francophones quant à la reconnaissance et au traitement donnés aux différentes variations du français. Dalley poursuit qu’il est important de se rappeler que la communauté francophone au Canada est très diversifiée et ne se limite pas seulement au français de métropole et au québécois. Pour elle, « la pandémie est arrivée à un moment clé » quant à la reconnaissance des minorités linguistiques et culturelles francophones du Canada.

L’avenir de l’éducation 

Tous les invité.e.s sont d’accord : une véritable réflexion doit être faite sur le futur de l’enseignement. Pour beaucoup, il sera important de bâtir la connaissance future par le dialogue et l’échange exprime Dalley. Dialogue entre parents et enseignant.e.s, enseignant.e.s et élèves, mais aussi entre les enseignant.e.s et le système. Selon Dalley, l’acceptation et l’inclusion des minorités ethniques, linguistiques et culturelles devront obligatoirement être faites. Par acceptation, elle entend la reconnaissance du système éducatif francophone en acceptant, par exemple, les différentes syntaxes, les accents, les prononciations.

Selon Bourgeois, le format des cours en ligne dans l’enseignement élémentaire et secondaire ne va pas se poursuivre. L’école en présentiel va être favorisée pour ne pas priver les plus jeunes de compétences sociales importantes à leur développement et bien-être. Comme l’ont souligné Davies, Brassard et Fauteux, des enseignant.e.s ont remarqué que des enfants ont perdu en socialisation, en « savoir-vivre ».

Pour les plus âgé.e.s, le débat est encore vif sur la place que prendra ce nouveau format. D’après Bourgeois : « les gens ont reconnu l’importance d’être ensemble pour apprendre et donc il va falloir que l’on trouve un juste milieu entre le présentiel et les cours en ligne pour favoriser une expérience enrichissante pour les étudiant.e.s. Il faut qu’il y ait des liens humains ». Le format va peut-être évoluer, mais les nouveaux outils vont rester.

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