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Mois de l’histoire des femmes : Entrevue avec Lesly Nzeusseu du Centre de ressources des femmes

Eya Ben Nejm
19 octobre 2022

Crédit visuel : Lesly Nzeusseu – Courtoisie

Entrevue réalisée par Eya Ben Nejm – Journaliste

Octobre est le mois de l’histoire des femmes au Canada. Il s’agit d’une occasion de mettre en avant et de célébrer l’histoire de toutes les femmes inspirantes qui ont marqué et continuent de marquer le pays. Lesly Nzesseu est superviseure aux événements et marketing du Centre de ressources des femmes. Elle discute avec La Rotonde de son militantisme et de son évolution dans le mouvement féministe.

La Rotonde (LR) : Pourquoi avez-vous décidé de devenir bénévole au Centre de ressources des femmes ?

Lesly Nezeusseu (LN) : Lorsque j’ai suivi un cours de première année d’introduction au féminisme, ça m’a permis d’ouvrir les yeux sur tellement de sujets de société. Je voulais m’impliquer davantage. J’ai vu sur les réseaux sociaux que le Centre était à la recherche de bénévoles, et j’ai directement envoyé ma candidature.

LR : Comment organisez-vous les événements du Centre et quels sont les buts de ces derniers ?

LN : Nous avons des évènements hebdomadaires, comme les clubs de lecture. On fait aussi de grands évènements, par exemple lorsqu’on reçoit un.e invité.e pour une discussion. Durant la préparation, on s’assure de l’accessibilité de nos évènements et on essaye de se mettre d’accord en groupe sur l’organisation. Nous organisons également des cercles de survivantes et des activités incluant l’approche intersectionnelle. Notre but est de sensibiliser la communauté face aux agressions sexuelles, ainsi que d’exiger le mieux pour le soutien des survivantes.

LR : À quel moment le féminisme est-il devenu un enjeu à défendre pour vous ? Comment cela se traduit-il dans votre militantisme ?

LN : Étant plus jeune, une amie m’a envoyé une vidéo d’Emma Watson qui parlait du féminisme aux Nations Unies. J’ai commencé à en apprendre plus sur le mouvement, et je suis vite devenue passionnée par les enjeux féministes et la justice sociale. Cela m’a donné le goût de travailler dans le milieu. Plus jeune, j’ai commencé avec un plan international en Belgique. J’ai ensuite fait partie de différents organismes qui ont pour mandat de promouvoir l’égalité des genres. Je pense que c’est important de sensibiliser notre communauté sur ces questions.

LR : Quelle est l’importance d’organiser un mois de l’histoire des femmes au Canada ?

LN : Certain.e.s diront qu’il y a beaucoup trop de dates et de mois spéciaux pour différentes occasions, mais c’est important. Cela permet de reconnaître l’existence de problèmes sociaux, qui perdurent, mais qu’on a tendance à mettre de côté. Le mois de l’histoire des femmes est une occasion de reconnaître l’apport des femmes dans l’histoire. Par ailleurs, certaines inégalités du passé perdurent jusqu’à aujourd’hui. C’est pour ces raisons que nous avons besoin de ce mois.

LR : Les femmes d’aujourd’hui ont-t-elle acquises les droits nécessaires ? Peut-on parler d’égalité totale au Canada ?

LN : C’est sûr qu’on a beaucoup plus de droits qu’avant : nous pouvons davantage participer à la vie active, à la sphère publique. Mais nos droits ne sont jamais acquis, comme le montre l’exemple des États-Unis [avec le renversement de l’arrêt Roe v. Wade]. Rien n’est garanti, du jour au lendemain nous pouvons perdre nos droits, et nous devons en être conscientes pour s’assurer de les protéger.

Au Canada, on pense qu’on est mieux qu’aux États-Unis, plus avancés sur la question des droits. Mais l’écart salarial entre les femmes et hommes est toujours d’actualité. Ça m’étonne de voir qu’aujourd’hui ce problème persiste, sans polémique. Néanmoins, je ne nie pas les avancées sociales. Aujourd’hui, nous pouvons par exemple voter, avoir un compte bancaire, mais il y a encore des choses à améliorer.

LR : La représentation intersectionnelle des femmes dans le milieu professionnel est-elle une façade ?

LN : Mettre des photos de personnes racisées en première page montre la diversité, mais est-ce qu’elles se sentent incluses dans l’esprit de l’entreprise? Est-ce qu’elles ont accès aux mêmes promotions, aux mêmes opportunités de carrières? Je ne pense pas.

À travers les réseaux sociaux, un certain message est envoyé de la femme libre. Les médias tentent de montrer un modèle de femme femme émancipée qui correspond à un modèle occidental. Il est ensuite dit que celui-ci devrait s’appliquer aux femmes des pays du Sud. C’est selon moi une façon de dominer. Il n’y a pas un modèle d’émancipation, qui conviendrait à tout le monde.

LR : En quoi les modèles de femmes sont-ils primordiaux dans le développement des enfants ? 

LN : Je n’ai jamais eu une Barbie avec des cheveux afros. J’ai toujours voulu avoir des cheveux lisses. Les modèles jouent un rôle important dans la poursuite des rêves des enfants. Quelques modèles essayent de casser les conventions. J’essaye dans mon travail d’être une inspiration, comme ma mère l’a été pour moi.

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