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Opinions

Naviguer l’Université après deux ans de pandémie

Marina Toure
2 novembre 2022

Crédit visuel : Archives

Chronique rédigée par Marina Touré — Cheffe du pupitre Actualités

En annonçant le retour en personne lors de la rentrée d’automne, l’Université d’Ottawa (U d’O) a déclaré mettre fin aux cours en ligne. Adieu zoom et retour sur le campus. Mon retour en classe m’a permis de retrouver une vie hors de mon ordinateur, mais a aussi mis en évidence une nouvelle réalité oppressante. Je dois désormais apprendre à gérer cette nouvelle anxiété, et ce, dans un environnement qui n’est pas toujours accommodant.

Un campus non adapté

Bien que l’U d’O ait annoncé la fin des cours en ligne, 10 % d’entre eux ont tout de même été programmés en virtuel, la possibilité d’offrir ce format restant essentielle pour les professeur.e.s. Après tout, cela permet de faire ses cours sans forcément devoir se rendre en salle de classe et offre aux professeur.e.s plus de flexibilité dans leur emploi du temps. Par ailleurs, la pandémie n’est pas non plus terminée puisque les étudiant.e.s et enseignant.e.s continuent à tomber malade. Des experts de la santé publique ontarienne parlant même d’une nécessité de réinstaurer certaines mesures sanitaires, le bimodal demeure donc un besoin.

Les étudiant.e.s sont ainsi nombreux.ses à demander une augmentation de l’offre de cours en ligne, ainsi que le retour du format hybride, ce qui soulève une nouvelle problématique : trouver de la place disponible sur le campus pour pouvoir étudier et assister aux cours virtuels. Cependant, les espaces à disposition sont très demandés et l’accès aux salles d’études nécessite des réservations deux semaines à l’avance. Quand tu n’as que 10 minutes entre deux classes, trouver un endroit pour te connecter au zoom et suivre le cours devient tout simplement impossible.

Pour moi, c’est ici que se situe le problème, d’autant plus que certains cours initialement prévus en personne sont parfois reprogrammés en ligne à la dernière minute. Dans ces moments nécessitant un maximum de flexibilité, trouver un espace à l’Université qui accommode ce besoin n’est pas possible. Naviguer l’Université est une épreuve pour la majorité des étudiant.e.s et si la charge de travail et le stress des examens font partie intégrante de notre quotidien, nous ne devrions pas avoir à chercher des endroits pour pouvoir travailler.

Face cachée du retour en personne

Deux ans à la maison m’ont enseigné plusieurs choses et m’ont aussi permis de repérer les faiblesses de l’enseignement à l’U d’O : par exemple, le manque d’accessibilité de l’enseignement  avant la pandémie, ou encore le manque de flexibilité par rapport aux différents besoins des étudiant.e.s. Cette période a également contribué à créer un confort et un nouveau style de vie et bouleverser cela du jour au lendemain peut causer de l’anxiété et de l’inconfort. Le fait que les protocoles de santé changent aussi vite participe également à créer ce sentiment. Je me retrouve en classe avec des personnes visiblement malades, qui n’ont pas d’autres choix que de venir à l’Université dû au manque d’accommodations.

Par ailleurs, mon retour à l’université a aussi été accompagné par ce que certain.e.s ont appelé l’«anxiété post-pandémie», soit l’anxiété que l’on peut ressentir à la sortie de la pandémie, lorsque l’on retourne aux activités en personne. C’est ce sentiment d’inconfort qui ne me quitte jamais vraiment. J’ai peur de tomber malade, je ne me sens pas toujours à l’aise d’aller en classe, je me demande si je ne suis pas jugée quand je suis la seule dans la classe à porter mon masque. Ce sont des pensées qui me traversent souvent l’esprit lorsque je me retrouve sur le campus. Sans vraiment me laisser le temps de m’adapter, l’Université m’a forcé, du jour au lendemain, à mettre de côté le rythme de vie que j’avais mis en place alors que visiblement, elle n’est pas vraiment prête à faire face aux nouveaux besoins nés durant la pandémie.

Peu importe ton état mental ou physique, il est attendu que tu te rendes à l’Université. On te demande constamment de faire des choix entre ta santé et ton éducation, sans pour autant t’offrir des ressources ou des services pour t’aider. Le service de counseling de l’Université engendre des expériences mitigées, qui pour ma part ne m’encouragent pas à tenter l’expérience. Ce n’est pas comme si être étudiante à temps plein me permettait non plus de ralentir la cadence. Je me retrouve donc à devoir choisir entre aller en cours et me sentir misérable, ou rester à la maison pour ensuite rattraper tant bien que mal le travail.

Cela met en évidence ce qu’est vraiment le système d’éducation postsecondaire. Les hausses de frais de scolarité sont courantes, mais les services d’aide ne sont pas pour autant toujours compris. Somme toute, je ne peux pas dire que le retour en personne fut facile. Je suis obligée de naviguer tant bien que mal les imprévus, les changements et l’anxiété, tout en tentant de poursuivre mon éducation. Finalement une chose est sûre, nous ne devrions pas avoir à faire ces choix pour réussir à décrocher notre diplôme.

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