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Une pétition pour un retour aux cours hybrides à l’Université d’Ottawa

Nonibeau Gagnon-Thibeault
6 octobre 2022

Crédit visuel : Archives

Article rédigé par Nonibeau Gagnon-Thibeault – Journaliste

Une pétition en faveur des cours hybrides à l’Université d’Ottawa (U d’O) circule en ligne. L’auteure de la pétition, Hannah Wiedrick, croit que les étudiant.e.s ne devraient pas avoir à mettre leur santé, ou celle des autres, à risque afin d’assister à leurs cours. La pétition, publiée il y a plus d’une semaine, compte plus de 490 signataires.

«J’aimerais que chaque cours puisse être accessible en ligne et que les étudiant.e.s puissent y participer sans être physiquement en classe», partage Wiedrick en entrevue avec La Rotonde. Elle argumente que l’installation des équipements de vidéoconférence dans les salles de classe durant le début de la pandémie rend l’enseignement bimodal possible. «L’Université a dépensé une tonne d’argent, c’est déjà là», insiste la présidente de l’Association des étudiant.e.s en classiques et religions (AÉCRSA).

Étudiant.e.s malades en classe

L’U d’O recommande le port du masque dans ses bâtiments et demande aux étudiant.e.s malades de rester chez elles et eux. Ces demandes sont insatisfaisantes pour Wiedrick, qui remarque la présence de personnes malades en classe. Elle y porte une attention particulière, ayant elle-même une maladie auto-immune. «Je vois des gens malades depuis le début du semestre. Ce n’est pas sécuritaire», juge l’étudiante de 4e année en Psychologie et en Antiquité grecque et romaine.

Wiedrick ne blâme cependant pas ceux.celles qui se présentent malades en classe. «L’Université ne leur offre pas d’autres options. C’est ça ou ils.elles n’ont pas accès aux cours», constate-t-elle. Le port optionnel du masque sanitaire à l’U d’O facilite les risques de transmission par les personnes infectées par la COVID-19, rappelle Wiedrick.

Le SÉUO opposé aux cours hybrides

Commissaire à la revendication du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO), Chelsey-Lynn Rousselle s’inquiète également des conséquences que peuvent avoir les consignes de l’U d’O sur la transmission de la COVID-19 dans la communauté universitaire. Le SÉUO s’oppose cependant au modèle d’enseignement hybride. Il revendique plutôt le port du masque obligatoire, ainsi que la diffusion en ligne des cours.

Rousselle raconte avoir partagé la pétition de Wiedrick à la provost et vice-rectrice aux affaires académiques de l’U d’O, Jill Scott, afin de faire pression sur l’accessibilité en ligne des cours. «Je lui ai envoyé plusieurs courriels avec la pétition pour lui montrer qu’il s’agit d’une demande des étudiant.e.s», assure Rousselle.

Une porte-parole de l’U d’O affirme que l’institution encourage le personnel enseignant à diffuser ses cours en direct ou à les enregistrer. Le pouvoir de demander aux professeur.e.s d’enregistrer leurs cours revient toutefois aux facultés, celles-ci laissant actuellement à chaque professeur.e le choix de les enregistrer ou non. Rousselle assure que le SÉUO exerce une pression sur les facultés pour les inciter à diffuser leur cours en ligne. «Il y en a qui font mieux que d’autres», commente la Commissaire à la revendication.

Wiedrick, pour sa part, se désole que cette décision revienne à chaque professeur.e et croit que l’approche de l’enseignement bimodal devrait être systématique. «Les programmes devraient être accessibles en ligne parce qu’ils le peuvent», affirme l’étudiante.

Des échanges sans résultats avec l’U d’O

Le SÉUO s’est rallié à la Coalition intersyndicale de l’Université d’Ottawa (CIUO), qui considère que les cours hybrides diluent la qualité de l’éducation. La CIUO demande des cours entièrement en présentiel, avec un plus petit nombre d’étudiant.e.s. En complémentarité, des cours entièrement en ligne pourraient être offerts pour accommoder celles et ceux qui ne peuvent pas se présenter sur le campus.

Rousselle rapporte que ses contacts avec l’U d’O quant à ces demandes sont restés stériles. «Ça me frustre, c’est vraiment décevant», partage la Commissaire à la revendication du SÉUO. Le peu de progrès dans ces échanges et l’opposition du SÉUO aux cours hybrides étaient précisément ce qui avait convaincu Wiedrick de créer sa pétition. Bien que Wiedrick soit contente d’avoir eu autant de signatures à partir d’une publication Instagram, elle ne compte pas s’arrêter là. 

Rousselle considère que l’attitude de l’U d’O sur cette question reflète celle d’une entreprise. Selon iel, l’U d’O met ses propres intérêts de l’avant plutôt que ceux de la communauté universitaire. Rousselle souligne l’augmentation des frais de scolarité ainsi que les coupures budgétaires dans les départements de l’Université comme étant des exemples de gestion dignes d’une entreprise.

Accommodements insuffisants au SASS

Wiedrick rappelle dans sa pétition que la possibilité de suivre les cours en ligne éviterait aux personnes immunocomprises ou ayant un handicap de se mettre à risque. C’est une des raisons principales qui l’a poussée à lancer cette pétition. «Je connais beaucoup de personnes avec un handicap, ça les affecte. [… ] Je veux apporter des changements», partage-t-elle.

La présidente de l’AÉCRSA déplore également que le Service d’appui au succès scolaire (SASS) de l’U d’O ne puisse pas l’accommoder. En raison de son handicap, le SASS lui offrait l’aide d’étudiant.e.s pour la prise de notes dans trois de ses cours. Cependant, actuellement, le SASS ne peut pas lui offrir cette aide due à un manque de volontaires. C’est une autre bonne raison de mettre en place l’option des cours en ligne, selon Wiedrick.

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