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Nouvelle Gouverneure générale ; quels enjeux sont posés sur la table ?

Rédaction
23 juillet 2021

Crédit visuel : Archives 

Article rédigé par Emmanuelle Gingras – Journaliste

Mary Simon est la première Gouverneure générale inuite de l’histoire canadienne. Qu’est ce que son arrivée signifie dans un Canada bilingue qui compte 1,6 million d’Autochtones ? Sur les identités culturelles existantes au Canada ? Qu’est ce que sa nomination fait surgir comme enjeux ? 

Lors d’une première conférence de presse, Mary Simon annonçait qu’elle avait l’intention d’apprendre la langue qui est parlée par environ 20 % de la population canadienne. Malgré tout, des centaines de plaintes auraient été faites auprès du Commissaire aux langues officielles. 

Reconnaissances des langues 

Normand Labrie, doyen par intérim de l’Institut pédagogique de l’Ontario et ancien recteur par intérim de l’Université de l’Ontario français comprend l’inquiétude qu’ont plus d’un.e francophone à l’égard de Simon; « Elle représente l’État canadien et dans le droit canadien, les citoyen.ne.s ont le droit de s’adresser dans la langue de leur choix; le français ou l’anglais », concède-t-il.

Labrie, qui se dévoue à la cause francophone minoritaire depuis plus de 30 ans, rappelle qu’une langue est quelque chose qui peut s’apprendre avec le temps; « Les études disent que ça prend environ 600 heures pour atteindre un niveau [francophone] fonctionnel, cela veut dire sept mois. [L’apprentissage]  prend [aussi] une régularité. La Gouverneure générale va devoir réserver du temps dans son horaire pour apprendre le français », énonce-t-il. 

Ce dernier remarque toutefois qu’il y a aussi un manque d’effort collectif de la part du peuple canadien pour apprendre les langues autochtones. Ces langues font également partie, selon lui, de l’identité du pays.

Lynne Groulx, directrice générale de l’Association des femmes autochtones du Canada, est de son côté, ravie par cette annonce. La défenseure des droits autochtones qualifie l’arrivée de Simon d’un véritable pas vers une réconciliation. 

Elle évoque les barrières que les membres des Premières Nations ont connues dans leur vie, qui feraient en sorte que le français, langue coloniale, n’ait pas été une priorité. En effet, comme Labrie, cette dernière espère « que [les] langues autochtones seront reconnues de la même façon que les autres langues officielles du Canada. »

Oppression dans l’oppression

Labrie reconnaît la présence de ces barrières entre les francophones de l’Ontario et les membres des Premières Nations, tout comme à travers le Canada. Il mentionne notamment la présence des Métis se considérant comme franco-ontarien.ne.s. Cette communauté a souvent été ignorée et réapparaît dans les prises de conscience depuis environ 20 ans, rapporte-t-il.

Il affirme que les mouvements de résistance des francophones minoritaires, en réaction à leur marginalisation, se sont construits dans un esprit de groupe parfois renfermé sur lui-même. « Tout ce mouvement, au cours des dernières décennies, s’est fait sans égard nécessairement envers les autres habitant.e.s [dont les] Premières Nations », observe-t-il. D’après Labrie, l’identité découlant de ces mobilisations est plutôt cohésive et pas toujours inclusive. 

Celui qui dirige aussi le Centre de recherche sur l’éducation franco-ontarienne met en évidence le manque de recherches qui ont été faites à ce niveau [Premières Nations/Métis en Ontario français]. Il révèle que « ça [la recherche] n’a pas vraiment été un point central », même dans une communauté où la francophonie risque la précarité.

Rôle colonial

Si la francophonie est le résultat du colonialisme et a activement participé à certaines formes de discriminations, comme le mentionne Labrie, il s’agit aussi du cas pour le rôle de Gouverneure générale. 

Groulx reconnaît en effet, la contradiction d’avoir une membre des Premières Nations au sein d’un poste symbolisant le colonialisme. « Oui, c’est [le rôle de gouverneur.e général.e]  une position coloniale, ancrée dans la monarchie et qui représente la couronne. Cependant, nous [les autochtones] travaillons toujours dans une machine coloniale, c’est pourquoi je soutiens cette décision », précise la directrice générale.

À son avis, les membres des Premières Nations doivent travailler avec le gouvernement afin d’aider leurs communautés. Selon elle, au final, une réconciliation, une autonomie, mais surtout, une reconnaissance des besoins des membres des Premières Nations pourront évoluer mieux que jamais sous la tutelle de Simon.

 

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