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Éditorial

Participez… mais pas trop

Rédaction
13 novembre 2017

Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

 

Vous savez, il y a des dossiers que vous lirez chaque année dans La Rotonde. On pense par exemple aux élections de sphère de la politique étudiante, aux hausses des frais de scolarité (parce que oui, c’est devenu une garantie) et la culture du bilinguisme à l’Université d’Ottawa. Et bien, nous sommes en novembre, alors oui, c’est maintenant le temps des assemblées générales (AG).

Le 14 novembre, soit ce mardi, se tiendra la première Assemblée générale de l’année 2017-2018 dans l’auditorium des anciens dès 18h30. Pourquoi est-ce important de le préciser ? Parce que comme d’habitude, la campagne de communications et de publicité de l’événement fait encore défaut, au point où l’expression faire pitié semble très adéquate.

À part l’habituel événement Facebook où disent vouloir participer un peu moins d’une centaine de personnes, il n’y a rien. Pas d’affiches. Il n’y a aucune annonce sur la page d’accueil du site web de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO). Le petit rappel du 3 novembre écrit avec un français douteux n’inclut aucune mention de la possibilité d’y présenter des motions. Non, on n’invite la population étudiante qu’à « poser des questions aux exécutifs de la FÉUO ».

Un jeu d’optiques

« C’est une occasion de t’impliquer dans la gouvernance de la Federation! »

Tels sont les mots exacts que vous pouvez lire au bas de la note invitant les membres de la FÉUO à se présenter à l’AG. Oublions un instant l’absence des accents pour d’abord remettre les points sur les i.

Poser des questions ne devrait pas être la quête tant recherchée pour pouvoir dire qu’il y a une réelle participation de la sphère étudiante au sein de ses institutions. Poser des questions n’est que la base. Avec le ton qu’elle a adopté, la FÉUO présente les assemblées comme étant un forum informatif sur les rouages de la FÉUO où l’on peut interroger ceux et celles qui sont au pouvoir.

Mais le caractère réel de cette instance n’est pas d’être une journée portes ouvertes. C’est une instance visant à donner une opportunité sérieuse aux étudiant.e.s pour responsabiliser l’exécutif de la Fédération et de faire valoir leurs véritables intérêts. Malheureusement, il est évident que ce caractère fondateur des AG a été complètement mis de côté et remplacé par une fausse assemblée participative.

Disons que la FÉUO est la surface réceptive de lasers. Ces faisceaux lumineux sont émis sur une surface composée de différents alliages métalliques aux propriétés et épaisseurs variées. C’est sur ce revêtement optique que dépendra l’efficacité de la réflexion du laser et l’altération de la lumière transmise.

Dans le contexte uottavien et féuosien, le laser représente les intérêts réels de la population étudiante. Cette dernière souhaite les voir se concrétiser, mais pour ce faire, aura à passer par un intermédiaire, la FÉUO, qui en théorie agira comme un écho à la voix plus forte. Toutefois, si cet intermédiaire, cette surface réceptive, est composée d’un revêtement aux propriétés qui dispersent la réflexion du laser, qui en changent complètement la nature, où qui n’est tout simplement pas reflété, les intérêts de la population étudiante se perdront.

Ils ne seront pas transmis, ni même écoutés, et ce parce que l’élément sensé agir comme un tremplin et un miroir est composé de matériaux qui ne reflètent pas les intérêts des membres de la Fédération.

Une vraie fédération ?

Maintenant au tour d’une autre lentille, celle de la démocratie. L’an dernier, l’encre qu’ont fait couler les AG a épongé les pages de propos au sujet de la perte du statut de pouvoir décisionnel de cette institution. Ce changement a écarté le caractère véritable des AG, tout en confiant au Conseil d’administration de la FÉUO le statut de plus haute instance décisionnelle.

Certes, cette décision controversée est venue retirer aux étudiant.e.s leur pouvoir de participation active et directe en leur Fédération. Désormais, la seule manière pour les membres de la Fédération de voter directement sur des motions est par l’entremise de référendums.

Cet outil a une force contraignante selon l’article 4.3.5 de la Constitution de la FÉUO, ce qui veut dire que la FÉUO est liée et devra concrétiser la volonté de ses membres en fonction des résultats.

Malgré tout, les questions référendaires sont tout de même gérées par le joug du Conseil d’administration, perpétuant la tangente institutionnelle qui accorde à cette instance un monopole politique.

La défaillance du fédéralisme exécutif féuosien, et en une certaine mesure du fédéralisme de concertation, alimente aussi la non-participation concrète de la population étudiante, mais cette fois par l’entremise des corps fédérés. Ce déficit hiérarchique fait en sorte que l’entité centralisée, soit la FÉUO, jouit du fait que les autres membres de l’accord fédéral ne participent aux discussions qu’à titre de membre du public, ne faisant qu’exprimer leur opinion sur un sujet.

Sans cette participation des membres de la Fédération, il devient clair que la conversation évolue vers une question beaucoup plus large que celle où l’on ne s’interroge que sur le caractère véritable des AG.

La question à se poser maintenant, et dans le futur, est de savoir si la FÉUO respecte encore son esprit fondateur et, subsidiairement, de se poser la question si cette institution est réellement, dans les faits, une fédération.

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