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Pourquoi l’accès à des salles de bains non genrées est-il si difficile à l’Université d’Ottawa ?

Eya Ben Nejm
4 février 2023

Crédit visuel : Pixabay 

Article rédigé par Eya Ben Nejm – Journaliste

L’Université d’Ottawa (U d’O) prône une politique d’inclusivité. Sur son site, l’institution déclare que « l’inclusion, la validation et la fierté sont des mots d’ordre chez nous ». Pourtant, l’accès à des salles de bains non genrées reste difficile. Le manque de présence de toilettes neutres suscite des interrogations. Est-ce un sujet tabou ? Comment rendre l’espace universitaire confortable pour chacun.e ?

Les institutions universitaires mettent de plus en plus en place des salles de bains non genrées, dans un but d’inclusivité des établissements. À l’U d’O, des centres existent également dans le but de défendre les intérêts de la communauté LGBTQ+, tels que le Centre de la fierté, rattaché au Syndicat étudiant de l’U d’O. Phoebé Qiao, coordinatrice du Centre, explique que son objectif principal est de défendre différentes revendications, telles qu’une meilleure couverture médicale à l’Université destinée aux personnes transgenres, mais aussi la présence de toilettes neutres et accessibles.

Un sujet tabou ?

Les toilettes neutres ne sont pas un sujet sensible sur le campus, pense une étudiante anonyme en première année de criminologie. Selon elle, dans son école secondaire, la question aurait été différente. Ils.elles avaient une idéologie péjorative sur la question, déclare-t-elle. Néanmoins, elle explique que la donne est différente dans une institution aussi grande que l’Université. Il y a des personnes qui s’opposent, mais l’objectif est effectivement de « continuer le combat » en défiant les idées reçues, affirme Qiao. Toutefois, elle affirme que la communauté étudiante est dans l’ensemble ouverte sur le sujet.

Selon Qiao, la localisation partagée par l’Université pour guider les étudiant.e.s n’est pas tout à fait juste. Un étudiant transgenre de première année qui a souhaité rester anonyme exprime n’avoir jamais rencontré de toilettes neutres sur le campus. Personne ne lui a informé de leur l’existence, ce qui lui cause « pas mal de confusion ». Selon iel, l’installation des toilettes neutres doit être accompagnée d’une meilleure communication sur l’exactitude de leur l’emplacement. Parfois, ces toilettes se trouvent dans des bâtiments difficiles d’accès, ajoute Qiao. Le rôle du Centre consiste alors à être en contact avec l’Université pour lui faire part de la situation, informe-t-elle.

En comparaison à d’autres établissements, l’U d’O est en retard, déclarent l’étudiante anonyme et la coordinatrice du Centre de la fierté. Youssef Mrani, étudiant de deuxième année en commerce à l’Université Concordia, constate qu’il y a « beaucoup de toilettes non genrées à Concordia ». Il n’est pas étonné de voir qu’il y a « beaucoup d’ouverture d’esprit » au sein de son Université. Selon lui, les étudiant.e.s de Concordia sont à l’aise, et ne voient aucun inconvénient à la présence de nouvelles salles de bains neutres.

Les salles de bains sont aménagées comme des cabines individuelles assurant l’intimité de chacun.e, ajoute-t-il. L’Université de Concordia n’est pas la seule. Différents cégeps et collèges au Québec offrent cette alternative, souligne l’étudiante anonyme.

Une répartition équitable

Quant à l’U d’O, la grandeur du campus rend difficile d’avoir des toilettes non genrées partout, explique l’étudiante anonyme. La question d’augmenter ou de créer des aménagements demande des coûts, mais en vaut la peine, déclare Qiao. Elle souligne l’effort fourni par le Centre pour favoriser leur développement.

Le manque de toilettes neutres cause du tort à l’étudiant transgenre en première année. Iel révèle être au début de sa transition, et raconte avoir peur de rentrer dans les toilettes des hommes, même si elles correspondent davantage à son identité. Il ajoute ne pas se sentir « encore assez masculin pour mériter cet espace ». Ainsi, les toilettes neutres aident les personnes en transition, car aller dans des toilettes qui ne correspondent pas à leur genre peut affecter leur santé mentale.

La coordinatrice du Centre de fierté revendique une répartition 50/50 au sein de l’Université. C’est une perspective partagée par l’étudiante anonyme. Celle-ci est pour l’ajout de toilettes neutres, mais pas la suppression des toilettes genrées. C’est une opinion défendue aussi par la coordinatrice. Qiao prend en compte diverses cultures où les toilettes genrées sont importantes. Ainsi, l’objectif est selon elle de créer une balance entre les deux, pour permettre à tout.e.s de se sentir à l’aise au sein du campus et pour rendre la vie sécuritaire pour les personnes concernées.

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