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Éditorial

Prendre position le 22 octobre prochain

Rédaction
15 octobre 2018

Montage Andrey Gosse

 

Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

 

Les affiches à chaque coin de rue, les publicités commanditées sur Facebook, la twittosphère qui s’agite… La campagne électorale municipale d’Ottawa bat son plein mais force est d’admettre qu’elle présente des vides sur plusieurs volets.

Le poste qui attirera sûrement le plus d’attention suite au scrutin du 22 octobre est sans doute celui de maire. Ce ne sont pas moins de 12 candidats qui se font la lutte, dont le maire sortant Jim Watson qui brigue un 4e mandat. Fait à retenir : aucune femme ne fait partie du groupe.

La diversité en politique est en quelque sorte ce qui lui donne sa force de par les différentes perspectives qu’elle emmène, ainsi qu’une meilleure représentativité. L’absence de candidates résonne fort. Pourtant, des mesures auraient pu être prises pour essayer de remédier à cette situation.

Par exemple, la conseillère sortante de Gloucester-Southgate, Diane Deans, avait proposé un projet visant la création d’un Bureau de la femme à l’Hôtel de ville. Le conseil municipal a ensuite approuvé « l’exploration de la création » d’un tel bureau en mars. Initialement réticent, le maire Watson a ensuite fait un volte-face timide face à l’élan qu’avait gagné le projet.

C’est le même maire qui s’est dit satisfait du nombre de candidates pour les postes au conseil municipal cette année, qui représente un taux de 19 %. C’est le même maire qui a refusé l’invitation à un débat sur les enjeux de genre entre les candidats à la mairie. C’est le même maire qui avait déclaré que ce n’était pas le rôle des leaders politiques – comme lui-même – de faire en sorte que plus de femmes soient élues.

Encourager des femmes à se présenter comme candidates doit faire partie de ses objectifs. Il n’est pas question ici de demander aux gens de voter pour des femmes parce qu’elles sont des femmes. L’objectif de Watson aurait dû être– et devra être s’il est élu – de mettre en place les mesures de sensibilisation nécessaires pour accroître le nombre de femmes se présentant aux prochaines élections.

 

Vive la transparence !

Un autre élément que cette campagne souligne est ironiquement celui du manque de transparence concernant plusieurs dossiers. Plusieurs candidats ont dans leur plateformes respectives une mention voulant une plus grande transparence du conseil municipal auprès de la communauté ottavienne. C’est un principe qui en théorie se voudrait logique, mais bon, on sait tous comment ça finit.

La controverse du projet de l’Armée du Salut dans Vanier en est un exemple parfait. Les candidats au poste de conseiller pour Rideau-Vanier ont fait savoir leur opposition et ont dénoncé le manque de consultation auprès des Vaniérois.

La réaction de certaines personnes de l’extérieur face à cette situation a été de pointer du doigt les opposants au projet en les accusant de faire fi de leur responsabilité sociale. Soit par ignorance ou oubli intentionnel, ils ne mentionnent toutefois pas que c’est dans Vanier que l’on trouve le Centre de soins de santé autochtone Wabano, le Centre de traitement de la toxicomanie Maison Fraternité, la Maison Marie-Louise, une clinique de santé mentale pour les enfants et une panoplie d’autres ressources. Ce sont ces services qui méritent d’avoir une plus grande visibilité, c’est eux qui devraient être visés par des campagnes de sensibilisation au conseil municipal.

Pour un autre cas de manque de transparence, on n’a pas besoin d’aller bien loin. ­Radio-Canada­ a récemment publié un reportage qui démontre que des résidences recouvrent « tous les anciens dépotoirs et sites industriels qui se retrouvaient dans les limites de l’ancienne ville de Vanier ». Au total, « près du quart de la superficie habitée de l’ancienne ville était jadis un dépotoir ou un site contaminé par des déchets industriels ».

Certains habitants du quartier étaient déjà au courant de cela. On nous ne l’avait pas caché au primaire quand on nous rappelait assez régulièrement qu’on ne pouvait pas boire l’eau des buvettes à cause du taux de mercure ou qu’il n’était pas possible de  remplacer l’asphalte dans la cour d’école par du gazon à cause du plomb dans le sol. Des avis sont envoyés chaque année avec les mêmes précautions : empêchez les jeunes enfants de jouer dans la terre, n’y faites pas pousser des légumes, etc.

Par contre, il y a aussi pas mal de gens qui ne devaient pas être informés de cette situation. Et pourtant, la Ville d’Ottawa était au courant de cela… depuis 2004.

C’est ridicule. Si ce n’est pas considéré comme un cas de manque de transparence, redéfinissons le terme parce que la situation est aberrante.

Les oubliés des élections

Il y a un autre volet des élections qui reçoit une part ingrate de l’attention : les élections des conseillers scolaires. Ce sont eux et elles qui guident les conseils scolaires vers la direction à prendre, qui sont sur le terrain avec les parents et les instances institutionnelles, et qui revendiquent pour les francophones auprès du gouvernement.

La promotion de la démocratie scolaire doit être haussée car ces élections sont souvent ignorées, mais elles sont un élément vital du fonctionnent de notre système scolaire. Certes, leurs pancartes sont peut-être plus sobres, faute de moyens, mais, de grâce, prenez un petit moment de votre journée pour faire votre recherche sur les candidat.e.s qui souhaitent vous représenter.

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