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Sports et bien-être

Promouvoir la justice sociale à travers le sport universitaire ; entrevue avec Borys Minger

Dawson Couture
28 février 2022

Crédit visuel : Courtoisie – Greg Mason

Entrevue réalisée par Dawson Couture – Journaliste

Dans les derniers moments du Mois de l’histoire des Noir.e.s, La Rotonde s’est entretenue avec le co-président du nouveau Conseil de défense des étudiant.e.s-athlètes noir.e.s (CDEAN) de l’Université d’Ottawa (U d’O), Borys Minger. Le joueur vétéran de l’équipe de basketball masculin des Gee-Gees raconte son parcours personnel ainsi que l’évolution du Conseil au cours des deux dernières années.

La Rotonde (LR) : Pouvez-vous décrire votre parcours personnel et athlétique, de la Guyane jusqu’à votre cinquième année avec les Gee-Gees ? 

Borys Minger (BM) : Je suis né en Martinique, mais j’ai réellement pu commencer à jouer au basketball en Guyane où j’ai participé à plusieurs tournois internationaux durant mon enfance. C’est là que je me suis fait repêcher par l’équipe du Cégep de Thetford Mines au Québec et c’est la raison pour laquelle je suis au Canada aujourd’hui.

J’ai joué avec les Filons de Thetford pendant quatre années avant de finalement rejoindre les Gee-Gees en 2017. Tout allait bien avant la pandémie. Nous avons tous et toutes dû prendre une pause du sport compétitif, ce qui a été, pour beaucoup d’entre nous, un bon moment de réflexion. 

LR : Qu’est-ce que le CDEAN et comment a-t-il vu le jour ? 

BM : Suite aux événements de 2020 et toute l’attention raciale à travers le monde et sur le campus, les membres de l’équipe féminine de rugby ont eu l’idée de créer un regroupement d’étudiant.e.s-athlètes noires à l’U d’O. Elles ont contacté des membres des autres équipes interuniversitaires et nous avons rapidement commencé à nous réunir pour discuter des différentes actions que nous pourrions entreprendre afin d’améliorer l’environnement dans lequel on était. 

La pandémie a donné l’occasion aux gens de s’asseoir et de réfléchir à des problématiques qui pouvaient être gênantes, mais qui devenaient de plus en plus difficiles à ignorer. La pression de la situation raciale et sanitaire a agi comme catalyseur pour la création du CDEAN. Comme le dit l’adage, la pression peut soit faire éclater les tuyaux, soit faire des diamants. Je pense que ce conseil était l’un des diamants des pressions qu’il y a eu sur le campus ces dernières années. 

À force de discuter et de partager des idées, le groupe est devenu de plus en plus concret. On a eu l’opportunité de se faire reconnaître par des membres du Département interuniversitaire et des Services des sports. On a commencé à être perçu comme une référence à ce sujet.

LR : Pourquoi les étudiant.e.s-athlètes noir.e.s de l’U d’O ont voulu former ce conseil et quel est son objectif ?

BM : Nous avons constaté pendant la pandémie qu’en tant qu’étudiant.e.s-athlètes, nous avons tous et toutes des plateformes assez importantes. Nous faisons aussi partie intégrante de la population étudiante et, par ce fait, nous partageons beaucoup de leurs expériences et préoccupations.

En ce qui me concerne, je suis membre de la communauté noire et étudiant international à l’U d’O. Nous portons tous et toutes chaque jour ces chapeaux qui font en sorte que nous sommes exposé.e.s à certaines réalités. Si nous disposons de ces plateformes pouvant contribuer à la résolution de certains des problèmes que l’on peut identifier, ça devient un devoir de prendre la parole et d’agir. Nous reconnaissons donc cette responsabilité en utilisant nos plateformes pour faire face à des problèmes systémiques sur le campus. 

LR : Comment êtes-vous devenu co-président du conseil et pourquoi avez-vous décidé d’accepter ce poste ?

BM : Le CDEAN est une initiative inédite que l’on a dû construire à partir de rien. Afin de formaliser le groupe, nous avons dû élaborer un mandat, une constitution et une structure. Au sein de cette structure, il y avait des postes à combler et après une élection informelle, j’ai été élu co-président avec Kennedy Banton-Lindsay. C’est un grand honneur d’avoir été nommé auprès de mes paires et, au final, c’est un autre degré de responsabilité entre mes mains. 

LR : Comment s’est déroulé le premier Gala de l’excellence noire le 27 février ?

BM : C’était vraiment super. Il faut réaliser qu’il existe des millions de façons d’améliorer l’environnement social au sein d’une communauté. Beaucoup de ces initiatives ne sont pas des entreprises conflictuelles. L’objectif est d’une part, d’augmenter la représentation, et d’autre part, de rassembler tout le monde sous un même toit. Pas seulement les étudiant.e.s noir.es, mais tout le monde. Quand on organise des événements avec le Conseil, on s’assure que les clichés et les barrières raciales ou autres n’ont pas leur place. Il faut faire en sorte que tout le monde se sentent valorisé.e.s pour ce qu’ils.elles sont, sans faire face aux problèmes qu’ils.elles rencontrent au quotidien.

LR : Quelle contribution espérez-vous apporter à la communauté noire de l’U d’O par l’entremise de votre rôle de co-président ?

BM : C’est déjà immense que le conseil ait une base solide, tangible et qui peut compter sur le soutien d’autres structures à l’U d’O. Elle sera là autant pour les étudiant.e.s aujourd’hui que pour ceux et celles de demain. Ils.elles auront les outils, le soutien et, avec le temps, l’expérience nécessaires pour mettre leurs problématiques à l’ordre du jour. 

Je considère que ma contribution personnelle devrait être divisée en deux parties : comme individu et comme co-président. En tant que co-président, je serais content si je peux quitter mon poste dans deux ans en laissant un encadrement en place pour que la prochaine personne n’ait qu’à lacer mes chaussures et continuer à marcher. En tant qu’individu, ce que j’aimerais accomplir est largement influencé par mes croyances. Je souhaiterais que mon leg soit d’avoir contribué au rassemblement de la communauté noire et de ses allié.e.s à l’U d’O, et qu’ils.elles se sentent toujours valorisé.e.s.

Par le mot contribuer, je ne veux pas seulement dire l’organisation d’activités et de mouvements, mais le traitement de personnes avec respect, peu importe leur passé et leur apparence. Si ces interactions positives mènent à un rassemblement de la communauté et au changement à long terme, que pourrais-je demander de plus ?

 

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