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Arts et culture

Quand les musées doivent se réorganiser

Culture
31 octobre 2020

Crédit visuel : Nisrine Nail – Direc­trice artis­tique 

Par Aïcha Ducharme-Leblanc – Jour­na­liste

Alors que les musées canadiens n’ont pas été épargnés par les nombreuses mesures sanitaires liées à la COVID-19, ils ont dû s’adapter, et chercher de nouvelles manières de poursuivre leurs activités en toute sécurité. Entre initiatives numériques, et réaménagement des expositions, comment ces centres culturels font-ils face à cette deuxième vague ? 

Lors de la première, ils ont dû fermer et se sont préparés à subir un déficit budgétaire, affirme Angeline Laffin, directrice des expériences des visiteur.euse.s au Musée canadien de la nature, qui souligne que ces pertes ont été significatives. Mais depuis le début de la deuxième vague, certains établissements ont pu rouvrir leurs portes au public. 

Réouverture ou pas ?

À Ottawa, les musées sont ouverts et suivent de nouvelles procédures de sécurité, telles qu’une réduction de leur capacité d’accueil afin d’encourager la distanciation physique de ses visiteur.e.s. Laffin remarque qu’au début du mois d’octobre, l’Ontario a déclaré que les musées pouvaient accueillir le public sous condition que les installations interactives et tactiles soient supprimées. 

Pour certains musées, l’adaptation aux directives en matière de santé et de sécurité a été possible ; c’est le cas du Musée des beaux-arts du Canada (MBAC). Sa directrice, Sasha Suda, affirme que « l’édifice est vaste, ce qui facilite la distanciation physique ». Depuis sa réouverture en juillet, plus de 41 000 personnes ont pu visiter le MBAC.

Mais pour d’autres établissements, la réouverture n’a pas été possible. Carolyn Cook, gestionnaire d’interprétation et du rayonnement pour le Musée de la Banque du Canada, explique que l’établissement a choisi de ne pas rouvrir pour le moment, étant donné que les expériences clés des visites dépendent énormément du toucher. Néanmoins, la gestionnaire assure que la situation a permis au musée de « revoir comment interagir avec le public […] et de mettre l’accent sur des programmes en ligne ».

Le contexte des musées est cependant distinct au Québec puisque la province a imposé la fermeture de ces derniers jusqu’au 23 novembre. C’est le cas du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), à la grande déception de la chef de la publicité, de la promotion et des communications numériques de celui-ci, Marie-Claude Lizée, qui déclare que tout allait bien après la réouverture de l’établissement en septembre dernier. 

Virage vers le virtuel

La principale stratégie des musées pour rester actifs a été de mobiliser le numérique afin d’atteindre le public. Lizée aborde le virtuel comme un moyen privilégié de garder le contact avec une audience. Elle cite de nombreuses initiatives numériques proposées par le MBAM, telles que la publication de capsules vidéo sur l’art-thérapie et sur les différents métiers du Musée, de quiz en ligne, ou encore d’entretiens enregistrés avec divers.es artistes. Suda indique que le MBAC s’est servi des Live Instagram pour rejoindre davantage ses visiteur.eure.s, avec des programmes tels que Pause café en direct, qui présente des conversations entre les conservateur.rice.s du Musée et leurs invité.e.s.

Le Musée de la Banque du Canada vise, selon Cook, à rendre l’éducation financière accessible à tou.te.s grâce à des ressources pour les écoles et les parents. « Ça a été un moment critique pour nous, avec notre mandat d’éducation par rapport à l’économie, pour toucher les gens et souligner l’importance de l’économie », témoigne-t-elle. Elle remarque que l’engagement en ligne avec la page Facebook du Musée a triplé depuis le début de la pandémie, et les visites de leur site web ont augmenté de 15 à 16 %. 

Continuité de la programmation

Angeline Laffin déclare que la pandémie n’a pas empêché le Musée canadien de la nature de lancer son exposition de classe mondiale Planète glace : mystères des âges glaciaires. L’équipe du Musée de la Banque du Canada se prépare, quant à elle, pour le mois de novembre, baptisé mois de la littératie financière. Le MBAC dit posséder « beaucoup à offrir aux personnes en quête d’inspiration et de réconfort face à la pandémie », notamment leurs collections d’art canadien, autochtone et européen, et qu’il se considère comme une lueur d’espoir en ces temps difficiles. 

Pour Lizée, le défi du MBAM est « de continuer à vivre en virtuel […] de façon plus élaborée ». Face à l’incertitude de la pandémie et à la possibilité imminente d’un prolongement de la période de fermeture, elle souhaite enrichir les productions numériques du musée, les rendre plus réfléchies, afin de rester en contact avec les visiteur.e.s, même à distance. 

Le MBAC, le MBAM et le Musée canadien de la nature accueillent des visiteur.euse.s que ce soit en personne ou virtuellement. Consultez leurs sites internet respectifs pour connaître les modalités des visites.

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