Inscrire un terme

Retour
Éditorial

À la quête d’espaces pour se divertir

Web-Rotonde
12 janvier 2015

– Par le comité éditorial –

Le nouvel an signale, pour les étudiants, un temps bien particulier. Après avoir passé bien assez (et parfois même trop) de temps avec la famille, la rentrée scolaire offre finalement la possibilité de retisser nos liens avec nos amis. C’est à ce moment, alors que la dépression saisonnière rôde aux alentours, qu’il faut se rappeler de l’importance de prendre du temps pour soi-même avant que les dures responsabilités d’étudiants nous frappent de nouveaux.

Quoique les activités de plein air et les soirées à danser dans les clubs soient moins attrayantes alors qu’il faut se vêtir d’une dizaine de couches, d’innombrables possibilités s’offrent aux gens qui recherchent un peu d’aventure. Le match époustouflant qu’a livré notre équipe de basket-ball dans sa victoire de samedi nous en offre un exemple. Des articles de cette édition offrent d’autres possibilités : une scène humoristique en plein essor, des bars et cafés où l’on peut jouer à des jeux de société, sans oublier les bars plus traditionnels et le canal Rideau, maintenant ouvert.

Mais, à une époque où l’interaction sociale se fait de plus en plus par l’intermédiaire des médias sociaux, des messageries instantanées et des jeux vidéo, La Rotonde tient à souligner l’importance du face-à-face et revendique des espaces universitaires qui incitent à faire plus que de recharger son ordinateur.

Les 30 dernières années ont vu naître un discours de plus en plus complexe qui contraste les communications numérisées aux communications plus traditionnelles, c’est-à-dire en personnes. Alors qu’il est important de ne pas sombrer dans les arguments démodés qui soutiennent trop facilement que les conversations technologiques sont dépourvues d’émotions, il subsiste toujours des nuances importantes entre les deux.

Au préalable, les gens réagissent beaucoup plus aux interactions face à face. Il est bien documenté que l’exposition à des environnements naturels aide à la concentration et à la gestion du stress. Le quotidien universitaire, dans lequel l’écran est de plus en plus présent, bénéficierait particulièrement de pauses hors du numérique. De plus récentes recherches ont établi un parallèle avec l’interaction sociale : quoique les interactions interpersonnelles par l’intermédiaire de la technologie aident aussi à restaurer sa capacité de concentration et, plus généralement, sa santé mentale, un peu d’interaction face à face rapporte de bien meilleurs résultats. De quoi délaisser l’encabanage hivernal.

Il ne faut pas non plus oublier les risques que porte l’anonymat maintenant typique des communications virtuelles. Alors qu’on associe trop souvent la cyberintimidation aux jeunes adolescents, les recherches démontrent que plus de 65 % des étudiants d’université sont victimes de harcèlement virtuel. Selon les recherches du Pew Research Center, quoique leur présence sur internet demeure moins importante, les femmes sont les victimes les plus communes des formes de harcèlement les plus sévères. Il ne faut que quelques instants sur la grande majorité des serveurs de jeux vidéo pour constater que les joueurs sont les victimes d’un montant de violence qui dépasse de loin celle des jeux face à face, comme les jeux de société.

Ces faits nous poussent à remettre en question nos loisirs. Les étudiants gagneraient de pauses détachées de l’omniprésence de la technologie, mais encore faut-il que la configuration de l’espace permette une telle chose. Les stations individuelles qui permettent de recharger son ordinateur entre deux cours répondent à un besoin évident, mais elles remplacent malheureusement des espaces permettant des rencontres de groupes plus conviviales. Il ne suffit que de comparer l’aménagement de nouveaux édifices comme celui de la Faculté des sciences sociales ou l’édifice Desmarais à la configuration de plus vieux édifices comme Simard et Arts pour voir la disparition de ces espaces. Notons, par exemple, le Département de philosophie dont les étudiants ont perdu leur lieu de rencontre en déménageant à l’édifice Desmarais.

Pour que le campus soit un lieu d’échanges unique, il doit inciter les étudiants à partager leurs intérêts. La nouvelle construction du Centre d’apprentissage (à côté du pavillon Lamoureux, au coût de 83 millions de dollars) offre une occasion de repenser l’espace pour qu’il offre un meilleur équilibre entre les endroits destinés à l’étude et ceux qui permettent aux étudiants de se réunir. Souhaitons qu’on retrouve plus qu’un café d’une chaîne de restauration rapide.

Il existe peu d’espaces sur le campus qui poussent des étudiants à se réunir, tel ce qu’offre le Café Alt. Ce lieu offre une atmosphère bien différente des espaces à fonction unique comme la cafétéria. On est peut-être loin du jour où Chartwells organisera des spectacles de musique, mais cette comparaison permet tout de même de distinguer l’espace, anonyme, et le lieu, d’une atmosphère singulière et communautaire, qui valorise un échange divertissant et instructif. L’Université d’Ottawa a désespérément besoin du second, et ce, particulièrement durant les grands froids.

Nos loisirs ont le potentiel de contourner cette habitude de se replier sur soi-même devant l’écran. La fenêtre temporelle est pourtant très courte et on sera bientôt submergés de lectures, de travaux et d’examens de mi- session.

Tentons de tirer pleinement avantage de ce temps éphémère. En plus d’affronter avec témérité le vent et la neige, ceux qui se réunissent doivent aussi composer avec la configuration de l’espace universitaire qui devrait être bien plus convivial.

 

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire