Crédit visuel : Janelle Alanach et Mackenzie Anderson — Courtoisie

Entrevue rédigée par Lucy Malaizé — Cheffe du pupitre Sport et bien-être

À l’occasion des championnats d’aviron de l’Ontario University Athletics (OUA) le 28 octobre 2023, l’équipe masculine des Gee-Gees d’aviron du quatre avec barreur poids lourd ont remporté la médaille de bronze. Vincent Ménard, un des médaillés et étudiant à l’Université d’Ottawa (U d’O) depuis cinq ans, revient sur ce qui fait selon lui la beauté de ce sport et pourquoi il aimerait que cette discipline soit plus reconnue et représentée.

LR : Pourquoi le choix d’un sport d’équipe plutôt qu’un sport individuel ?

VM : J’ai pratiqué le tir à l’arc pendant de nombreuses années avant d’arrêter à la suite d’une blessure à l’épaule. Je cherchais une façon de continuer à compétitionner, mais cette fois en équipe, pour avoir du temps à passer avec des coéquipiers. Participer à des compétitions avec une équipe est beaucoup plus plaisant psychologiquement qu’en étant seul, c’est l’occasion de vivre des expériences de vie mémorables. J’ai commencé en intégrant les novices et je suis maintenant membre de l’équipe masculine quatre avec barreur poids lourds.

LR : Qu’est-ce qui fait, selon vous, la particularité et la beauté de l’aviron ?

VM : En aviron, on doit tous.tes tirer en même temps et on tend tou.te.s vers le même but : faire avancer le bateau le plus vite possible. C’est un gros effort à l’échelle individuelle, mais c’est vraiment un sport qui se pense et qui se vit de manière rythmique en équipe. Pour moi, c’est ce qui fait la différence avec un sport de terrain comme le soccer ou le hockey, où les joueur.euse.s sont plus dispersé.e.s. Je trouve aussi qu’il y a vraiment quelque chose de magique à ramer chaque matin avec mes coéquipiers au soleil levant. On rame très tôt entre 5 h et 7 h du matin, et il n’y a pas de meilleure façon de commencer une journée pour moi.

LR : Comment se compose un bateau à quatre rameurs avec un barreur ?

VM : Il y a cinq personnes dans le bateau en comptant le barreur. Le plus lourd des rameur.euse.s doit être au niveau de la poupe faisant face à l’arrière du bateau. Les coéquipier.ère.s sont ainsi réparti.e.s en fonction de leur gabarit, l’idée étant de garder le bon équilibre du bateau en fonction du centre de gravité de chacun.e. Le barreur ne rame pas, mais commente l’évolution des courses des autres, donne des indications et encourage ses coéquipier.ère.s. Les rameur.euse.s ne doivent jamais regarder les autres et rester concentré.e.s sur leur course.

LR : Comment une course se déroule-t-elle ?

VM : Au niveau universitaire, la course se fait sur deux kilomètres pendant environ sept minutes. La durée dépend du courant de l’eau, de la température, de la forme des rameur.euse.s… Au départ, le bateau est placé dans des blocs. Un signal est donné et l’équipage doit alors pousser le plus fort possible, en atteignant une cadence idéale, entre 37 et 38 cpm (coups par minute) pour nous. Ensuite, la course est fractionnée : à la première moitié de course, le barreur fait un rappel de la cadence, et l’équipage doit tirer le plus possible pour garder de l’avance. La distance à parcourir entre 1 250 et 1 500 mètres est la plus difficile. Il faut garder la technique, mais il n’est pas encore temps de donner l’impulsion majeure. À 1750 mètres, ce sont les derniers instants où il faut tout donner pour atteindre la cadence la plus élevée possible.

Toute la gestion de course repose sur le moment où donner l’élan final. Au bout d’un moment, on connaît le plan de course de chaque équipe et la cadence de leurs rames dans l’eau. Il n’y a que la Grande-Bretagne qui réussit à conserver ce secret !

LR : Vous avez réalisé une bonne saison, avec une médaille de bronze aux OUA. Cela a-t-il changé quelque chose pour le club ?

VM : C’est la deuxième année consécutive qu’on gagne la médaille de bronze aux OUA et nous sommes passés de 12 secondes d’écart avec l’équipe en deuxième position à deux secondes. On est aussi arrivés premiers lors des manches qualificatives. Globalement, je trouve qu’on a vraiment grandi, j’ai adoré cette saison et passer du temps avec mon équipe. Nous sommes sur le podium avec deux adversaires de taille : Western et Brock qui ont compétitionné au niveau national. Notre club est une équipe grandissante de l’U  d’O qui ne dispose pas encore de financement, donc cette saison est un grand accomplissement à notre échelle.

LR : Ce sport est moins mis en avant que d’autres, si l’on pense au hockey, au football, au soccer… Selon vous, pourquoi ?

VM : Avant de commencer, je n’avais aucune idée du fonctionnement ni de ce que la pratique de l’aviron impliquait. Pour moi, le public doit avoir fait ou doit faire de l’aviron pour avoir vraiment plaisir à le regarder, ce n’est pas le cas des sports populaires. C’est un sport en apparence très calme, mais qui demande beaucoup au corps humain sur le plan de l’endurance et de la force cardiovasculaire.

LR : Que souhaitez-vous à l’aviron pour le futur ?

VM : Je souhaite à ce sport plus de reconnaissance de la part des spectateur.rice.s, mais aussi de l’Université. Il serait bien que des financements soient la preuve d’une reconnaissance pour nos accomplissements. Nous avons eu l’une des saisons les plus prolifiques avec beaucoup de médailles remportées. La rameuse Kennedy Burrows enchaîne les titres et nous aide ainsi à nous mettre plus sur le radar, mais c’est sûr que nous ne disposons pas de la visibilité et des ressources d’une équipe de soccer ou de hockey.

L’objectif futur est toujours d’avoir la plus haute place lors des OUA. Je pense que ce club est encore capable de progresser. Certains membres de l’équipe vont graduer, alors les équipages vont changer, mais j’ai confiance dans les rameur.se.s novices pour performer la saison prochaine. Avant ça, rendez-vous sur le canal début septembre prochain pour la course PD Ross 2024, la course publique qui oppose l’U d’O à Carleton chaque année !