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enfant en équipement de hockey
Sports et bien-être

Le sport, un terrain d’inégalités socio-économiques ?

Eya Ben Nejm
3 octobre 2022

Crédit visuel : Nicholas Monette – Directeur artistique

Article rédigé par Eya Ben Nejm – Journaliste

Alors que le sport est considéré comme « le grand niveleur », il peut également faire l’objet de divisions socio-économiques. Exercer une pratique sportive est valorisée par les professionnel.le.s de santé, mais ce n’est pas tout le monde qui a la chance de la pratiquer. Entre les pressions sociales et les coûts associés au sport, certains groupes sociaux pourraient être davantage exclus du milieu sportif.

Le hockey et le football se classent parmi les sports les plus populaires au Canada. L’Université d’Ottawa (U d’O) héberge d’ailleurs des ligues intra-muros et des équipes interuniversitaires pour ces deux disciplines sportives. Afin de jouer pour les Gee-Gees, les étudiant.e.s-athlètes doivent remplir des critères de recrutement, comme dans tout autre sport compétitif. Dépendamment du contexte dans lequel ils.elles grandissent, divers obstacles peuvent néanmoins se présenter.

« Un sport dispendieux »

Certains étudiant.e.s de l’U d’O affirment que le hockey est un sport particulièrement inégalitaire. Elianne Clusiault, étudiante de deuxième année en français langue seconde, évoque le coût exorbitant de cette pratique, entre les tournois, l’équipement, ou encore les déplacements. D’après elle, ce sport est surtout destiné à une catégorie sociale plus aisée. De son point de vue, les personnes moins fortunées auront plus de chance d’abandonner au fur et à mesure qu’ils.elles grimperont les échelons du sport compétitif. Ces athlètes risquent donc de ne pas arriver au niveau professionnel, faute de moyens, déduit-elle.

« Plus le niveau est élevé, plus ça va coûter cher », confirme Jean-Philippe Tourigny, gardien de but de l’équipe de hockey et étudiant de deuxième année en science biomédicale à l’U d’O. Pour ce qui est du hockey interuniversitaire, il précise que peu d’étudiant.e.s-athlètes bénéficient de bourses sportives. Témoin au cours de sa vie des problèmes financiers de certain.e.s de ses coéquipier.e.s, il se rappelle que ceux.celles-ci n’avaient « le choix [que] de passer à autre chose ».

Patrick Grandmaitre est entraîneur-chef de l’équipe de hockey de l’U d’O depuis 7 ans. Sur la question financière, il fait la distinction entre le sport amateur et le sport compétitif, les deux n’ayant pas le même coût. D’après lui, la popularité d’autres sports et le coût élevé du hockey expliquent les baisses d’inscriptions au hockey dans les dernières années.

À qui s’adresse le hockey ?

Grandmaitre ajoute qu’il existe, de plus, une « grande représentation d’hommes blancs, mais que le changement s’en vient » dans le hockey. Alors qu’il estime que les femmes sont de plus en plus intégrées aux niveaux plus élevés, il assure qu’il y a encore du travail à faireAu sujet de la place des femmes dans ce sport, Clusiault a quant à elle puisé de l’expérience chez sa sœur qui elle-même joue. « Le hockey met le corps masculin en valeur », affirme-t-elle, bien qu’il y ait aussi une équipe féminine et mixte.

Ce manque de représentation pourrait aussi s’étendre aux minorités ethniques et culturelles :  Tourigny mentionne que les étudiant.e.s-athlètes se dirigent souvent vers des sports avec lesquels ils.elles ont plus de liens culturels. Il trouve néanmoins que le hockey devient de plus en plus inclusif.

Le football, un sport plus « démocratique » ?

Jean-Vincent Posy-Audette, coordinateur défensif de l’équipe de football des Gee-Gees et chargé du volet académique depuis 2015 à l’U d’O, parle d’égalité et de représentativité dans le football. Après avoir eu l’occasion de pratiquer le soccer, le hockey et le football en grandissant, il conclut que le « football est plus démocratique et accessible aux personnes d’un niveau socio-économique plus faible », comparativement à d’autres sports. 

Posy-Audette pense que le football représente « toutes les classes de la société » et toutes les morphologies. De son avis, tout le monde à sa place quelque part sur le terrain, même si des inégalités persistent au niveau universitaire : pour accéder à l’équipe avec une bourse, l’étudiant-athlète doit avoir une note cumulative de 85 % et garder une rigueur académique pour la conserver. Il dénonce d’ailleurs ce critère estimant qu’une certaine pression pourrait peser sur les joueur.se.s qui veulent participer au football inter-universitaire, mais qui sont issu.e.s d’un milieu moins aisé.

Au niveau social, Posy-Audette déclare que le football canadien est en santé, mais qu’il y a encore des progrès à faire. « En tant qu’homme noir, j’aimerais qu’on fasse plus d’effort pour faire place aux minorités, que ce soit au niveau des joueur.se.s, des entraineur.se.s ou dans l’administration », énonce-t-il. D’après lui, il n’y pas assez de représentation dans certains postes de leadership, « alors même que beaucoup sont qualifié.e.s ». Il affirme que le but devrait être de « donner une opportunité égale à tou.te.s », ce qui permettrait d’obtenir un ratio qui ressemble à la société.

Le coordinateur défensif exprime toutefois son espoir pour la nouvelle génération, qui valorisera selon lui davantage la diversité au sein du football canadien. Le coordinateur évoque la création du Conseil de défense des étudiant.e.s-athlètes noir.e.s, un groupe dont le mandat est de faire entendre la voix des étudiant.e.s athlètes noir.e.s au niveau administratif.

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