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Sports et bien-être

L’humour est-il une thérapie efficace ?

Daphnée-Maude Larose
3 mars 2024

Crédit visuel : Nisrine Abou Abdellah — Directrice Artistique

Article rédigé par Daphnée-Maude Larose — Journaliste

Selon un rapport de Statistiques Canada publié en 2023, la santé mentale de la population canadienne se dégrade et les troubles de l’anxiété augmentent. Les problèmes d’accès à l’aide sont nombreux ; les citoyen.ne.s doivent ainsi se tourner vers d’autres options. Certain.e.s s’appuient sur l’humour afin de favoriser un meilleur état mental, mais est-il réellement efficace d’utiliser les plaisanteries comme thérapie ?

« Il faut commencer par voir l’humour comme un outil de communication », affirme Christelle Paré, professeure en communication à l’Université d’Ottawa (U d’O) et spécialiste de l’humour. « C’est d’abord et avant tout une façon de s’exprimer », relate-t-elle. Selon la professeure, il s’agit de jouer avec la réalité et de la déformer afin d’y donner une autre perspective. La créativité a un grand rôle dans le développement de plaisanteries, explique-t-elle.

Un remède miraculeux

L’utilisation de l’humour n’oblige pas le manque de sérieux : c’est souvent le contraire, énonce la professeure. Celle-ci souligne qu’effectuer des blagues peut permettre de discuter de sujets difficiles d’approche. C’est ainsi que les drôleries en tant que mécanisme de défense peuvent entrer en jeu, avance-t-elle.

Zack Tibbles, président de la ligue d’improvisation étudiante universitaire (LIEU) de l’U d’O, partage le même avis que Paré. Il affirme que lui et ses ami.e.s utilisent souvent les farces à des fins de défense. « Il y a certainement un lien entre l’état mental de la personne et ses blagues », soutient-il.

Paré mentionne que, pour plusieurs, raconter des plaisanteries s’agit d’une forme de thérapie, car il y a un renversement de pouvoir. Si on prend l’exemple d’un individu ayant vécu un abus, l’humour lui donne la chance de ridiculiser son agresseur et de se moquer de lui.elle, illustre l’experte.

La professeure explique qu’une blague crée la montée d’un certain malaise. Par la suite, l’annonce de la chute a un certain effet de surprise, suivi par une diminution de la tension, développe-t-elle. Celle-ci précise que cette relaxation, en plus d’avoir des répercussions cérébrales, se ressent aussi physiquement.

Elle affirme qu’on peut fréquemment observer l’usage des moqueries au sein des corps de métiers qui travaillent dans l’urgence comme les ambulancier.ère.s ou les policier.ère.s. « On dit souvent que les pompiers font partie des plus grands joueurs de tours de la planète », révèle-t-elle. Elle ajoute que « cela permet de faire baisser le niveau de stress, puis de retrouver l’espace mental pour la prochaine mission ».

Des limites à respecter

La professeure est d’accord pour dire qu’il y a tout de même des limites à l’humour dans son rapport à la santé mentale. Quand les blagues ont pour but de faire rire ses ami.e.s, elles peuvent accomplir des miracles pour le stress, enchaîne Tibbles. « Lorsque l’humour devient une compétition, c’est là où ça peut être toxique », partage-t-il. Le président explique que certain.e.s joueur.euse.s d’improvisation peuvent être trop concentré.e.s sur la victoire et que cela a tendance à mettre beaucoup de pression sur leurs épaules et à leur causer de l’anxiété.

Paré croit qu’il est important de ne pas s’aventurer dans les discours haineux. Elle renchérit qu’il y a des règles implicites dans le domaine de l’humour qui doivent être respectées. « Ce sont des valeurs non écrites, mais qui sont quand même fondamentales », énonce-t-elle. Ainsi, elle précise que l’intention ne doit jamais être de nuire ou de faire du mal à quelqu’un de manière volontaire. « On ne rit jamais des victimes […], on ridiculise souvent les situations dans lesquelles elles sont », ajoute la professeure. Il est possible de se marrer d’un évènement dû à son caractère catastrophique et aux incongruités qu’il apporte. Or, si l’incident a causé des mort.e.s, on ne doit pas se moquer d’eux.elles, informe-t-elle.

Paré utilise de nouveau l’exemple des ambulancier.ère.s pour illustrer ses affirmations. Des paramédicaux pourraient se trouver dans une situation où ils.elles doivent prendre en charge un clown de profession, propose-t-elle. Cette dernière soutient que c’est le contexte qui prête à rire, puisqu’il est improbable, et non l’état de santé de la personne.

La LIEU se tient tous les jeudis soirs au pavillon Simard sur le campus, promettant d’offrir divertissement et rires aux étudiant.e.s. La finale se déroulera avant la fin de la session, le 28 mars 2024.

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