
Conférence sur la politique étrangère canadienne : tensions à l’horizon ?
Crédit visuel : Courtoisie — Zahraa Olleik
Article rédigé par Hai Huong Le Vu — Journaliste
Le 25 janvier dernier s’est tenue au pavillon Tabaret une conférence sur la politique étrangère canadienne. C’est dans le cadre de « Conflict Con », une série d’évènements organisée par l’Association des étudiant.e.s en études des conflits et droits humains (AÉCH), que s’est déroulée la conférence, présentée par Thomas Juneau, professeur en politique publique et internationale à l’Université d’Ottawa (U d’O).
L’ambiguïté de la position du Canada
« Notre politique étrangère n’a pas beaucoup de direction stratégique », a soupiré Juneau lors de l’ouverture de la conférence. Ce dernier a ajouté que le ministère Affaires mondiales Canada est « très sous-financé ». Le professeur en politique publique et internationale a aussi observé que l’aide au développement du Canada est faible comparativement à ses « alliés ».
Parmi les membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), le Canada a figuré en bas de la liste au niveau de dépenses militaires, a continué Juneau. Le professeur adjoint a assuré aux participant.e.s de la conférence que ces dernier.ère.s vivent dans un des pays les plus en sécurité du monde.
Il a toutefois signalé que ce statut se dégrade. À son avis, le Canada a été la victime d’ingérence étrangère de la part de ses rivaux, tel que la Chine pendant les élections fédérales. Il a nuancé que l’ingérence est aussi effectuée par des pays « que nous percevons comme des partenaires », comme la Turquie ou l’Inde. Juneau a suggéré que la répression transnationale, c’est-à-dire lorsqu’un gouvernement étranger commet des actes « répressifs » envers sa diaspora, a aussi menacé la sécurité nationale du pays.
Un avenir incertain pour la relation canado-américaine
Selon le professeur en politique publique et internationale, le Canada se soucie majoritairement des États-Unis. Alors que le pays de l’érable a beaucoup bénéficié de son voisin du Sud, Juneau a souligné l’effet « dévastateur » sur l’économie canadienne qu’aurait la victoire du candidat présidentiel Donald J. Trump en 2024. « Monsieur Trump a dit qu’il imposerait un tarif de 10 % ou 20 % sur toutes les importations canadiennes, alors que 63 % de notre commerce international va aux États-Unis », a-t-il informé.
Les conservateur.rice.s rétorqueraient que le Canada a survécu au premier mandat de Trump, a exprimé Juneau. Il prévoit néanmoins que la deuxième administration de ce candidat serait « très différente ». Le professeur a attesté que celle-ci serait composée d’individus encourageant le protectionnisme, la xénophobie et l’unilatéralisme.
Le professeur en politique publique et internationale s’est souvenu d’une stratégie que le gouvernement fédéral pourrait appliquer « dans le pire des cas », ce qu’il a appelé la stratégie « donut ». Il a expliqué que la tactique consiste à éviter la « tête » du gouvernement, en se concentrant sur les institutions politiques cernant le président — le Congrès américain, les gouverneur.e.s des États, les assemblées législatives, le secteur privé et les sociétés civiles — pour sauver son secteur commercial. Juneau a soutenu que le gouvernement fédéral pourrait réemployer cette stratégie dans l’éventualité où Trump serait réélu.
Retour sur l’évènement et le Conflict Con
Clovy Aby, étudiante en deuxième année en études des conflits et droits humains, a affirmé que cette conférence lui a permis de se projeter dans l’avenir. Celle-ci a expliqué que le présentateur lui a donné une meilleure idée de ses ambitions professionnelles et lui a rappelé ses aspirations. Elle a ajouté que les informations qu’elle a acquises par le biais de Juneau lui sont nouvelles, et n’ont pas été abordées dans le cadre de ses cours. Ceci a été un des objectifs de Zahraa Olleik, vice-présidente des affaires académiques et universitaires à l’AÉCH et l’organisatrice du Conflict Con.
Pour planifier ces évènements, Olleik a révélé que son comité et elle ont commencé en octobre. Leurs tâches principales étaient d’envoyer des courriels aux professeur.e.s, de faire des annonces et de réserver des salles, a-t-elle informé. Selon celle-ci, le processus de préparation a demandé « énormément » d’organisation et de planification, notamment lorsqu’il était question d’inviter des expert.e.s à rejoindre leurs activités.
Olleik a dévoilé que le Conflict Con a aussi cherché à davantage impliquer les étudiant.e.s du campus de l’U d’O à ses évènements. Cependant, elle a constaté qu’il a été « difficile » de les convaincre de participer, même s’ils.elles avaient été mis.e.s au courant du programme de la semaine. Aby a renchérit que les expert.e.s à Conflict Con ont plus de trente ans d’expérience à partager, mais que la communauté étudiante n’en profite pas assez.
L’AÉCH organisera une soirée de discussion et une séance de questions-réponses le 6 février en collaboration avec l’organisation Noirs, Racines et cultures Canada et la Commission canadienne des droits de la personne. Cet évènement vise à célébrer le mois de l’histoire des Noir.e.s.