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Le militantisme des personnes noires au-delà du mois de février

Eya Ben Nejm
5 mars 2023

Crédit visuel : Marie-Ève Duguay – Rédactrice en chef 

Article rédigé par Eya Ben Nejm – Journaliste

Le mois de l’Histoire des Noir.e.s vient de se clôturer. Durant cette période, la communauté étudiante de l’Université d’Ottawa (U d’O) a pu assister à différents événements qui mettaient en valeur la diversité des cultures de la communauté noire. C’était aussi un mois qui permettait de rappeler les défis à relever en matière d’inclusivité au sein de l’institution. Comment travailler à rendre visible le militantisme des personnes noires en dehors du mois de février ?

Encourager la solidarité entre les militant.e.s noir.e.s

Lesly Nzeusseu, étudiante en quatrième année en psychologie et superviseure des événements du Centre de ressources des femmes, exprime que le militantisme des associations permet de revendiquer une amélioration des conditions de vie des personnes noires. Selon elle, les pressions subies sont différentes d’un groupe à l’autre, cela demande donc un militantisme différent. Par exemple, le programme de mentorat afro-caribéen a pour but de travailler sur des projets à long terme pour protéger les droits et aider la communauté noire et les minorités visibles, explique sa coordinatrice Maxemilienne Ambre Bassek Kindom. Selon cette dernière, le manque de ressources ne permet pas toujours aux services actifs de réaliser leurs activités. Toutefois, elle ne tient pas à rejeter entièrement la faute sur l’institution uottavienne. Elle rappelle que le manque de solidarité entre les associations militantes autour de la défense de la communauté noire produit également un manque de visibilité.

En effet, l’existence de divers groupes produit l’effet contraire du résultat escompté, souligne-t-elle. Bassek Kindom exprime l’importance de la présence de représentant.e.s africain.e.s, caribéen.ne.s, barbadien.ne.s et haïtien.ne.s, mais le fonctionnement en format de « mini groupes » empêche selon lui de toucher un grand nombre de personnes. Le manque de visibilité vient d’un manque de solidarité et de collaboration, qui nuit à créer des événements d’une grande ampleur, confirme la coordinatrice. 

Elle propose que les associations et les services qui défendent la communauté songent à se rencontrer au moins une fois par semestre afin de se coordonner. Toutefois, Nzeusseu rappelle l’importance de continuer à créer des événements pour chaque groupe, car dépendamment de l’origine ou de l’ethnie, les difficultés ne sont pas les mêmes. Une pensée que ne partage pas Bassek Kindom, qui souligne fermement que le racisme anti-Noir.e.s ne fait pas de différence ou de distinction entre une personne caribéenne ou africaine, il prend seulement en compte la couleur de peau.

Être une femme noire

Andie Océane Bah, étudiante de deuxième année en administration publique, déclare se sentir représentée « en tant que noire et après en tant que femme, mais pas les deux en même temps ». Elle souhaite voir plus d’activités destinées aux femmes noires et qui répondent aux réalités que celles-ci vivent. Nzeusseu pense elle aussi qu’il est important de mettre en place des événements qui s’adressent spécifiquement aux femmes de la communauté noire au sein du campus.

La superviseure des événements invite à ne pas « homogénéiser nos expériences et nos vécus ». Chaque femme possède sa propre histoire, rappelle-t-elle. Les femmes noires font souvent face à des défis tels que l’accès à des soutiens de santé mentale de qualité, raconte Nzeusseu, les femmes noires faisant souvent face à des difficultés pour trouver des thérapies qui leur conviennent. La psychologie est basée sur des connaissances occidentales, continue-t-elle. Il est donc indispensable selon elle d’adopter une approche intersectionnelle pour répondre aux besoins des étudiantes.

Il est important selon Nzeusseu d’avoir des professionnel.le.s de santé qui savent bien réagir face à la diversité. Cela ne peut être possible qu’en rendant les études supérieures accessibles aux femmes noires, précise-t-elle. Elle ajoute que bien souvent, beaucoup de femmes noires ne peuvent pas présenter leur demande pour des raisons de problèmes financiers. Nzeusseu encourage l’Université à prendre des actions concrètes pour améliorer la situation, comme en mettant en place des bourses rendant les études supérieures plus accessibles et inclusives.

Pour finir, Nzeusseu met l’accent sur sa joie de continuer à militer à l’U d’O, en espérant voir d’autres personnes motivées à en faire de même. Bah déclare s’intéresser à la vie associative, tout en tentant d’intégrer des clubs. Du côté de Bissak Kindom, elle rappelle qu’« on est Noir.e.s en tout temps ». Dans ce sens, il est primordial de continuer à militer en dehors du mois de février, affirme la coordinatrice.

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