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Arts et culture

Ouvrir les vannes d’un humour francophone et diversifié à Ottawa

Jessica Malutama
12 décembre 2023

Crédit visuel : Jürgen Hoth — Photographe

Article rédigé par Jessica Malutama — Journaliste

Dans le quartier du Marché By d’Ottawa, le Cultures Comedy Club (CCC) a ouvert ses portes au début du mois de novembre dernier. Situé au 291 rue Dalhousie, le nouvel établissement donne lieu, tous les samedis soirs, à des soirées où les humoristes entendent repousser les limites du stand-upottavien par l’entremise d’une plateforme qui se veut inclusive, multiculturelle et représentative d’artistes aux expériences diverses ou issu.e.s de la francophonie.

Pratiquer l’humour autrement à Ottawa

Originaire de la capitale nationale et diplômé de l’Université d’Ottawa (U d’O) en communications, c’est en 2019 que Reggie Cash, alias Cash Rich Reg, cumule les vues sur les réseaux sociaux français et québécois par la diffusion de vidéos humoristiques sur la toile. Le créateur de contenu informe que l’idée d’ouvrir un club d’humour à Ottawa lui est venue suite à l’engouement qu’a suscité en lui la scène humoristique de Montréal : « L’occasion de voir le travail des humoristes, là-bas, m’a donné envie de ramener un peu d’humour dans ma ville natale. Je trouvais qu’il n’y avait pas de club d’humour présentant une palette d’humoristes diversifiée dans la région. »

L’entrepreneur, qui qualifie le milieu humoristique d’Ottawa d’« assez exceptionnel », présente le CCC comme le seul club d’humour dans la ville faisant la promotion de la francophonie. Cash poursuit en évoquant qu’il souhaitait combler un manque dans la région par l’offre d’un espace qui saurait mettre en scène des artistes aux histoires et vécus variés, mais aussi des humoristes européen.ne.s francophones.

« Je voulais, d’une part, qu’on apporte quelque chose de différent. D’autre part, la création du CCC est née du fait que j’estime que la capitale du Canada devrait être en mesure d’accueillir des artistes internationaux et francophones, qui pourront venir performer dans n’importe quel type d’art », explique l’humoriste. Il fait remarquer que bien que la francophonie soit présente à Ottawa, la plupart des artistes internationaux.ales francophones se produisent à Gatineau ou à Montréal.

Une scène où se raconte d’autres récits personnels

Le propriétaire du CCC se réjouit du succès que connaît ce dernier depuis son ouverture. Il indique que les soirées attirent une clientèle variée : l’ambiance de boîte de nuit pourvue par le lieu, qui offre un menu jamaïcain et un service de bouteilles, semble plaire au nouveau public. « C’est un vrai buffet des continents. On reçoit des gens issus de toutes les cultures », mentionne Cash. L’entrepreneur ajoute que le CCC affiche un taux de fréquentation constant depuis que des évènements s’y tiennent. « Je suis content de ce que nous avons pu accomplir pour le moment. Le but, c’est d’offrir un service de qualité, même si je suis conscient qu’il faut ménager les attentes et rester patient comme on vient d’ouvrir », ajoute-t-il.

Janelle Niles, humoriste d’ascendance mi’kmaq et africaine, originaire de la Première Nation de Sipekne’katik en Nouvelle-Écosse, s’est donné en spectacle au CCC le 11 novembre dernier. Elle relate son expérience de la manière suivante : « C’était l’un des meilleurs spectacles de ma vie ». L’artiste confie s’être sentie accueillie par des spectateur.rice.s réceptif.ive.s à son humour de nature politique qui ne se prête pas toujours au public de la ville de fonctionnaires. « Mon humour porte sur des problématiques raciales propres aux communautés autochtones et noires, des sujets qui peuvent parfois froisser un public caucasien », souligne-t-elle.

« Au CCC, c’était comme le jour et la nuit. Les gens étaient décomplexés. Il était plaisant pour moi de performer devant un public conscient du fait que j’étais en train de faire des blagues et qu’il était là pour rire. C’est mon club préféré de la région », poursuit Niles. Reggie Cash avance qu’il importait pour le CCC de mettre de l’avant la multiplicité des expériences humaines à travers la singularité de chaque humoriste faisant montre d’une mise en récit authentique : « Quand quelqu’un vient à mon club, je veux que les histoires qu’il entendra soient différentes et que la personne qui se donne en performance soit capable de partager la sienne avec le public. Chaque humoriste a son propre vécu. »

Cash et Niles partagent l’idée selon laquelle l’humour est une pratique qui doit provenir d’une place de vérité. Selon Niles, il est essentiel d’être soi-même et sans compromis à travers ses blagues, dans la mesure où « le public veut découvrir qui vous êtes et il peut le faire grâce à la comédie. » Reggie Cash suggère que quiconque veut se lancer en humour doit s’adonner aux réflexions suivantes : « Trouve qui tu es. Demande-toi la chose suivante : qui es-tu ? Que veux-tu montrer au monde ? »

Dans le futur, Reggie Cash aimerait établir des liens avec l’U d’O par l’entremise de son initiative entrepreneuriale. Lors d’un évènement qui se tiendra le 30 décembre, Niles montera à nouveau sur la scène du CCC pour présenter son numéro d’humour « Got Land? ».

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