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Repenser notre rapport aux applications gratuites

Rédaction
1 août 2019

Par Alex Benimana

L’application FaceApp, permettant de retoucher vos photos de manière extensive, est habituée à défrayer la chronique. Dès 2017, année de son lancement, certains filtres avaient fait polémiques, poussant certains à accuser les développeurs de racisme. Aujourd’hui, c’est dans la protection de nos données privées que l’application aurait franchi les limites. Vraiment?

 L’illusion de contrôle

C’est devenu un geste anodin, qui se répète mécaniquement devant nos écrans, à chaque nouvel ordinateur, nouveau téléphone, nouvelle application achetée. Au premier lancement, une page de conditions d’utilisations interminable, écrites dans une police minuscule. Pour pousser le cynisme jusqu’au bout, certaines compagnies invitent l’utilisateur à faire dérouler la page jusqu’au bout avant de pouvoir appuyer sur «j’accepte».

Mais sincèrement, combien d’entre nous lisent vraiment les conditions d’utilisation avant de cliquer? 

Il n’est pas raisonnable de prétendre que chaque utilisateur le fera, à chaque fois qu’un nouveau produit le requiert. Ces conditions sont là avant tout pour les entreprises, qui se dédouanent de potentielles poursuites, en prenant le plus large éventail de situations légalement permises de prendre. À cela s’ajoute une problématique inhérente au modèle économique numérique prépondérant dans le monde: la monétisation de nos données. 

Vie privée: un concept en perdition

«Vous accordez à FaceApp une licence perpétuelle, irrévocable, non exclusive, libre de droits, mondiale, (…) pour utiliser, reproduire, modifier, adapter, publier, traduire, créer des travaux dérivés, distribuer, exploiter publiquement et afficher» vos données. Ce passage contenu dans les conditions d’utilisation de FaceApp est celui qui a provoqué les dernières réactions indignées de la part d’utilisateurs. Depuis, les rumeurs vont de bon train sur les intentions malveillantes de l’application. Développée en Russie, l’application a même fait l’objet d’une demande d’enquête d’un membre du Congrès américain pour s’assurer qu’il ne s’agirait pas d’un stratagème d’espionnage du gouvernement de Poutine.

Sauf qu’à y regarder de plus près, ce passage est très similaire à celui affiché sur la page des conditions d’utilisation de l’iCloud:  «Vous accordez à Apple une licence mondiale, libre de redevances, non exclusive pour utiliser, distribuer, reproduire, modifier, adapter, publier, traduire, produire en public et montrer en public un tel Contenu sur le Service». À quelques mots près, la même condition apparaît invariablement sur Facebook, Instagram ou encore Twitter.

Cela n’a rien de surprenant. La plupart des options par défaut des applications permettent de tracer votre donnée numérique et de les utiliser à votre insu. Ces données sont ensuite revendues aux publicitaires, qui savent toujours plus précisément ce qui pourrait nous intéresser. C’est ainsi que des services comme Facebook restent gratuits et profitables pour leurs actionnaires. Cette gratuité n’est pas une faveur faite aux utilisateurs. Ces derniers doivent se rendre compte que s’ils ne paient pas pour un produit, ils sont le produit.

 

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