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Éditorial

Rester debout, encore et toujours

Rédaction
8 avril 2019

Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

Il est fort probable que cet éditorial soit le dernier à être publié dans une édition papier de La Rotonde. Depuis 1932, cet hebdomadaire a un mandat de porte-parole revendicateur qui n’hésite pas à brasser les choses. Pas seulement dans le but de faire râler le monde, mais la vérité ne plaît parfois pas à tous.

Au fil des années, cette institution s’est développée. À ses débuts, La Rotonde était assez conservatrice, mais elle a ensuite changé son fusil d’épaule de façpm drastique. On ne devient pas le journal le plus censuré au Canada en restant timide. Eh oui, c’est en 1956 que la Presse universitaire canadienne a décerné cet honneur journalistique à La Rotonde. Pourtant, elle est restée debout.

Aujourd’hui, son futur est incertain, mais pour des raisons financières, comme quoi c’est encore et toujours l’argent qui guide le monde. Les changements annoncés par le gouvernement Ford visant les frais pour les services qualifiés de non-essentiels dirigent la majorité des regards vers les syndicats étudiants. Mais les médias universitaires indépendants mangeront aussi toute une volée.

Les fonds qui par le passé étaient inclus dans les cotisations étudiantes deviendront optionnels. C’est-à-dire que le budget de ces institutions sera non seulement plus précaire qu’en ce moment, mais qu’à moins d’être un oracle, il sera impossible de pouvoir prédire la capacité financière à l’aube de chaque session. À cause de cette réalité qui s’abattra bientôt, des changements s’imposeront pour assurer la survie des journaux. La Rotonde n’y fait pas exception.

Mais il faut rester optimiste. Il est probable que ce soit la dernière édition papier, mais ce n’est pas un fait confirmé pour l’instant. Ce scénario est celui ayant le plus de probabilité de devenir une réalité, mais cela n’en fait pas gage de réalisation garantie. Au contraire, s’il est possible de continuer l’impression du journal, vous pouvez être certain que ce sera l’option avec le plus de préséance – et que cet éditorial n’aura plus aucune valeur, ce qui dans ce scénario serait un sacrifice qui en vaut la peine.

À votre tour de poser des questions

Sacrifice, c’est un terme à connotation quasi-héroïque. Est-ce un sacrifice que de travailler et de contribuer à ce journal ? Non quand même, gardons une petite gêne. C’est d’abord et avant tout un privilège et une opportunité en or.

Pensez-y. À une époque où l’expérience est un facteur clef pour les débouchés professionnels, faire partie d’une institution est d’un appui considérable. Non seulement il est possible d’y développer des habiletés, mais en plus on y apprend à la dure en mettant tout de suite la main à la pâte. C’est bien beau la théorie, mais c’est l’application qui fait la différence.

Maintenant, allez parler à quelqu’un qui a évolué au sein d’un journal étudiant. Posez des questions sur son expérience et écoutez, mais vraiment. Oui, vous allez entendre des commentaires sur les horaires surchargés par les cours et les articles. On vous racontera des histoires de nuits blanches carburées à la caféine devant un écran où ne s’y trouve qu’une page garnie que d’un curseur clignotant.

Mais retenez surtout la fierté de leur ton lorsqu’ils vous relatent leurs expériences. Remarquez bien le sourire espiègle qui fait toujours un caméo lorsqu’on les questionne sur leurs anecdotes. Parce que oui, c’est périlleux comme engagement, mais faire partie de La Rotonde, et de n’importe quelle presse étudiante indépendante, est une expérience unique.

Tenir tête

Bon, cet éditorial a pris une tournure d’ode à la presse étudiante. Soyez indulgent, faut bien que quelqu’un le fasse et comme on le dit, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Parce que oui, la presse étudiante est généralement laissée à elle-même.

Les médias traditionnels ont la fâcheuse manie de souvent la regarder de haut ou encore pire, la négliger. Mais soyons quand même honnête, il arrive, parfois même entre les journaux étudiants, que les crédits ne soient pas reconnus. À cause de la diminution de la capacité de ces institutions, ce sont des phénomènes qui risquent de perdurer.

Mais il faut continuer. Tant et aussi longtemps qu’il y aura des personnes voulant écrire ou contribuer à leur journal étudiant, celui-ci existera. C’est aussi simple que ça. Certes l’argent est non négligeable, mais tout l’argent du monde ne peut remplacer la réelle motivation de jeunes adultes qui s’impliquent.

Et c’est ça La Rotonde. Ce n’est pas une édition papier. Ce n’est pas un site web et des comptes sur des réseaux sociaux.

C’est des gens.

C’est du monde qui ose. C’est du monde qui tente, au risque de se planter. C’est du monde qui, même des années après avoir quitté le journal, a toujours la fierté d’y avoir été.

Vous lirez à partir de la page 24 de la présente édition des chroniques signées par des membres de l’équipe actuelle ainsi que par des rotondiens et rotondiennes qui ont gradué de cette école de formation de facto. Prenez le temps de lire chacune d’entre elles. Vous en apprendrez énormément sur La Rotonde et sa famille.

Vous comprendrez pourquoi elle n’acceptera tout simplement pas de baisser les bras.

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