Inscrire un terme

Retour
Éditorial

Rompre avec l’enlisement actuel

Web-Rotonde
4 novembre 2013

Crédit : Nicholas DuBois

 

 

 

 

 

 

 

– Par Ghassen Athmni –

Ceux qui ont été, de près ou de loin, dans l’orbite des élections partielles de la FÉUO, ont vu leurs opinions et leurs principes sollicités par nombre de débats, dont certains ont frôlé la limite du houleux. Conjuguée au taux de participation particulièrement bas (bien qu’il ne s’agisse aucunement d’une nouveauté), cette atmosphère porte à déduire que les choses doivent changer (depuis trop longtemps peut-être?). Toutefois, un pavé dans la marre n’est pas de mise, la marre n’étant pas vraiment profonde, cela risque de causer plus de dommages que de bienfaits, encore une fois pour les motifs avancés plutôt et liés à la vulnérabilité du statut étudiant. Nous ne tirerons donc pas sur tout ce qui bouge. Ce n’est pas pour autant un appel au calme et à la réconciliation, mais plutôt une adresse aux acteurs de la scène politique uOttavienne, dont l’objet est d’exhorter à rompre avec l’enlisement actuel. 

L’indifférence générale 

Les candidats et les partis peuvent bien s’affronter, afficher leurs portraits à des dizaines d’endroits, publier quinze fois par jour sur Facebook, Twitter et WordPress, faire des dizaines de kilomètres de tournées et des heures de présentations, rien n’y fait, il n’y a pas plus de 3,8 % de la population étudiante qui s’y intéresse. Les chiffres sont catégoriques, 1489 des 35 500 (environ) étudiants inscrits au premier cycle ont voté pour élire la nouvelle vice-présidente aux services et communications, la vainqueur représente moins de 3 % des étudiants, de même pour la représentante au Bureau des gouverneurs, dont l’élection a connu une participation quasi-identique. À la Faculté de médecine, 1 % des étudiants seront représentés au Conseil d’administration. Les autres facultés ne se portent pas vraiment mieux, en témoigne le taux global. Ce constat est terrible. Parmi ceux qui fréquentent les salles de classe de l’Université d’Ottawa, un très grand nombre ignore complétement l’existence des élections (voire même l’existence de la FÉUO dans certains cas!), et un autre très grand nombre estime que cela ne sert à rien d’y participer. Il n’y a qu’une partie microscopique, moins d’un étudiant sur 25, qui ont participé au suffrage automnal. Cette tendance est lourde de conséquences, surtout que nous avons la forte impression que ce n’est pas demain la veille qu’un changement va s’opérer. Loin de nous l’idée de faire l’apologie du vote et de la démocratie représentative, il s’agit en revanche de tirer les conclusions d’un indicateur aussi révélateur que l’engouement étudiant pour le vote. Si la Fédération étudiante avec toutes ses composantes, tous les candidats et toutes les tendances arrivent à rejoindre si peu de personnes, les enjeux des élections en deviennent systématiquement beaucoup moins pertinents. Nous n’avons pas l’impression que l’état actuel des choses, avec le mode de fonctionnement actuel, ira chercher plus de représentation. Au contraire, la démission générale pour laquelle tout un arsenal de sources de diversion est employé par ceux qui craignent un quelconque sursaut étudiant, semble continuer à s’enraciner. Au fond, qu’importent toutes ces polémiques et tous ces débats, aussi fructueux et passionnants soient-ils, s’ils ne s’étendent pas à ceux qu’ils concernent. En fin de compte, cela finit par ressembler à des petites chamailleries qui révulsent les observateurs, au d’être lieu de débats qui enthousiasment les foules.

La politique, c’est plus que des intentions

Devant l’impression d’hermétisme que dégagent les instances de la FÉUO, et qui malgré les efforts, les campagnes etc… demeure un signe implacable d’une faiblesse dont la responsabilité incombe moins particulièrement à un élu ou à un groupe qu’à la tendance générale, certaines voix se rejoignent et s’accordent, formant des chœurs plus plaintifs que révoltés. En politique, les bonnes intentions ne suffisent pas, et dans la démocratie représentative en particulier, c’est l’organisation qui prime. Les « La FÉUO est une clique qui travaille pour ses propres intérêts » n’arrêtent d’être intempestivement diffusés. C’est bien d’avoir un avis tranché sur la question, c’est mieux de le faire valoir, et encore meilleur de chercher à résoudre la dite question. Cela s’applique aussi aux autres enjeux qui suscitent des prises de position. Pourquoi attendre d’une équipe dirigeante de ne pas chercher à faire élire ses soutiens? Que cette équipe soit corrompue ou non, cela ne change pas le fait que pour appliquer ta politique, tu choisis tes collaborateurs. Pourquoi attendre que les choses changent d’elles-mêmes sans daigner fournir les efforts nécessaires? Bien entendu, nous ne voulons pas ôter le droit de se plaindre à qui que ce soit, mais croyons que ces plaintes s’inscrivent dans une routine implacable, et que par le sentiment de devoir accompli qui s’en dégage, elles continuent de participer au glissement vers l’impertinence et l’inefficacité du syndicat étudiant.

Place au plus sérieux

L’Association des étudiantes et étudiants marxistes de l’U d’O (AÉÉMUO) a réussi à obtenir le nombre suffisant de signatures pour tenir un référendum sur les Assemblées générales. Nous en avons déjà traité auparavant et nous pensons que cette échéance est étroitement liée au devenir de la FÉUO et du campus de l’U d’O.

Nous pensons que la campagne référendaire qui va débuter dans deux semaines, au-delà des prises de position, devra être plus riche en contenu et en protagonistes pour garantir une participation meilleure, aussi bien quantitativement que qualitativement. Nous appelons donc dès maintenant, l’AÉÉMUO, la FÉUO, ceux qui militeront pour le « Oui » et ceux qui le feront pour le « Non », à élargir l’éventail de leurs campagnes pour obtenir une meilleure implication. L’enjeu étant crucial, on ne peut se contenter de convaincre ceux qui le sont déjà, comme on le fait souvent en politique étudiante, d’autant plus que pour concorder avec le principe même de l’institution proposée, la participation doit être un objectif en soi.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire