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Sports et bien-être

La santé mentale et le hockey junior : une réalité méconnue

Dawson Couture
2 décembre 2019

Crédit visuel ; Andrey Gosse – Directeur artistique 

Par Maxime Jolicoeur – Chef du pupitre Sports et bien-être

De plus en plus de joueurs d’hockey avec le potentiel d’atteindre les rangs professionnels éprouvent des difficultés lorsqu’ils atteignent les rangs juniors, soit, une étape avant leur rêve d’enfance. Ces athlètes ont une vie très chargée avec l’école, le hockey et leurs vies personnelles.

Il semble que la question de la santé mentale de ces jeunes adultes (16-20 ans) en est une qui est souvent oubliée par plusieurs. Cette réalité paraît comme un aspect d’une vie de hockeyeur inconnu par plusieurs fanatiques du sport, surtout ceux qui suivent des équipes juniors religieusement.

Une vie d’ado différente

Pour un joueur de hockey qui évolue dans le junior majeur, les chances de se faire repêcher son minime. L’an dernier, seulement 18 joueurs de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) et 25 de la LHO, Ligue de hockey de l’Ontario, ont été repêchés par une équipe de la Ligue nationale de Hockey (LNH).

Ces statistiques représentent environ 25% des joueurs de ces ligues. Il y a encore moins de chance que ces joueurs repêchés se taillent une place à un poste régulier avec une formation de la LNH.

Vie quotidienne

Partir de la maison à l’âge de 16 ans ne représente pas la vie d’un.e adolescent.e régulière. C’est cependant la réalité de la vaste majorité des joueurs dans la LHJMQ. Cette ligue couvre l’entièreté des provinces maritimes et celle du Québec.

Un joueur de la Nouvelle-Écosse pourrait très bien aboutir avec l’Armada de Blainville-Boisbriand, à quelques 1,448 kilomètres de la maison. Cela implique l’adaptation à une nouvelle culture, potentiellement à une nouvelle langue et à une nouvelle famille, sans oublier un horaire chargé; 

« J’ai de l’école le lundi et le jeudi. J’ai mes pratiques d’équipe tous les jours de la semaine de 9h à 11h. J’ai aussi ma pratique de gardien de but une fois par semaine en soirée, donc, deux fois sur la glace en une journée. Ça, c’est sans compter le off-ice qu’on a et le déplacement avec les matchs sur la route », explique le gardien de but des Olympiques de Gatineau Rémi Poirier.

Ce dernier sera à Montréal en juin prochain dans l’espoir de se faire repêcher par une équipe de la LNH. « J’ai quelques équipes de la LNH qui m’ont déjà parlé. C’est sûr que quand les listes de repêchage sortent, j’essaie de ne pas les regarder mais ma mère regarde tout le temps ces choses-là donc je finis par le savoir » a confié Poirier.

« C’est une année différente des autres. C’est sûr que je vais alloué des buts donc je ne peux pas être fâché après moi-même quand ça arrive » a-t-il ajouté.

Professionnel ou universitaire ? 

Pour plusieurs de ces joueurs aspirants à la LNH, leur vie se résume complètement au hockey. Cela signifie qu’une vie sociale prend le côté et ce, par défaut. La situation est encore plus difficile pour des athlètes qui ne connaissent pas leurs futurs.

La grande majorité de ces hockeyeurs doivent aussi trouver une façon d’obtenir une forme d’éducation pour entrer dans le marché du travail et gagner leur vie. C’est souvent la raison pour laquelle quelques uns d’entres eux terminent leurs carrières dans les rangs universitaires.

Selon Patrick Grandmaître, entraîneur-chef du programme de hockey masculin de l’Université d’Ottawa, «  avec les médias sociaux, il n’y a plus de secret que le niveau de jeu ici est élevé. On peut voir qu’on attire de plus en plus de joueur qui n’ont pas atteint la LNH (Ligue nationale de hockey) et la LAH (Ligue américaine de hockey). Les gens commencent à voir qu’on est un haut niveau et on l’entend quand qu’on recrute. »

« C’est une adaptation pour tous les joueurs qui viennent du junior majeur [jusqu’au niveau universitaire]. Souvent, leurs attentes c’est que le jeu sera inférieure ou égale à celui de la LHJMQ. Ça prend tout le temps un mois ou deux pour un joueur de bien s’adapter au niveau de jeu ici », explique l’entraîneur.

La vie après-hockey

Depuis quelques temps, on peut voir que la LHJMQ, la LHO et la Western Hockey League (WHL), ont aussi commencé à porter une attention particulière à ce sujet.

On peut maintenant voir un onglet « Éducation » sur le site web de la Ligue canadienne de hockey (LCH). Sous cet onglet, on peut lire que la LHJMQ offre environ $650 000 dollars en bourse à des anciens joueurs pour encourager à ces derniers à se diriger vers une éducation après la vie d’athlètes junior majeur. 

Pour plusieurs athlètes qui jouent présentement dans la LCH, leur carrière de hockey n’atteindra pas la LNH ou les rangs professionnels de l’Europe ou de l’Asie.

Du côté des joueurs, la vie ne s’arrête pas après cette période. Le progrès fait par la LCH à ce sujet est aussi un signe positif pour ces joueurs. Les bourses offertes par les ligues continueront de construire l’avenir de leurs athlètes, eux qui ont dévoué une partie de leur vie d’adolescent et d’adulte à ces institutions qui ont tiré profit de leurs services sans les payer.

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