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Arts et culture

Soirée éclatée en danse avec Running Piece et Lamelles

Culture
23 novembre 2019

Crédit visuel; Maxime Robert Lachaîne 

Par Clémence Roy-Darisse – Cheffe du pupitre Arts et culture 

Du 21 au 23 novembre, le Théâtre du Trillium présente à la Nouvelle-Scène Gilles Desjardins un programme double de danse ; les pièces Running Piece et Lamelles. Ces deux œuvres à la forme éclatée posent un regard critique sur la société contemporaine. 

Running Piece, création de Jacques Poulin-Denis et interprétée par James Gnam met en scène un homme trônant sur son tapis roulant, porté par le rythme de ses propres pas. Très vite, sa présence sur la courte scène évoque les centres de fitness qui peuplent de plus en plus le paysage occidental. 

De son côté, la pièce Lamelles, créé par Cédric Delorme-Bouchard et interprété par sept danseurs performeurs, est un spectacle en trois actes à la forme étrange et spectaculaire. Il parcourt les côtés animaux, relationnels et sacrés de l’humain sur une musique électro éclatée. 

Courir sans cesse

La forme est efficace pour le propos, mais comporte certaines longueurs. Le danseur jogge d’abord de manière très ordinaire pour les premières minutes. Puis, son pas s’accélère, devient plus imposant, changeant par le fait même la musique que crée son propre tapis roulant. La course se transforme ensuite en danse, en spectacle, les pas varient dans leur grosseur, dans leur largeur et dans leur rythme.

L’artiste semble avoir exploré toutes les facettes de son instrument, mais l’effet de répétition devient parfois redondant. La trame sonore électro augmente et la tension de sa quête est accompagnée aussi de projections abstraites. 

L’interprète poursuit sa quête vers une destination inconnue, courant sans cesse un peu nul part sans savoir pourquoi. Des bribes de voix l’encouragent à continuer malgré la fatigue. L’épuisement est évident et la marée de sueur perle de ses joues. Le performeur achève son périple en ayant plus la force de continuer, le tapis l’attire et le ramène au point de départ. 

Représentation du culte de « l’être occupé », Running Piece rejoint efficacement quiconque qui s’est déjà senti surmené, tiré par les événements, malgré certaines longueurs et répétitions dans la forme.

L’œuvre interroge notre mode de vie accéléré, épuisant où l’humain machine commande. Courir vers quoi et pourquoi courir autant? Running Piece pose la question. 

Lamelles, ou parcelles d’humanité

Pour ce qui en ai de la deuxième oeuvre, le point fort reste l’esthétique qui, grâce à l’éclairage et la musique, nous transporte dans des univers de beauté insolites. Les effets d’ombre et de lumière tracent une multitude d’espaces et de cadres où évoluent les corps en mouvement. Ici les corps n’habitent pas l’espace, ils y sont contraints.

Les spots agissent comme loupe sur ce qui nous rend humains, autant beau que laid. La pièce débute par révéler certaines parties du corps des interprètes, les dévoilant progressivement des pieds à la tête dans une noirceur totale. Les pièces de chair présentées, parfois aussi surprenantes qu’un genoux ou un coude évoquent la bestialité de l’humain.

Puis, les pièces de chair affichent son besoin d’appartenance, notamment superposant les membres des interprètes en se cajolant. Une femme nue se déclare ensuite au centre, sous un éclairage chaud. Une autre femme la retrouve, l’observe et l’analyse. Des relations éphémères se créent. Enfin, un mur de brouillard froid se bâtit au centre de la scène, les artistes le traverse puis en ressortent habillés, sacralisés, leur corps presque statue. 

On y saisit des représentations multiples de la condition humaine. Toutefois, ce que la pièce interroge n’est pas très clair et manque peut-être parfois de précision. La thématique de la condition humaine est assez large ; elle regroupe tout et rien à la fois.

Cependant, chacun.e peut en faire facilement sa propre interprétation, imaginant les corps à la fois comme objet de désir, de pulsions, mais aussi de relation. On en ressort ainsi avec davantage de questions que de réponses. 

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