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Sports et bien-être

Sport et sexisme ; quand s’entraîner devient une difficulté

Dawson Couture
14 mars 2021

Crédit visuel : Valé­rie Soares – Photo­graphe

Article rédigé par Marie-Ève Duguay – Journaliste

Que ce soit pour rester en forme ou tout simplement pour se défouler les sportif.ve.s sont à nouveau accueillis dans les salles de sport depuis leur réouverture en février. Alors que les bienfaits de l’activité physique sur le corps et la santé mentale ne sont plus à prouver, il n’est pas toujours facile pour les femmes de s’épanouir complètement dans cet environnement. Trois étudiantes de l’Université d’Ottawa (U d’O) témoignent de leurs expériences plutôt mitigées.

Pour Danika Dumoulin, étudiante en gestion à l’U d’O, l’entraînement en salle est une véritable passion. Mais tout comme Isabelle Smith, culturiste et étudiante en nutrition à l’U d’O, elle sait à quel point il peut être difficile de s’y sentir vraiment à sa place.

Aux grands maux…

Stéphanie Lalonde, étudiante en communication à l’U d’O, expose le fait que s’entraîner lui donne l’occasion parfaite de « laisser sortir [ses] frustrations et d’avoir du plaisir ». Dumoulin et Smith acquiescent en expliquant que faire de l’exercice dans les salles de sport est devenu pour elles une façon de maintenir leur santé mentale. « C’est ma façon de gérer mon stress et de me défouler », reconnaît Dumoulin.

Les trois sportives affirment qu’il est cependant dommage que cette méthode de gestion du stress ne vienne pas sans prix. Entre regards insistants et commentaires déplacés, s’entraîner peut parfois s’avérer très intimidant pour les femmes. À l’instar de Dumoulin et Smith, Lalonde témoigne avoir rencontré plusieurs obstacles dans cet univers sportif dominé par les hommes. L’athlète souligne qu’elle aimerait bien s’entraîner en soutien-gorge de sport, mais qu’elle hésite à le faire de peur de se sentir épiée. 

Les difficultés auxquelles les étudiantes doivent faire face ne se limitent pourtant pas qu’à leur tenue ; Dumoulin affirme qu’il lui arrive de se faire suivre dans les salles, et confie que « cela arrive trop souvent pour que ce soit une coïncidence ». Smith, quant à elle, admet avoir reçu plusieurs commentaires inappropriés qui l’ont même poussée à contacter la direction de l’établissement qu’elle fréquente. L’étudiante en gestion estime que « les filles doivent être plus alertes » lorsqu’elles s’entraînent, et que toutes ces précautions à prendre peuvent s’avérer très pesantes, voire décourageantes.

… les « grands » remèdes

Pour éviter l’attention négative qu’elles reçoivent, les sportives indiquent avoir eu recours à plusieurs méthodes. Lalonde fait remarquer qu’elle se sent plus à l’aise lorsqu’elle s’entraîne avec sa sœur ou un.e ami.e. C’est également le cas pour Smith, qui observe une baisse d’attention lorsqu’elle est accompagnée de son copain. Dumoulin, quant à elle, admet préférer emmener son frère lorsqu’elle commence à fréquenter un nouvel endroit, et ajoute changer de tenue pour ne pas attirer trop l’attention quand les salles sont très occupées. 

Les étudiantes mentionnent aussi qu’elles favorisent les moments où les salles ne sont pas trop occupées pour s’entraîner, comme tard le soir pour Dumoulin, ou tôt le matin pour Lalonde. Elles expliquent que, puisqu’il y a moins de gens, il est plus facile pour elles de surveiller leur entourage.

Pour faire face au problème, certaines salles d’entraînement ont mis en place des plages horaires réservées aux femmes. Sinka Stankovic, employée du complexe sportif Minto, confirme que l’U d’O accorde de telles sessions les mardis et les jeudis matins de 7h30 à 8h30. L’employée souligne qu’elles se font rapidement réserver, car la demande pour ce genre de service est élevée ; Dumoulin regrette d’ailleurs que la majorité des établissements sportifs d’Ottawa n’offrent pas cette option.

Le problème ne se résoudra pas en créant des salles d’entraînement séparées ou en se faisant accompagner d’un chaperon mentionne Dumoulin, qui se sent souvent jugée par les autres filles qui fréquentent les salles de sport. L’étudiante laisse entendre qu’il y a un plus grand problème qui entoure la culture de l’activité physique en salle d’entraînement, mais mentionne toutefois que cette attention négative ne la poussera pas à arrêter ses sessions d’exercice. Dumoulin encourage d’ailleurs les autres étudiantes qui aimeraient commencer le sport à se lancer, car même si le sexisme est toujours bien présent dans le sport, les avantages en sont également bien nombreux.

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