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Le stress post-traumatique : plus répandu que l’on penserait

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2 décembre 2019

 

Crédit visuel; Freeimages

Par Maeve Burbridge – Cheffe de la section Actualités

La plupart des individus vivront une situation traumatique dans leur vie. Pourquoi le mot « traumatique » demeure-t-il donc si tabou ? La Rotonde s’est entretenue avec deux psychologues afin de comprendre pourquoi le sujet est à la fois méconnu mais étendu.

Le terme « stress post-traumatique » sert à désigner une réaction postérieure à une situation traumatique qu’une personne a vécu. Un.e individu affecté.e par cette forme de trouble d’anxiété peut ressentir des symptômes sans savoir exactement ce qui a provoqué la réaction. Il s’agit là d’une des caractéristiques distinctives du stress post-traumatique.

Les symptômes peuvent inclure des souvenirs soudains où la personne revit de nouveau la situation traumatique ainsi que des cauchemars en lien avec l’incident. L’hypervigilance, des difficultés liées au sommeil et un manque de confiance envers autrui sont considérés comme des symptômes psychologiques du stress post-traumatique.

Rendu à un stade assez évolué, une personne atteinte de stress post-traumatique peut s’être isolée au point où l’interaction avec autrui s’avère difficile.

D’après Carolynn Campbell, thérapeute qui se spécialise dans les domaines du stress post-traumatique et de l’anxiété, l’individu souffrant de stress post-traumatique ne sentirait même plus de connection avec soi-même.

Campbell  explique que les réactions de stress post-traumatique sont contrôlées par l’amygdale, partie du cerveau qu’elle qualifie de « l’alarme à feu du cerveau ». À chaque fois qu’une personne vit un stress post-traumatique, elle est rappelée soit consciemment ou inconsciemment de l’incident traumatique par l’amygdale qui déclenche de nouveau l’alarme. L’adrénaline et la norépinéphrine, les hormones de stress du cerveau, sont sécrétées et la réaction de lutte et de fuite est enclenchée même si la situation n’est aucunement dangereuse ou effrayante.

Traumatiques mais non dramatiques

Un mythe répandu sur le stress post-traumatique est que ce stress n’est occasionné qu’après des situations très dramatiques ou tragiques. Toutefois, il n’existe aucune définition homogène de ce qu’est un événement traumatique.

Des situations effrayantes vont plus souvent causer un choc qui peut déclencher le tout.

Michelle Dawn Jones, psychothérapeute spécialisée dans le domaine du stress post-traumatique et la gestion de la colère, explique que le traumatisme rentre seulement en jeu en fonction de la signification de l’événement pour la personne qui le vit. « Ce qui est traumatique pour moi n’est peut-être pas traumatique pour toi. Aucun événement n’est forcément traumatique », explique  Jones.

Un événement qui pourrait sembler banal peut être tout aussi traumatique que de vivre quelque chose d’extrêmement tragique, si la situation anodine porte la même signification que la situation dramatique.

D’après Campbell, quand une personne vit une situation très effrayante, il y a environ 30 % de chances qu’elle expérimente des symptômes de stress post-traumatique par après. Pour ce qui en est des situations plus intenses, Jones informe que les personnes qui ont vécu où qui ont été victimes ou témoins d’abus sexuels sont celles qui développent le plus souvent un stress post-traumatique. 

Une maladie dans l’ombre

Un autre mythe souvent associé au stress post-traumatique est que celui-ci est permanent ou affecte nécessairement une personne pour une période prolongée. Jones fait savoir que ce n’est souvent pas le cas. Selon l’individu et sa situation, le stress post-traumatique peut se régler relativement rapidement, en quelques mois ou années. Cela n’enlève pas la possibilité que le stress post-traumatique reste à vie pour certaines personnes. 

D’après Jones, ces perceptions fautives sur le stress post-traumatique viennent du stigma qui entoure cette maladie. D’après elle, les gens hésitent à aborder le stress post-traumatique car « on a l’impression que ce sont juste des vétéran.te.s de guerre qui peuvent vivre un stress post-traumatique, mais en fait les gens normaux sont très souvent atteints ».

Il existerait, d’après Jones et Campbell, une hésitation à donner le nom de stress post-traumatique aux symptômes ressentis car le libellé parait dramatique, tragique ou victimisant.

Le malaise qui accompagne le terme « stress post-traumatique » risque d’être problématique car si les gens hésitent à donner un nom à leurs symptômes, ils risquent d’être davantage récalcitrant à chercher de l’aide. Ce trouble reste donc entouré de stigma, bien plus que d’autres maladies mentales qui sont aussi relativement communes, comme l’anxiété et la dépression.

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