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Pour une considération des minorités de genre à l’U d’O

Daphnée-Maude Larose
6 avril 2024

Crédit photo : Ted Eytan / CC BY-SA 2.0 / Flickr

Article rédigé par Daphnée-Maude Larose — Journaliste

Chaque jour, des individus font des sacrifices et luttent pour la reconnaissance des droits de tous les genres. Le 31 mars est nommé la Journée internationale de la visibilité transgenre dans le but de reconnaître ces personnes et les difficultés auxquelles ils.elles font face ainsi que de célébrer leurs contributions sociales. Malgré ces nombreuses avancées, l’utilisation d’anciens prénoms est encore une problématique dans plusieurs institutions telle que l’Université d’Ottawa (U d’O).

À l’Assemblée générale (AG) de l’hiver 2023 du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO), une motion concernant le soutien de la communauté transgenre a été passée. Elle proposait de ne jamais partager le prénom légal d’un individu « sauf avec le consentement explicite de l’étudiant en question, ou lorsque cela est légalement nécessaire », raconte Imani Bunzigiye, commissaire à l’équité du SÉUO.

Employer le mauvais nom, une faille administrative

Lors de l’AG de l’automne 2023, Phoebe Qiao, étudiante en sciences politiques et vice-présidente des néo-démocrates de l’U d’O, avait soulevé l’enjeu des droits des personnes queer sur le campus. Elle se questionnait précisément sur les communications entre le SÉUO et l’administration centrale, puisque la dernière motion n’avait pas encore été mise en œuvre.

« Bien que l’Université ait un système en place, il n’est pas établi de façon universelle ou de manière efficace », affirme Qiao. Elle explique que l’outil permettant de modifier son prénom préféré est facile à utiliser et que le changement se fait relativement vite. Néanmoins, les listes auxquelles les professeur.e.s ont accès affichent les prénoms légaux et les prénoms préférés, indique-t-elle. « Actuellement, il y a de nombreux cas où des étudiant.e.s sont morinommé.e.s, par exemple sur des listes d’examens, [de présence] ou même dans des échanges de courriels », ajoute la commissaire à l’équité.

L’étudiante en sciences politiques ne croit pas qu’il soit nécessaire de fournir les deux noms, et que cela a plutôt tendance à créer des problèmes. Elle partage que plusieurs fois, son morinom a été employé par des professeur.e.s. « L’usage du morinom peut ruiner la journée d’une personne. C’est une expérience très négative », soutient Qiao.

Pour une expérience positive dans les classes

Zacharie Collins, agent de recherche et de sensibilisation à FrancoQueer, exprime que « cela peut sembler dramatique, mais c’est une forme de violence ». Il développe que l’action de morinommer peut remettre certain.e.s dans des moments où ils.elles étaient misérables. « L’usage du morinom peut réellement ruiner la journée de quelqu’un », poursuit Qiao. Celle-ci avoue qu’il y a parfois un manque de compréhension des enjeux de genre par les professeur.e.s et qu’ils.elles emploient des termes vieillots.

« Il est important d’avoir des politiques en place spécifiquement pour le respect de la communauté LGBTQIA+ », proclame Collins. Il propose comme exemple des politiques contre le harcèlement et la discrimination. Toutefois, il précise que ce n’est pas assez. Selon lui, des pratiques systématiques ainsi que des procédures de plaintes facilement accessibles aux individus issus de diversités doivent être mises en place.

Ce dernier témoigne qu’un processus de suivi est pertinent puisqu’il permet d’observer s’il y a résolution du problème. « S’il n’y a pas d’amélioration, il peut y avoir des conséquences un peu plus poussées », souligne-t-il. L’agent de recherche et de sensibilisation à FrancoQueer suggère notamment des formations pour le corps professoral. Qiao partage cet avis : elle croit que celles-ci devraient être obligatoires pour chacun.e.s de professeur.e.s afin de les sensibiliser aux enjeux des personnes trans et non binaires.

Des solutions concrètes et inclusives sur le campus

Collins pense qu’il faut « se mettre dans les souliers de ces personnes-là », ce que la commissaire à l’équité assure faire. Bunzigiye affirme être « activement en contact avec les membres de l’administration de l’Université » et elle informe qu’elle participe notamment à un projet proposé par des membres du Centre de la fierté. Ce projet tente de répondre à la crise de santé des personnes trans et non binaires en les mettant en relation avec des soins de santé et de travail social. L’agent de recherche et de sensibilisation à FrancoQueer renchérit qu’il faut vraiment mettre en priorité les besoins de ces personnes pour leur bien-être.

Bunzigiye atteste être impliquée dans plusieurs programmes pour la diversité, comme « C’est réglé », un projet lancé dans le but de combler l’inaccessibilité à des produits menstruels. « Il [le projet] est actuellement en phase un et les phases suivantes incluent l’ajout de produits menstruels dans les toilettes pour hommes », précise la commissaire à l’équité. De plus, l’assurance médicale et dentaire fournie par le Syndicat couvre des soins affirmant le genre tel que l’hormonothérapie (HRT) et certaines chirurgies, signale-t-elle.

Pour de plus amples renseignements sur les enjeux qui touchent les personnes trans et non binaires, les sites web Interligne et Santé arc-en-ciel Ontario peuvent être consultés.

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