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Arts et culture

Tatouage : Le passage d’un art marginalisé à une expression quotidienne de l’individualité

Web-Rotonde
4 février 2013

– Par Élise Vaillancourt –

Pourtant une pratique ancestrale, les tatouages ont été associés au cours du siècle dernier à l’anticonformisme de certaines classes d’individus. Au détour de l’an 2000, cette pratique semble être devenue plus courante et mieux acceptée dans la société. Qu’en est-il réellement?

L’acceptation du tatouage: un héritage des médias sociaux?

 D-Rail est un artiste tatoueur à Universal Tattoo, sur la rue Rideau. Ce dernier arbore des tatouages sur ses deux bras, sur son dos, sur sa poitrine et sur une partie de ses jambes, fruit d’un travail de plus de 75 heures afin de compléter tous les tatous. Selon lui, « on ne rencontre plus la pression qu’il y avait autrefois chez les gens tatoués, c’est vraiment devenu mainstream ».

Aley K. Alderson est une apprentie tatoueuse au salon Living Colour. C’est à l’âge de 17 ans qu’elle a commencé sa formation de tatoueuse, un emploi qu’elle convoitait depuis sa jeunesse. Pour Aley, cette ouverture décrite par D-Rail peut être expliquée par le développement de réseaux de communication moins traditionnels. « Internet et les émissions de télé-réalité se déroulant à l’intérieur des salons de tatouage ont favorisé la mise en contact avec la diversité et l’hétérogénéité… », soutient-elle. Elle croit que « ce sont les médias sociaux qui ont suscité l’intérêt des individus et l’acceptation progressive du tatouage comme une forme d’art. »

Une stigmatisation toujours présente, mais faible

La discrimination envers l’art du tatouage et les individus exhibant leurs tatouages, est toujours quelque peu présente. D-Rail raconte qu’il y a certaines zones du corps sur lesquelles les gens évitent de se faire tatouer, comme les mains, le cou et le visage. « Si tu le fais, les gens vont te regarder comme si tu venais de sortir de prison », dénonce-t-il.

Aley Alderson dénonce la discrimination des individus tatoués sur les lieux de travail plus traditionnels. Selon elle, « les tatouages plus offensants devraient être cachés, mais ceux qui sont beaux devraient pouvoir être montrés. »

Aux plus critiques qui ne considèrent pas le tatouage comme un art, D-Rail et Aley ont une réponse claire: oui, c’est un art. « Il faut être créatif… On doit choisir où mettre les nuances, les ombres et les lumières », argumente D-Rail. Aley renchérit en ajoutant que ce n’est qu’une autre manière d’apprécier l’art, à travers laquelle le corps parle, sans que l’individu n’ait besoin de dire quoi que ce soit.

Profession: tatoueur

D-Rail était illustrateur de livres pour enfants avant de s’orienter vers le métier de tatoueur. Durant plus de deux ans, il assista un artiste tatoueur bénévolement afin de pouvoir acquérir les compétences nécessaires à l’emploi. « Au début, on se pratique sur des fausses peaux, des pamplemousses ou même sur nos propres jambes [rires]. C’est une période difficile, mais nécessaire », raconte-t-il. Même chose pour Aley qui, après neuf ans de carrière, est toujours apprentie. Elle raconte qu’être une femme ne l’a pas handicapée dans la reconnaissance de son art. « Peu importe l’industrie, c’est toujours difficile de s’imposer en tant que femme. Je ne crois pas que ce le soit davantage dans mon cas », nuance-t-elle.

Enfin, les deux tatoueurs s’entendent sur un point: pratiquer ce métier est un défi quotidien où chaque jour diffère du précédent.

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