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Arts et culture

Tintin au pays des titinophiles

Web-Rotonde
26 mars 2012

Table ronde

Catherine Dib | Chef de pupitre
@CatherineDib

Le 19 mars, tintinophiles de 7 à 77 ans et autres fanatiques des mille milliards de mille sabords du capitaine Haddock se sont pointés pour une table ronde sur Hergé et Tintin. Le professeur Martin Meunier comme animateur, les spécialistes Olivier Dard, Pierre Skilling et Yves Laberge ont présenté divers points de vue sur le petit reporter belge.

Tintin, fils de la Belgique

Historien et essayiste français, Olivier Dard, quoique ne respectant pas nécessairement le thème de la table ronde selon Martin Meunier, trace un portrait du père de Tintin, Hergé, de son vrai nom George Prosper Rémi.

Misant sur les diverses personnalités importantes dans la vie du bédéiste, dont l’autoritaire abbé Norbert Wallez, l’analyse de M. Dard permet de comprendre des fragments des orientations religieuses et politiques d’Hergé. Sa vie parmi les scouts rappelle le héros sans défaut ni état d’âme qu’est Tintin. C’est par ailleurs à travers ce réseau que le jeune dessinateur est engagé par le journal catholique et ultranationaliste, Vingtième Siècle.

C’est dans ce même esprit consensuel à son cadre que Tintin incarne la Belgique de son époque, durant une période où l’abbé commande à Hergé Tintin chez les Soviets, un reporter belge contre l’horreur soviétique.

L’Europe hier, l’Amérique aujourd’hui

Auteur de Mort aux tyrans!, Pierre Skilling a pour sa part offert une lecture fort intéressante des questions actuelles qui titillent la tintinologie. En effet, l’avatar hollywoodien à haute technologie offre une nouvelle version de Tintin, la « vraie » version, et permet de redonner ce héros aux enfants d’aujourd’hui.

La comparaison que ce dernier établit entre le héros à l’européenne qu’est Tintin et celui mijoté à l’américaine avait éveillé l’intérêt de plusieurs, cette lecture permettant de saisir en quoi Tintin incarne non seulement la Belgique, mais aussi, l’Europe.

En effet, alors que le héros américain est créé dans une mentalité « démocratique » (pensons à Batman ou Superman, monsieurs-tout-le-monde qui deviennent super héros), Tintin existe dans une certaine aristocratie, n’ayant ni origine ni famille. Sa vie au château de Moulinsart, les personnages se vouvoyant sans cesse, ainsi que cette « noblesse » qui est octroyée au capitaine Haddock dans Le secret de la licorne trahissent aussi cette tendance européenne.

Héros de chez nous?

Le dernier intervenant était certainement le plus controversé. Acceptant de parler publiquement pour la première depuis la publication du livre, le créateur de Colocs en stock et sociologue de l’Université Laval, Yves Laberge, s’est livré au récit de la genèse de cette adaptation québécoise. Voyant Tintin comme étranger par rapport au Québec, l’auteur souhaitait le traduire dans le joual local, comme l’avaient déjà fait d’autres traducteurs.

Quoique les avis aient été partagés quant à la nécessité d’une telle publication, le grand travail qu’avait entrepris M. Laberge transparaissait dans les extraits lus. « Castafiore du Saguenay » remplaçant la « Castafiolle », mais sans aucun blasphème.

Ainsi, les trois points de vue étaient somme toute intéressants, mais l’incohérence entre les présentations limitait la vue d’ensemble de l’œuvre légendaire de la bédé belge qu’est Tintin. Pour conclure, tel que M. Skilling l’a souligné, la tradition du reporter dans la bédé a maintenant évolué vers le bédé-reportage, permettant d’apprécier la brèche que le parfait petit Tintin a permis d’ouvrir dans le monde de la création.

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