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Éditorial

Transition à ne pas prendre pour acquis

Rédaction
4 mars 2019

Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

La protection des clubs, des services et des commerces était l’un des sujets phares du référendum étudiant, pour ne pas dire le thème. C’était le mantra des deux côtés du bulletin de vote. « On va protéger les services et les commerces, c’est une priorité. »

Et maintenant ?

Une vague de congédiements a débuté au sien de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO). On a annoncé la mort imminente des commerces. La FÉUO et l’organisation élue, le Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO), se lancent le blâme sur les réseaux sociaux.

Pourtant, n’avait-on pas convenu d’une transition paisible ? Le SÉUO n’avait-il pas annoncé après sa victoire d’entamer un transfert « sans heurt » ? Paige Booth, présidente par intérim de la FÉUO, ne s’était-elle pas engagée à faire tout ce qui était en son pouvoir pour protéger les services et les emplois ? « C’est une promesse », avait-elle dit.

À la lumière des récents développements, on peut dire que ces promesses vieillissent mal. Un peu comme celle de la transparence, non ? Aucun communiqué de la FÉUO à l’endroit de ses membres annonçant et surtout, expliquant la liquidation des commerces. C’était pourtant le moment idéal pour agir sur cette promesse, mais au lieu, on poursuit la culture de l’omerta.

Deux versions… deux vérités ?

Au lieu, on retourne sur Facebook et on  se renvoie la faute. La version de la FÉUO diffusée sur le compte de Booth allègue que la Fédération a soumis un plan de transition qui a été refusé par le SÉUO, qui désirait plus d’informations. On peut lire dans cette publication que les deux parties auraient discuté des conséquences de ce rejet, soit un processus qui inclut des congédiements.

Le SÉUO n’a pas répondu publiquement à Booth, mais il l’a fait par l’entremise d’un commentaire sur l’une de ses propres publications. On y apprend un peu sur le plan en question. Une transition qui aurait été proposée par la FÉUO comme étant un « facelift de l’organisation ». Le Syndicat explique que leur déclin de la proposition est dû au fait que « [cela] les aurait forcés à devenir une FÉUO 2.0 […], mais qu’ils attendent de recevoir une liste des actifs, des passifs et d’autres obligations contractuelles de la FÉUO ».

C’est une réponse révélatrice parce qu’elle s’emboîte avec des commentaires publics de personnes affiliées à la FÉUO qui clament que le référendum n’est « qu’un changement de nom et de logos ». Mais à tout état de choses, on ne peut – et on ne devrait pas – en venir à conclure quoi que ce soit avec ces déclarations. Il existe deux versions opposées de la situation avec des faits qui sont probablement véridiques dans les deux scénarios.

Toutefois, cela ne justifie pas l’absence de transparence et l’impression de tensions au niveau du processus de transition. Les niaiseries de politique étudiante et les tirades de partis doivent cesser. Des gens sont en train de perdre leur source de revenus et la population étudiante perd graduellement ses ressources.

1er mai, date à encercler

Imaginons un instant que les choses poursuivent la trajectoire actuelle. Le 1er mai arrive, le SÉUO est officiellement en fonction et les commerces ne sont que de jadis souvenirs. Il y a un chantier à remettre sur pied et avec un budget flou à cause des récentes annonces du gouvernement Ford au sujet du financement des organisations étudiantes. L’Université d’Ottawa est avantagée sur le marché dû à la disparition des commerces qui régulaient en partie les prix.

Elle approche vite cette date.

Tels des dominos, les effets du référendum commencent à apparaître les uns après les autres. La suite demeure incertaine, car l’état actuel de la Fédération a changé de manière irréversible. De nouvelles variables sont à présent en jeu, les deux organisations devront retourner autour de la table pour s’entendre sur un plan d’action qui devrait inclure des mesures d’atténuation.

Clarté, quelqu’un ?

C’est quand même une coïncidence intéressante que l’on revienne constamment sur l’enjeu de la transparence lorsqu’on parle de la FÉUO. Si la question se pose à savoir pourquoi les gens ont opté pour une autre option, c’est peut-être une piste de réflexion sur laquelle se pencher.

Il n’est pas ici question de la clause de confidentialité des employés en lien avec l’acquisition d’informations confidentielles obtenues dans le cadre de leurs fonctions. C’est une obligation contractuelle dont la violation entraînerait des conséquences aux employés et qui de toute manière n’est pas sujette à négociation. La communication organisationnelle mériterait d’être retravaillée, mais c’est un enjeu interne dont les spécificités ne sont connues qu’au sein de cette sphère.

Là où la transparence doit être accrue pour le bien de la population étudiante dans son entier est au niveau communautaire entre les organisations et le public. La confiance est quelque chose de fragile qui peut facilement se rompre lors de l’apparition de doutes raisonnables.

La dernière chose que l’on voudrait voir arriver est la perte de confiance envers le processus de transition. Et pourtant, nous y voilà.

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