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Arts et culture

Vivre d’art et d’eau fraîche

Web-Rotonde
19 mars 2012

Dossier pauvreté étudiante


Catherine Dib | Chef de pupitre
@CatherineDib

Il est facile de croire que l’étudiant mène la belle vie, en particulier la vie de bohème stéréotypée qu’on est porté à voir chez l’étudiant en arts. La belle vie, oui, si on fait abstraction du prix exorbitant du matériel de peinture, de photographie, de sculpture, ainsi que des frais de scolarité ridicules, sans parler de l’aventure une fois entré sur le marché du travail! Ouf, beau, mais dur métier que celui d’artiste!

Artistes terrés

Ces artistes, ils sont présents sur le campus. Terrés dans le pavillon des arts sur l’avenue Laurier, ils se roulent les manches quotidiennement pour créer du beau dans leur studio. Cependant, détrompez-vous, ce n’est pas très rose, côtoyer régulièrement ces studios. « Le bâtiment a un certain cachet, certes, mais on manque d’espace. On doit diviser des espaces, complètement déplacer l’équipement lorsqu’on change de médium, précise Marylise Chaussée, étudiante de 4e année en arts visuels. Ce n’est pas approprié pour ce qu’on fait. » « Les plafonds sont aussi très hauts, on a dû créer des systèmes d’accrochage personnalisés », continue-t-elle.

Pour le matériel non plus, ce n’est pas facile. Malgré le montant alloué de 35 $ par cours à ce niveau, ce sont surtout les outils, ainsi que du bois et du métal, qui sont fournis. En ce qui concerne la peinture et autres besoins connexes, ça sort directement de la poche de l’étudiant. Marylise Chaussée en sait quelque chose : « Je fais par exemple des toiles 3 X 4 pieds. Tu montes ton canevas sur ton bois; juste la bâtir peut me revenir à 50 $ et je n’ai pas encore commencé ma peinture! »

Pour Sherry Welden, magasinière du département d’arts visuels, explique qu’elle tente par tous les moyens possibles de maintenir le prix du matériel abordable. « Je sais qu’à mon époque, le matériel d’art était cher, mais les frais de scolarité ne l’était pas autant. »

Quant à lui, Jean-Sébastien Rochon, étudiant de quatrième année dans le même programme, voit ses besoins comblés par le Département en ce qui a trait au matériel offert : « En ce moment, je trouve qu’on a un très bon service au niveau des ressources. On a de l’équipement pour la photographie ou la peinture. On a deux endroits où on peut travailler le bois et le métal aussi », déclare-t-il.

Structure de cours

Toutefois, les bâtiments et les outils ne sont pas les principales lacunes du programme d’arts visuels. Selon les deux interlocuteurs, l’amélioration principale à faire serait un changement dans la construction même du programme. « Le défaut réside dans le fait que c’est seulement en dernière année qu’on a un cours qui nous prépare au marché du travail, déplore M. Rochon. Les trois premières années, on n’est vraiment pas au courant et il y a beaucoup d’étudiants que ça décourage, car ils ont beaucoup de questions durant le baccalauréat qui ne trouvent réponses qu’en quatrième année. » Le cours auquel il se réfère, « Pratique professionnelles en art », offre des présentations par des invités, des projets de groupe ainsi que des visites d’institutions diverses.

Ses propos corroborent ceux de Mme Chaussée, qui y voit aussi une faiblesse : « C’est vrai qu’une partie de ce cours ne peut pas se donner au début, car en première année, on n’a pas de pratique. Mais, par exemple, on apprend dans ce cours à documenter notre travail. C’est très important si tu désires exposer. Toutefois, nos œuvres se détériorent au fil des années, donc beaucoup de notre travail est perdu. »

Une solution possible serait d’inviter régulièrement des artistes ou des directeurs de galerie, afin d’engager la discussion sur le sujet, selon la sculptrice. M. Rochon, de son côté, voit une possibilité de déplacer une partie du cours à la deuxième année afin d’outiller d’entrée de jeu les jeunes artistes.

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