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Éditorial

Au coeur des rancoeurs, la presse a pourtant tellement d’ampleur

Miléna Frachebois
7 février 2022

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Un éditorial rédigé par Miléna Frachebois – Co-rédactrice en chef

Depuis le 22 janvier, les rues du centre-ville d’Ottawa sont occupées par les manifestant.e.s du fameux convoi de la liberté. Cette protestation apporte avec elle une réalité sombre pour les journaux traditionnels comme La Rotonde : l’hostilité et la haine qui s’abattent sur nous.

« Les journaux sont tous corrompus », « ils sont mandatés par le gouvernement », « ils ne servent pas à grand-chose » : ce sont des phrases qu’on entend régulièrement dernièrement, et qui insultent notre mission. Parfois pire, ces paroles « banales » s’accompagnent de violences, verbales ou physiques, envers les journalistes et les reporters.

Peu importe la raison qui amène certaines personnes à penser et dire des choses pareilles, il est important de remettre les choses au clair. Non, les journaux ne sont pas corrompus au Canada, non, nous ne sommes pas au service du gouvernement, et oui, nous servons à quelque chose : nous informons le public sur des enjeux importants. Dans cet éditorial, nous nous adressons à ceux et celles qui présument cela des médias.

Corruption VS démocratie

Commençons par le commencement : qu’est ce que la corruption ? À quoi ressemblerait-elle dans le cadre journalistique ? Vivons-nous réellement dans une « tyrannie » ? 

Veuillez noter qu’une tyrannie est un régime politique dans lequel le pouvoir est arbitraire, absolu. Dans ces gouvernements, l’oppression, l’injustice et la terreur sont de mise. Ainsi, dans une tyrannie, il serait impossible de manifester sur la colline du Parlement pendant une semaine dans les conditions actuelles, c’est-à-dire le harcèlement, la pollution sonore, la profanation de monuments historiques et nationaux, etc. 

On entend fréquemment, en général de ceux et celles adeptes des théories du complot, que nous, les journaux, faisons partie de cette dite tyrannie. Nous serions soit disant un outil de propagande. On croirait presque, à les entendre, vivre dans 1984 de George Orwell. 

Devons-nous donc rappeler l’importance du journalisme dans une démocratie ? Il est fondamental, car il est libre. Le Canada est une démocratie, car la souveraineté est aux mains des citoyen.ne.s canadien.ne.s. Nous choisissons nos représentant.e.s. Qu’ils.elles répondent à vos attentes, c’est une autre histoire. Nous pouvons les élire de façon démocratique toutes les quelques années, contrairement à certains pays dans lesquels les leaders enchaînent étrangement les mandats. En 2020, le Canada occupait la cinquième place au classement des États du monde par indice de démocratie.

Nous ne mettons pas tout le monde dans le même panier : nous savons que cette façon de percevoir les journaux n’est pas fréquente et unanime. Pourtant, elle existe, et elle dérange.

Le rôle de la presse

Dans une démocratie comme la nôtre, la presse est primordiale. Comme disait Honoré de Balzac en 1840 dans La Revue parisienne, « la presse est en France un quatrième pouvoir dans l’État ». Cette idée est tout aussi présente et importante aujourd’hui. Il y a le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire, et le quatrième pouvoir, qui contrecarre les trois précédents :  la presse.

Nous avons pour mission d’informer les citoyen.ne.s, de manière nuancée, sur des enjeux importants. Nous éclairons le public sur des informations d’intérêt public. Mais nous faisons plus que donner des informations. Nous sommes des chiens de garde, nous enquêtons, nous nous assurons que ces trois pouvoirs dont nous parlions respectent notre démocratie. Nous suggérons des solutions là où il y a des problèmes.

Le journalisme peut paraître très sérieux et axé sur les politiques. Mais à coup de plumes et d’entrevues, nous avons aussi la capacité de faire découvrir le monde qui nous entoure aux lecteur.ice.s, afin de mieux l’appréhender. Que ce soit l’actualité, l’art, la culture, les technologies, le sport…

À toutes ces personnes hostiles, voyez que la presse est indispensable, elle est là pour représenter les citoyen.ne.s et leur faire découvrir le monde. La presse n’est pas l’ennemi du peuple. Elle est votre amie.

Les journaux étudiants

Quelle est notre place à nous, les journaux étudiants, dans ce capharnaüm ? Profitons de cet éditorial pour rappeler que la presse étudiante est tout aussi importante que le reste de la presse canadienne. Et qu’elle applique, au même titre que les grands journaux traditionnels, les mêmes principes d’éthique et de déontologie journalistique. 

La Rotonde est un journal indépendant francophone, qui a pour but de servir l’intérêt de sa communauté universitaire de façon neutre et objective. Nous défendons la francophonie et les intérêts des étudiant.e.s. En tant qu’organisme à but non lucratif, nous sommes financé.e.s et mené.e.s par les étudiant.e.s et ne produisons aucun revenu. Les accusations de corruption à notre encontre sont alors d’autant plus absurdes, puisque nous ne sommes financé.e.s ni par l’État, ni par de riches milliardaires, ni même par des figures publiques.

Les journaux canadiens s’assurent que le gouvernement soit transparent envers les citoyen.ne.s, tout comme La Rotonde s’assure que l’Université soit transparente avec les étudiant.e.s. Nous sommes là pour informer tout comme défendre la communauté étudiante face à l’Université. Cependant, notre mandat ne nous empêche pas d’aller voir du côté des anglophones, du côté des professeur.e.s, ou bien encore du côté des manifestant.e.s de ce convoi, même si la plupart des étudiant.e.s se disent mécontent.e.s de ceux et celles-ci.

Nous essayons de respecter notre mandat, mais nous tentons également de rester neutre, afin de permettre à tou.te.s de prendre des décisions éclairées. Nous essayons de combattre ce préjugé de la presse au service de l’État, ou bien ici au service de l’Université ou du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa. À La Rotonde, nous n’avons pas eu peur de dénoncer l’Université à plusieurs reprises quand elle a soudainement décidé d’augmenter les frais de scolarité. Nous n’avons pas eu peur non plus de dénoncer les fraudes qu’il y avait au sein de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa.

Nous ne rendons de services à personne, nous ne devons rien à personne. Parce que nous sommes objectif.ve.s. Parce que nous sommes journalistes.

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