« Allô docteur, pourquoi ai-je mes règles pendant deux mois ? »
Crédit visuel : Dawson Couture – Rédacteur en chef
Chronique rédigée par Mabinty Touré — Journaliste
Le syndrome des ovaires polykystiques, aussi appelé SOPK ou PCOS, est l’une « des maladies hormonales les plus fréquentes » chez les personnes ayant un utérus, une sur dix en étant atteinte. Pourtant, lorsque j’ai été diagnostiquée avec ce syndrome en 2021, je n’avais aucune idée de ce que cela signifiait pour ma santé physique, mais aussi mentale.
SOPK 101
Le SOPK est le résultat d’un déséquilibre des hormones des ovaires ou du cerveau. Cette maladie hormonale provoque une surproduction d’androgènes, en particulier de testostérone, qui sont normalement produits en petite quantité dans le corps des femmes cisgenres. Cela entraîne une augmentation du taux de testostérone dans le sang des personnes affectées.
Ce qui est déroutant avec le SOPK, c’est que ces symptômes (ainsi que leur intensité) varient considérablement d’un.e patient.e à l’autre. Parmi les nombreux symptômes figurent : les troubles ovulatoires, qui regroupent les irrégularités du cycle menstruel, voire parfois l’absence totale de règles, l’hyperandrogénie ou encore la surproduction de testostérone (accompagnée de problèmes d’acné et d’une perte de cheveux), et les syndromes métaboliques, tels que la résistance à l’insuline et le diabète. Pour être considéré comme atteint.e du SOPK, il suffit d’avoir deux sur trois de ces symptômes. Bien que je puisse expliquer tous ces aspects aujourd’hui, il y a deux ans, ce n’était pas le cas.
Entre grossophobie et négligence
Quand j’étais adolescente, j’ai commencé à avoir de graves irrégularités dans mon cycle menstruel. Je me suis donc rendu chez une gynécologue, qui m’a fait comprendre qu’en raison de mon jeune âge, c’était normal que mes règles soient irrégulières. Il me faudrait donc attendre quelques années pour voir si le problème persistait. Après m’avoir prescrit des médicaments, elle a ajouté : « Le fait que tu sois en surpoids pourrait également être la source de tes problèmes de santé. Essaye donc de perdre du poids, la situation va sûrement se rectifier. »
Et bien, mes cher.e.s lecteur.ice.s, la situation ne s’est pas améliorée. Au contraire.
Après quelques années, les symptômes n’ont fait qu’empirer. Non seulement mes cycles étaient irréguliers, mais quand j’avais des règles, cela durait près de deux mois. Je suis donc tombée en situation d’anémie sévère, ce qui me laissait une sensation de faiblesse et d’essoufflement tout le temps. Peu importe combien de temps je dormais, rien ne changeait. Je ne pouvais ni étudier ni me concentrer.
Encore une fois, j’ai contacté une gynécologue. À sa requête, j’ai fait plusieurs tests sanguins, puis une échographie. Après avoir reçu mes résultats, elle m’a prescrit des médicaments en me disant : « Prends ton traitement pour l’anémie, et dans trois mois nous discuterons pour te mettre sur la pilule. »
Il a fallu que je sois hospitalisée en 2021, en raison de l’anémie, pour que je sois finalement diagnostiquée en 2021. Ce séjour prolongé à l’hôpital a alerté les médecins, ce qui a entraîné une nouvelle série d’examens sanguins et d’échographies qui ont révélé une insulinorésistance, et des kystes dans mon utérus. J’ai finalement reçu un traitement plus adéquat pour mes symptômes. Cependant, toujours la même conclusion pour les médecins : « Il faut que tu perdes du poids et tout va se régler. »
J’ai donc perdu du poids, très difficilement en raison du SOPK. Cela n’a toutefois pas été durable.
En mars 2023, je suis retournée chez le médecin pour enfin comprendre ce que le SOPK représentait. Pour la première fois en deux ans, je suis tombée sur une professionnelle qui m’a expliqué la maladie, ainsi que les symptômes que j’éprouvais. Elle a pris le temps de répondre à toutes mes questions et de m’expliquer comment adapter mon style de vie.
La perte de poids n’est pas une solution
Lors de cette consultation, j’entends pour la première fois les paroles suivantes : « Cela ne sert à rien de perdre du poids. Je ne connais aucune étude scientifique qui a prouvé que la perte du poids peut changer des valeurs biologiques. C’est un syndrome. » Le soulagement que j’ai ressenti à ce moment fut indescriptible.
La gynécologue m’expliqua qu’il n’y a pas vraiment de traitement pour le SOPK, mais plusieurs moyens pour atténuer les différents symptômes. En raison de ma résistance à l’insuline, il était primordial de consommer des aliments riches en protéines à chaque repas. Cette composante améliorerait le contrôle de la glycémie (taux de glucose) et aiderait à équilibrer la réponse insulinique (hormone qui traite le glucose). Elle a ajouté qu’à cause de cette résistance à l’insuline, il me serait préférable d’éviter les aliments transformés. Il est également encouragé de consommer des compléments comme le myo-inositol (qui influence l’insuline), de l’oméga-3 et de la vitamine D. Il m’a finalement été recommandé de faire de l’exercice physique trois fois par semaine, comme de la marche.
Étant donné qu’il existe plusieurs formes du SOPK, j’effectue régulièrement des recherches afin d’en savoir plus sur la maladie. J’ai pu découvrir plusieurs créatrices de contenus qui offrent des conseils pratiques pour toutes les personnes atteintes du SOPK. Malgré le fait que la maladie soit répandue, je me rends compte que peu de personnes savent ce qu’elle implique réellement. Pour ceux et celles qui se reconnaissent dans cet écrit, je vous encourage de vous renseigner sur le sujet et d’en parler à un.e professionnel.le. Le parcours est tumultueux, mais les résultats en valent la peine !