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Un collectif révélateur de la frustration ambiante

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7 mars 2020

Crédit visuel : Maxime Lê

Par Miléna Frachebois – Journaliste

La santé mentale est au coeur des discussions à l’Université d’Ottawa (U d’O). À la suite des polémiques à ce sujet, le Collectif pour la santé mentale de l’U d’O a été créé afin de solliciter des services pour santé mentale de meilleure qualité. La Rotonde s’est entretenue avec l’un de ses membres fondateurs. 

La Rotonde (LR) : Pouvez-vous vous présenter ?

Maxime Lê (ML) : Je m’appelle Maxime Lê, j’ai 23 ans, je suis en deuxième année de maîtrise en communication organisationnelle avec une spécialisation en sciences, société et politique publique. J’ai un bac en sciences interdisciplinaires de la santé de l’U d’O, depuis 2018.

Je suis l’un des co-fondateurs du Collectif pour la santé mentale de l’U d’O. Les autres sont Nickolas Eburne, Laura O’Connor et Angela Toubis.

LR : Qu’est-ce que le Collectif pour la santé mentale de l’U d’O ?


ML : [Il s’agit d’]un regroupement, par et pour les étudiant.e.s, qui cherche à mettre en lumière l’enjeu qui mérite d’être exploré davantage et qui a un profond impact sur tout le monde : la santé mentale.

Dans cette fonction, ses membres partagent, au sein d’un groupe Facebook, des ressources qui aident les personnes à réduire leur stress, des événements qui font la promotion de la santé mentale, des manifestations, etc. Le groupe compte près de 1 000 membres.

LR : Quand et pourquoi avez vous créé ce collectif ? 


ML : Nous avons créé ce groupe de façon impromptue pour démontrer la solidarité étudiante et la frustration de cette dernière envers l’état de la santé mentale sur le campus, qui a mené à quatre suicides cette année-là. Nous sommes à cinq décès, en 10 mois, maintenant. Le groupe a été fondé mi-décembre 2019.

LR : Quelles sont vos actions ? Comment pensez-vous que cela aide la santé mentale sur le campus ?


ML : Nous militons activement pour qu’il y ait de l’attention et de l’action de la part de l’administration sur la santé mentale. Un exemple de […] petites victoires est lorsque nous nous sommes cité.e.s dans les médias.

À la suite de nombreuses entrevues, c’est en revenant du congé des fêtes que le recteur, Jacques Frémont, a annoncé qu’il y aura des services de counselling disponibles 24h/7.

Autrement, nous avons fait des manifestations afin de pouvoir avoir des rencontres avec des administrateurs de l’Université. Ça prend du temps mais nous les aurons. Je ferai aussi parti du Comité consultatif sur la santé mentale et le bien-être du Président.

LR : Qu’est ce que vous déplorez le plus concernant la santé mentale sur le campus ?


ML : Le manque de communication, de transparence et d’éducation quant à la santé mentale, à savoir, la connaissance de la santé mentale du personnel et des professeur.e.s.

Par exemple, […] il n’y a pas un endroit central où les étudiant.e.s peuvent prendre connaissance de tous les types de services disponibles.

Il y a aussi un gros manque de personnel qualifié qui serait représentatif du corps étudiant [francophone, premières-nations, LGBTQ+, etc.].

LR : Quelles sont vos suggestions en ce qui concerne la santé mentale à l’U d’O ?


ML : Nous avons trois suggestions principales : organiser plus de séances de discussions où les étudiant.e.s peuvent se faire entendre, financer l’embauche de professionnel.le.s de la santé mentale qui sont représentatifs de la diversité de la communauté étudiante, organiser des séances d’information et d’éducation pour le personnel administratif et le corps professoral afin d’augmenter les connaissances sur la santé mentale […], et vers où les diriger pour aller chercher de l’aide.

LR : Vous avez organisé une conférence à Toronto. Comment avez-vous récolté les ressources pour vous y rendre ? Quel impact pensez-vous que cela va avoir sur la communauté étudiante ?


ML : Effectivement, nous organisons, en collaboration avec l’Université de Toronto (U de T), un espèce de sommet sur la santé mentale au post-secondaire provincial au campus […] de l’U de T.

L’objectif du sommet est d’encourager le réseautage d’étudiant.e.s, de partout en province, afin de pouvoir partager les expériences que nous avons quant à la santé mentale, sur nos campus respectifs.

Ici, nous développerons des plans d’action, et nous partagerons des idées et des histoires d’horreurs ou de succès sur nos situations. Le sommet se tiendra le  samedi et le dimanche 15 mars 2020. Nous avons financé le sommet en recevant des bourses d’organismes communautaires tantôt à Ottawa, tantôt à Toronto.

L’un des impacts immédiats que je verrais pour la communauté étudiante est l’opportunité de partager les [meilleures pratiques] de chaque campus et de tenter de les répliquer chez nous.

LR : Pourquoi promouvoir un meilleur service de santé mentale sur le campus et à travers les communautés étudiantes vous tient à coeur ?


ML : C’est en 2016 que j’ai initialement fait circuler une pétition pour améliorer les temps d’attentes pour les services de santé mentale sur le campus [alors] qu’il y avait des décès. Je l’ai fermée à quelques 600 signatures et cela était assez convaincant pour l’administration. Ils ont décidé d’embaucher deux autres conseillers.

Cependant, en 2019, comme je l’ai évoqué, les décès m’ont motivé pour rouvrir la pétition et co-fonder le Collectif pour la santé mentale de l’U d’O.

L’une des choses que j’aime bien de notre communauté étudiante c’est qu’elle est très solidaire. Nous avons besoin de nous entraider afin de réussir notre parcours à l’Université. Mais si une seule personne n’était pas capable de trouver de l’aide quand elle en avait besoin, la communauté étudiante entière vit le deuil.

L’Université [se doit de] représenter les meilleurs moments de notre vie avant que l’on entre sur le marché du travail. Donc, c’est notre responsabilité collective, tantôt des étudiant.e.s, tantôt de l’administration, de s’assurer que l’on peut tou.te.s atteindre notre plein potentiel, entouré.e.s de personnes que l’on aime et qui nous aiment.

On ne peut faire cela si notre santé mentale souffre et, nécessairement, les services de santé mentale doivent être adéquats et rapides pour que l’on puisse être en meilleur santé.

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