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Conférence : l’intelligence artificielle, le futur du milieu académique ?

Daphnée-Maude Larose
6 octobre 2023

Crédit visuel : Nisrine Abou Abdellah — Directrice Artistique

Article rédigé par Daphnée-Maude Larose — Journaliste

Le 28 septembre dernier, la Faculté d’éducation tenait une conférence sur l’intelligence artificielle (IA) au pavillon Lamoureux de l’Université d’Ottawa (l’U d’O). L’objectif était de permettre à l’auditoire d’en apprendre davantage sur le rôle de l’IA ainsi que sur les enjeux qui l’entourent. Chercheur.e.s et étudiant.e.s de tous niveaux étaient invité.e.s à y assister.

Depuis son avènement, le discours entourant l’IA en éducation est assez défavorable. Il est souvent question des impacts négatifs que cette technologie pourrait avoir sur les étudiant.e.s, leurs apprentissages et leurs travaux scolaires. En revanche, de nouveaux outils issus de l’IA se développent de plus en plus, et ils sont bénéfiques autant pour les professeur.e.s que pour les étudiant.e.s selon Banafsheh Karamifar, analyste principale en recherche stratégique et évaluation des impacts en enseignement supérieur.

Les impacts de l’IA sur les études supérieures

Shaily Gebethner, doctorante à la Faculté d’éducation, présentait la première étude, qui est une revue de la portée de l’impact de l’IA sur l’enseignement supérieur. Il était question de « fournir une vue d’ensemble approfondie de l’état actuel de l’IA dans l’enseignement supérieur et d’évaluer sa contribution à l’amélioration de l’apprentissage  », affirmait-elle.

Une amélioration de l’engagement et de la personnalisation de l’apprentissage est un des impacts de l’IA que soulignait Abigail Manu, doctorante à la Faculté d’éducation. Elle partageait que l’apprentissage sur mesure traite les forces et les faiblesses de chacun.e. Cette adaptation aux préférences entraîne un niveau d’engagement plus élevé, expliquait la doctorante. Elle a ajouté que « des retours lors de moments clés jouent un rôle crucial dans le processus d’apprentissage » et que l’IA permet des rétroactions automatisées. Ces pratiques provoquent une meilleure rétention des informations en plus de résultats académiques améliorés, selon Manu.

Cette dernière poursuivait en énumérant les défis attachés à l’IA. Elle abordait les questions de tricherie en éducation. C’est un enjeu d’ampleur, à un tel point que deux entreprises ont développé un outil qui détecte le plagiat dont la source est l’IA. La doctorante énonçait qu’« il est aussi question de préoccupations éthiques concernant la vie privée des données ». Cette technologie nécessite une grande quantité de données pour fonctionner et étant donné qu’elle est récente, elle est très peu régulée ou surveillée.

L’éducation est-elle avantagée par l’IA ?

Banafsheh Karamifar présentait son étude sur l’évaluation des systèmes d’apprentissage adaptatifs qui seraient améliorés par l’IA. Elle définissait ces systèmes comme « un programme informatique pour l’enseignement et l’apprentissage » qui permet un tutorat, une analyse, une adaptation et une réponse spécialisée à l’étudiant.e. Des exemples de cette technologie sont Ametros et AcaWriter.

Ces programmes adaptatifs présentent des avantages pour tou.te.s, selon Karamifar. Pour les étudiant.e.s, il s’agit d’une éducation de meilleure qualité, puisque l’outil est adapté à leurs besoins, rapportait l’analyste. En effet, elle soulignait que cette technologie créerait un engagement et une mémorisation bonifiés, en plus de réduire les chances d’échec. Pour les éducateur.ice.s, ces systèmes permettraient de réduire le temps passé à effectuer des tâches répétitives telles que la préparation des cours et des évaluations, énonçait Banafsheh. En ce sens, l’IA pourrait servir d’assistante aux professeur.e.s.

La présentatrice a admis qu’il y a des écarts entre les attentes et la réalité. Souvent, « les articles ne mentionnent pas tout le temps qui est nécessaire pour créer le contenu d’enseignement et d’apprentissage adaptatif », expliquait-elle. Elle poursuivait que ces systèmes nécessitent des techniques complexes et beaucoup d’efforts de la part de différent.e.s expert.e.s, mais qu’il y a un manque de participation de ces derniers.

« L’impact de ce système sur l’apprentissage est encore incertain, seulement un petit nombre de recherches et d’évaluations ont été effectuées », a constaté Banafsheh. Cette dernière précisait que les conséquences sont nuancées, et que de meilleurs résultats sont montrés dans des matières plus définies tels que les mathématiques. L’analyse montrait aussi que les décisions prises par les systèmes d’apprentissage adaptatif reposent sur des moyennes : elles ne sont pas réellement personnalisées. Cet outil ne peut donc pas être adéquat pour les étudiant.e.s atypiques, indiquait-elle. La présentatrice rappelait qu’« il y a une tension entre l’intelligence artificielle et les théories éducatives modernes ».

Ces systèmes éducatifs basés sur l’IA sont encore en développement d’après Karamifar, mais ils pourraient être la réponse à de nombreux problèmes d’éducation dans le futur. Ces technologies d’apprentissage répondraient à un des objectifs du développement durable de l’UNESCO : l’IA donnerait des outils aux pays où l’enseignement manque de ressources.

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