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Arts et culture

Donner une seconde vie à ses habits

Mabinty Toure
7 février 2023

Crédit visuel : Pixabay

Article rédigé par Mabinty Toure — Journaliste

Un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), intitulé « Mettre un frein à la fast fashion », énonce que l’équivalent d’un camion poubelle rempli de vêtements est brûlé ou déversé dans une décharge chaque seconde. Le 2 février dernier, le Centre de santé et mieux-être a invité les étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa (U d’O) à participer à son atelier Projet haute couture (durable) faisant la promotion de la mode éthique afin de protéger l’environnement.

Projet haute couture durable

Avery Bird est responsable de l’équipe de santé de la population et membre de l’équipe générale de promotion de la santé pour le Centre de santé et mieux-être étudiant. Elle indique que l’atelier avait pour but de fournir à la population étudiante des idées pour aider à la durabilité et à la lutte contre le changement climatique, et ce à travers la mode. Elle souligne que l’un des plus grands facteurs de pollution est la consommation de vêtements. Par conséquent, penser à la durabilité de nos vêtements s’inscrit dans un cadre plus large de protection de l’environnement. Pour elle, cet atelier propose des idées originales pour apprendre comment donner soi-même de nouvelles vies à des habits, sans les jeter.

Pour les membres de l’équipe générale de promotion de la santé de l’U d’O, il était important que cet événement soit accessible à tou.te.s les étudiant.e.s. Le Centre de mieux-être a collaboré avec la Gratuiterie afin de fournir des vêtements aux étudiant.e.s qui n’en auraient pas emmené et a mis à disposition tout le matériel nécessaire à la personnalisation des habits.

Bird déplore que la fast fashion produise des vêtements en masse et de façon préjudiciables à notre environnement. À travers la participation des étudiant.e.s à cet événement, elle cherchait à les encourager à être responsables dans leurs achats de vêtements : « certains vêtements sont peut-être plus chers, mais si vous investissez dans ces vêtements et en prenez soin, ils dureront plus longtemps. La mode durable consiste à être conscients de ce qui se passe et ce que l’on achète, et à ne pas faire d’achats impulsifs ». Pour une de ses collègues présentes à l’événement, ce comportement s’applique aussi aux manuels universitaires, afin d’éviter de les jeter pour leur donner une longue vie. Bird finit en affirmant : « Bien que nous promouvons cet événement comme étant amusant et relaxant, nous espérons que les étudiants en sortiront plus conscients et mieux éduqués ».

Empreinte écologique de la mode

Selon un article du Geneva Environment Network au sujet de la durabilité environnementale dans l’industrie de la mode, la production de vêtements représente 10 % des émissions de carbone de l’humanité, assèche les sources d’eau et pollue les rivières et les cours d’eau. De la même façon, un rapport de l’UNECE explique que 85 % de tous les textiles partent à la décharge chaque année, et que le lavage de certains types de vêtements envoie une quantité importante de microplastiques dans l’océan.

Le PNUE signale qu’en 2018, le secteur de la mode était  responsable de 8 à 10 % des émissions de carbone de l’humanité, soit plus que la navigation maritime et tous les vols internationaux réunis. Selon la fondation Ellen MacArthur, 500 000 tonnes de microfibres sont rejetées dans l’océan chaque année par le lavage des vêtements — l’équivalent de 50 milliards de bouteilles en plastique. La fondation ajoute que si le secteur de la mode continue sur sa trajectoire actuelle, cette part du budget carbone pourrait bondir à 26 % d’ici 2050.

Les friperies : une alternative

Gabrielle-Anne Wong, étudiante de premier cycle en communication et science politique à l’U d’O, présente une alternative pour contourner la fast fashion : le thrifting. Les friperies fournissent à leurs client.e.s des vêtements de seconde main à un prix attractif. Aujourd’hui, Wong commente que cette pratique est devenue une manière pour elle de passer du temps avec ses ami.e.s. Elle raconte que « faire les friperies, en plus d’être le fun, ça nous permet de trouver du linge original, plus beau aussi. En plus, on peut trouver des affaires pour la maison ».

Wong assure que les vêtements que l’on peut trouver sont de bonne qualité. Comme le personnel du Centre du mieux-être, elle considère que la mode éthique consiste à rester informé.e sur les vêtements que l’on achète et leur processus de production.

Cependant, Wong évoque quelques limites au thrifting. Par exemple, elle explique qu’« il y a des personnes qui achètent plusieurs habits dans des friperies pour les revendre beaucoup plus cher après », ce qui mène à une montée des prix. Un article du journal Vox Media discute des conséquences de ce type de comportements : il explique que « les acheteurs à faible revenu pourraient se voir refuser l’accès aux friperies de leur région, et les consommateurs de grande taille, qui ont déjà du mal à trouver des vêtements sur le marché de l’occasion, pourraient se retrouver avec moins d’options ».

Pour l’étudiante, la pratique du thrifting n’est pas accessible pour tout le monde. Elle rappelle par exemple qu’il y a des personnes à mobilité réduite qui ne peuvent pas se permettre de rester debout et de chercher pendant des heures pour trouver la pièce parfaite. De plus, elle ajoute qu’il existe des cas où une personne est obligée d’acheter des articles dans de grands magasins. L’U d’O proposera une nouvelle édition du Projet haute couture (durable) le 15 mars prochain, de 13 à 14 heures.

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