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Éditorial

Faire le ménage de l’actualité

Rédaction
16 octobre 2023

Crédit visuel : Nisrine Abou Abdellah — Directrice Artistique

Éditorial rédigé par le comité de rédaction de La Rotonde

Nous faisons face à une accélération dans le traitement et la production de l’information. Tous les jours, de nouveaux conflits, débats et polémiques, nous demandent de savoir naviguer la surabondance d’informations que nous recevons tout en partageant immédiatement nos opinions sur les sujets. Cela ouvre donc la porte à plusieurs questions : comment pouvons-nous trier les informations ? Dans quelles mesures est-il possible de former son opinion lorsque nous sommes entouré.e.s d’extrêmes ?

Avant de discuter de nos habitudes quant au traitement des informations, ainsi que de différents outils pour construire notre esprit critique, il faut d’abord comprendre comment notre cerveau analyse l’information. Cela se fait en prenant en compte nos différents biais. Bien que ceux-ci puissent provenir de notre éducation, de notre famille, du statut social et d’autres critères, il existe d’autres types de biais inhérents.

Considérons, notamment, le biais émotionnel, le biais de confirmation et le biais de l’autorité. Ceux-ci expliquent pourquoi notre cerveau traite des informations en fonction de nos émotions, soit en cherchant des données qui renforcent nos croyances. Garder en tête ces biais pendant la lecture nous permet donc de traiter les informations avec plus de prudence.

Guide de tri de l’information

Naviguer la grande quantité de nouvelles que nous trouvons en ligne, c’est se demander d’abord : quelle est leur source ? En effet, les réseaux sociaux sont des arènes publiques où chacun.e partage ses opinions. Non seulement nous énonçons nos avis, mais nous « re-partageons » aussi les informations de comptes que l’on suit, qui vont porter sur certaines situations de conflits, ou même des polémiques. Ces derniers ne sont souvent pas des comptes certifiés, malgré leur grand nombre d’abonné.e.s. La loi C-18 n’a fait qu’aggraver la situation en rendant invisibles les médias traditionnels à leur profit.

D’où l’importance accrue de privilégier des comptes qui présentent leurs sources et qui mettent en avant des opinions de plusieurs expert.e.s ! Multiplier les sources d’informations sur un même sujet permet d’acquérir une compréhension plus complète d’une situation. S’informer sur le conflit entre la Palestine et Israël nous oblige donc, en plus des informations que l’on trouve sur les réseaux sociaux, de lire des articles journalistiques, d’écouter des témoignages, ou encore des vidéos informatives portant sur le sujet.

Il est aussi essentiel d’analyser les tactiques que vont utiliser les médias traditionnels, mais aussi tous les médias qui partagent l’actualité. Quel est le but derrière leur partage de l’information ? Sont-ils affiliés à des gouvernements ? Comment ont-ils traité les informations précédemment ? Suivent-ils toujours un certain angle dans leur interprétation des événements ? La neutralité est un concept relatif, et ceux.celles que l’on pense être neutres peuvent souvent implicitement ou explicitement inclure leurs opinions dans le partage de nouvelles. Les informations passent presque toujours par un.e intermédiaire qui impose consciemment ou inconsciemment ses préjugés lors de leur transmission.

Nous assistons aussi à une marchandisation de l’information qui mise sur les émotions, en utilisant des titres sensationnels, des images bouleversantes et des déclarations choquantes. Cela devrait donc nous encourager à développer parallèlement une conscience émotionnelle lorsque nous consommons notre information.

Nous l’avons déjà mentionné dans notre éditorial sur l’impact de la loi C-18, mais il est temps de nous tourner vers d’autres sources de nouvelles. Retourner au journalisme écrit, dont la forme permet la production de nouvelles plus recherchées et, dans certains cas, plus fiables, pourrait être une bonne solution.

Développer ses opinions à l’aide de l’esprit critique

Somme toute, ce qui est au cœur de cette discussion sur notre traitement de l’information, est la responsabilité que nous avons lorsqu’on partage des informations à nos proches et à nos collègues. L’impact de ce partage est mutuel, car nous influençons leur perspective, et eux.elles influencent la nôtre. On ne pourrait pas discuter des outils pour discerner la désinformation sans mettre en avant le rôle essentiel de l’esprit critique.

Celui-ci s’aiguise dès le plus jeune âge, en observant les discussions des adultes autour de nous et surtout à l’école. Développer son esprit critique permet bien plus que la prise de position : il invite à se questionner et à analyser les informations que nous recevons, et aide donc à discerner les nouvelles fiables du « fake news ».

Il se développe avec le temps ; il s’agit d’un muscle qui se travaille constamment. Il peut être enseigné, comme le fait de nombreux systèmes éducatifs, à travers des classes d’éducation civique et morale, comme prévoit le faire le Québec d’ici 2024. Cependant, il se crée surtout grâce à la confrontation des opinions et en étant exposé à une variété de perspectives.

La pensée critique est un exercice dynamique et dialectique que l’on fait sans même s’en rendre compte en discutant de nos idées avec les autres. En revanche, ce qui peut réellement la faire avancer, c’est une prise de conscience du travail que ce « muscle » requiert pour se développer.

Il faut donc exercer son esprit critique en tout temps, et se méfier de nos propres intuitions. Nous vous invitons donc à questionner ce que vous lisez présentement, à vérifier nos sources et à examiner les points de vue présentés.

En plus de reconnaitre notre responsabilité à tous.tes dans la propagation de l’information, nous espérons que cette discussion sert d’outil pour s’assurer que nous recevons et lisons de l’information vérifiée et fiable.

Le but, après tout, n’est pas la quantité d’information que nous consommons, mais plutôt la qualité !

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