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Le SÉUO réagit à la nomination de la nouvelle rectrice de l’Université d’Ottawa

Sandra Uhlrich et Sarah Matmata
23 juin 2025

Crédit visuel (photo) : Jessica Malutama – Co-rédactrice en chef  

Entrevue réalisée par Sandra Uhlrich et Sarah Matmata — Journalistes

Pour une première fois depuis sa création en 1848, l’Université d’Ottawa (U d’O) accueillera une femme à sa tête. Juriste de formation et ex-doyenne de la Faculté de droit civil, Marie-Ève Sylvestre prendra les rênes du rectorat dès le 1er juillet. Dans un entretien accordé à La Rotonde, le président du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO), Jack Coen, partage les attentes portées par le SÉUO envers la nouvelle administration. 

La Rotonde (LR) : Quelles sont vos premières impressions à la suite de cette annonce ?

Jack Coen (JC) : En tant que syndicat, nous félicitons la rectrice Sylvestre pour sa nomination, ainsi que pour l’exploit remarquable d’être la première femme à assumer cette fonction à l’U d’O. Elle a de l’expertise, un réseau académique et une carrière centrée sur les droits humains. Son travail et ses recherches portent sur des dossiers que le syndicat considère comme prioritaires, notamment le soutien pour les personnes sans domicile fixe.

On veut remercier le recteur Jacques Frémont pour son appui à certaines initiatives clés du SÉUO, entre autres dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et l’opposition à l’augmentation illégale du programme U-Pass. Cela étant dit, certains dossiers n’ont pas progressé comme espéré sous la dernière administration, notamment le mouvement visant à retirer la Banque royale du Canada (RBC) du campus, la question des investissements éthiques et la mise en oeuvre d’un programme Scholars at Risk (SAR) pour les étudiant.e.s à Gaza. 

On se prépare avec notre équipe de revendication pour faire de notre mieux afin que certaines initiatives, discussions et promesses ne tombent pas dans l’oubli pendant cette transition. J’espère que, grâce à nos valeurs semblables, nous pourrons avoir une meilleure collaboration, par exemple dans le cadre de la libération de la Palestine

LR : Sylvestre a déjà communiqué ses priorités clés, soit renforcer les liens avec la communauté, faire rayonner la francophonie  et soutenir le développement durable des savoirs et des langues autochtones. Pensez-vous que ces dernières correspondent aux besoins des étudiant.e.s ?

JC : Ce sont absolument des priorités pour le SÉUO et on est aussi content.e.s de voir que l’Université les partage. Concernant la francophonie, je pense que l’on peut constater qu’il existe beaucoup de divisions sur notre campus. On aime dire qu’on est la plus grande université bilingue anglais-français au monde, et c’est vrai, mais dans plusieurs programmes, il est presqu’impossible de recevoir son diplôme en ne prenant que des cours en français lors des quatre années de baccalauréat. 

La sélection est plus limitée, comparée aux cours offerts en anglais. C’est certainement un grand problème sur notre campus et on est content d’apprendre qu’il s’agit d’une priorité pour la rectrice Sylvestre. 

Quant au soutien pour nos étudiant.e.s autochtones sur notre campus, je suis certain qu’il va y avoir plusieurs concertations nécessaires et utiles entre l’Association des étudiant(e)s autochtones (AÉA) et le nouveau Conseil d’administration de l’Université, notamment en ce qui a trait aux promesses faites et aux discussions entamées l’année dernière. Mais il y a beaucoup d’autres enjeux comme le coût de la vie, l’accès au logement et les frais de scolarité qui devront être pris en compte. 

LR :  En tant que nouveau président du SÉUO, comment voulez-vous engager la collaboration avec l’administration centrale ?  

JC : Je pense qu’en tant que syndicat, c’est notre rôle de faire des critiques à l’Université parce qu’elle n’est pas toujours présente là où sont les besoins les plus pressants. Cela dit, quand ça vient aux idées, aux valeurs, je reste confiant. Il est important qu’il y ait une volonté commune de créer des espaces sains où les étudiant.e.s se sentent à l’aise de faire des revendications sur notre campus, parce qu’il est essentiel qu’ils.elles sachent qu’ils.elles ont le droit et le pouvoir de faire entendre leurs voix. Notre rôle en tant que syndicat est d’amplifier ces voix et de s’assurer que l’université entende les préoccupations des étudiant.e.s et des activistes sur notre campus   

LR : Avez-vous des attentes concrètes envers la nouvelle administration ? 

JC : Oui, absolument. Premièrement, les frais de scolarité, les frais de retard pour les examens et les frais de changement de programme. Il est clair qu’ils.elles cherchent des moyens et des loopholes pour augmenter les frais des étudiant.e.s. Il faut qu’ils.elles sachent que le syndicat et nos étudiant.e.s ne supportent pas du tout cela et on veut que ça cesse dans l’année scolaire 2025-2026. 

Deuxièmement, le programme SAR. L’été dernier, dans leurs négociations avec le campement, l’administration de l’U d’O a formulé la volonté de faire ce programme où deux douzaines d’étudiant.e.s de Gaza, qui sont victimes du génocide actuel, pourraient recevoir le soutien de notre université pour payer leur logement et être transféré.e.s à Ottawa afin de pouvoir continuer leur éducation en paix. 

L’Université a été claire en disant qu’elle a le pouvoir et les ressources pour mettre en place cette initiative. Même si les négociations avec le campement demeurent aujourd’hui sans un accord, si elle a les moyens d’agir, de sauver des vies, d’aider ces étudiant.e.s menacé.e.s par un génocide, ne pas le faire, je trouve que c’est une vraie faute institutionnelle et morale. 

Mettre la pression cette année sur l’administration pour qu’ils.elles mettent en place ce programme, c’est une grande priorité pour moi et pour notre excellente commissaire à la revendication, Alex Stratas.  

Troisièmement, c’est RBC, hors du campus. Leur bail viendra à échéance en 2026 et l’Université va rouvrir une négociation avec la banque pour voir si elle reviendra sur le campus. Nous avons été très clair.e.s à ce sujet : sous aucune condition nous n’allons soutenir ou penser qu’il est acceptable que l’Université renouvelle ce bail. 

Cet espace doit être remis aux étudiant.e.s qui veulent y voir des espaces sociaux et mettre en place des programmes pour les produits alimentaires abordables. 

RBC est le plus grand investisseur dans les combustibles fossiles au monde. Ce n’est pas acceptable. Si la rectrice Sylvestre nous fait une promesse que RBC ne sera pas de retour, le Syndicat le verra comme un symbole fort montrant qu’on peut avoir de bonnes collaborations avec l’administration centrale.  

LR : Sylvestre prend poste le 1er juillet. En date du 31 décembre 2025, quels seraient les changements concrets que le SÉUO souhaiterait voir sur le campus ? 

JC : D’ici le 31 décembre 2025, on veut obtenir une promesse concrète selon laquelle RBC ne sera pas de retour en 2026-2027. Concernant, la construction de plus de logements abordables sur le campus, nous savons que des projets sont en cours, mais ils.elles parlent de 2029, 2030, ce qui est encore loin dans l’avenir. 

S’ils.elles veulent que ce projet voie le jour à ce moment-là, il faut que ça commence maintenant. C’est un grand projet qui demande beaucoup d’efforts. Le SÉUO est là et on veut aider, on veut participer et mettre en œuvre nos ressources pour faire en sorte que ces plans deviennent une réalité. D’ici décembre, nous aimerions savoir qu’il y a eu du progrès, que ces conversations existent, que les projets, les programmes et les comités nécessaires seront mis en place.

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