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L’ÉSAPI conseille la politique étrangère canadienne sur le climat

Marina Toure
24 novembre 2022

Crédit visuel : Pexels

Article rédigé par Marina Toure – Cheffe du pupitre Actualités

L’École supérieure des affaires publiques et internationales (ESAPI) a publié au début du mois de novembre un rapport dirigé et rédigé par Patricia Fuller et six autres professeur.e.s en résidence à l’Université d’Ottawa (U d’O). Ce rapport fait état de la place des mesures sur le changement climatique au sein de la politique internationale au Canada. Il présente cinq recommandations afin d’aider à l’intégration totale des mesures pour lutter contre les changements climatiques dans tous les domaines de la politique étrangère du Canada.

Le ministère des Affaires étrangères (Affaires mondiales Canada) réalise une étude de la diplomatie canadienne dans un programme nommé « le futur de la diplomatie au Canada ». C’est ce programme qui a inspiré Patricia Fuller, professeure en résidence à l’ESAPI, à rédiger un rapport. Fuller, qui a été diplomate et a travaillé au gouvernement, et Kerry Buck, professeure en résidence à l’U d’O, ancienne diplomate et rédactrice du rapport, considèrent qu’il est essentiel de mettre en avant la politique climatique dans la diplomatie canadienne.

Changement climatique et politique internationale

Il faut intégrer la politique climatique dans tous les domaines de la politique étrangère au Canada, mentionnent Buck et Fuller. En effet, les changements climatiques nous affectent bien plus qu’on ne peut le voir, poursuit Fuller. Puisque le Canada se prépare à accueillir, à Montréal, un centre pour les changements climatiques et la sécurité de l’OTAN, il faut, selon elle, que cela se traduise dans ses actions. Un avis partagé par Buck, qui pense que le Canada présente la problématique climatique comme une priorité, mais que cela ne se voit pas toujours dans ses politiques.

Fuller mentionne également le rôle grandissant du Canada dans l’aide au développement, et surtout dans les pays qui souffrent le plus des changements climatiques. Pour elle, il faut comprendre l’impact des migrations climatiques et faire en sorte que les diplomates le portent dans les accords bilatéraux et multilatéraux. C’est un effort que l’on retrouve cette année à la COP 27, selon Buck, qui mentionne que le Canada reste un leader de pensée pour les changements climatiques et que cela s’est traduit lors de la Conférence tenue au Caire.

Cette idée est également partagée par Fuller. Plusieurs manifestations d’organisations comme Équiterre et d’autres groupes activistes dénonçaient le fait que des entreprises pétrolières participent à la COP 27, alors que l’événement leur était dédié. Cependant, pour Fuller, il est essentiel que les sociétés soient incluses dans les discussions sur les changements climatiques. C’est selon elle le meilleur moyen pour que ces entreprises écoutent les activistes et se préparent à une véritable transition. « Les mettre de côté, et leur faire avoir leurs propres conversations n’aiderait pas », exprime la professeure.

Ceci est un autre exemple de l’importance de former les diplomates ainsi que le gouvernement pour lutter contre les changements climatiques, énonce Fuller. C’est le rôle de la deuxième partie du rapport, qui présente des recommandations à Affaires mondiales Canada.

Comment mettre en place les changements ?

Selon Fuller et Buck, la recommandation la plus importante du rapport repose sur la priorisation de la politique climatique dans la politique internationale. Il faudrait que cette priorité soit intégrée dans tous les domaines, comme la diplomatie et le commerce international. Fuller explique qu’il existait une division climatique, qui a dû être fermée en raison de coupures budgétaires, mais qui devrait être introduite de nouveau au sein d’Affaires mondiales Canada. Buck revient sur le rôle de la collaboration entre le ministère de l’Environnement et celui des affaires étrangères : selon elle, il est important qu’il y ait plus de cohérence dans les actions des deux ministères, car actuellement « il manque un lien de cohésion important ».

Fuller aimerait que les lecteur.ice.s du rapport retiennent le rôle important que les changements climatiques jouent dans les relations internationales. Pour elle, les étudiant.e.s ne comprennent pas toujours que cet enjeu est central au sein des relations internationales. Parmi les autres recommandations du rapport, on retrouve la création d’un réseau de toutes les missions à l’étranger afin que toutes portent le message de la lutte contre les changements climatiques, ou encore la coopération internationale intense entre tous les partenaires du Canada.

Buck conclut en rappelant l’urgence de mettre en place ces recommandations et les changements demandés. « Il y a du travail à faire », le changement climatique ne s’arrête pas et n’attend pas, insiste-t-elle. Il faut selon elle mettre en place les changements nécessaires dans la politique étrangère le plus tôt possible. Fuller rappelle que l’on voit déjà les effets de la crise climatique au Canada : incendies, inondations, vagues de chaleur, et de plus grandes catastrophes encore dans d’autres pays. Pour les deux professeures, le rapport est un pas sur le chemin du changement qui est nécessaire à l’échelle du Canada.

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